Nétanyahou défend devant le Congrès américain la guerre dans la bande de Gaza

Ellen Knickmeyer, Farnoush Amiri et Ashraf Khalil, The Associated Press
Nétanyahou défend devant le Congrès américain la guerre dans la bande de Gaza

Le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, a défendu mercredi la guerre israélienne dans la bande de Gaza et a condamné les manifestants propalestiniens américains, dans un discours cinglant devant le Congrès, qui a déclenché le boycottage de nombreux élus démocrates de premier plan et attiré des milliers de personnes au Capitole pour condamner la guerre et la crise humanitaire qu’elle a provoquée.

M. Nétanyahou a promis de poursuivre cette guerre jusqu’à une «victoire totale», alors que certains espéraient que cette visite du dirigeant israélien aux États-Unis pourrait faire progresser les négociations vers un cessez-le-feu et la libération des otages.

S’exprimant sous les applaudissements de certains élus alors que d’autres restaient de marbre, M. Nétanyahou a cherché à renforcer le soutien des États-Unis à la lutte de son pays contre le Hamas et d’autres groupes armés soutenus par l’Iran.

«L’Amérique et Israël doivent être solidaires. Lorsque nous sommes unis, quelque chose de très simple se produit: nous gagnons, ils perdent», a déclaré le premier ministre, qui portait une épinglette jaune exprimant sa solidarité avec les otages israéliens détenus par le Hamas.

Mais le dirigeant israélien a rapidement adopté un ton plus sombre en se moquant de ceux qui protestent sur les campus universitaires et ailleurs aux États-Unis, en désignant les manifestations qui se déroulaient dans les rues à l’extérieur du Capitole. Il a qualifié les manifestants d’«idiots utiles» pour les adversaires d’Israël.

M. Nétanyahou a suscité des applaudissements de la part de nombreux membres du Congrès, mais aussi le silence sombre de la part des principaux démocrates, qui ont refusé de se lever et de l’acclamer.

D’anciens otages libérés du Hamas et des proches étaient présents en Chambre pour entendre M. Nétanyahou. Les élus des deux partis se sont levés pour applaudir le dirigeant israélien dans les moments moins controversés de son discours. Des agents de sécurité ont escorté des manifestants qui se trouvaient dans la galerie et qui se sont levés pour exhiber des T-shirts avec des slogans exigeant que les dirigeants concluent un accord mettant fin au conflit et libérant les otages.

M. Nétanyahou a accusé les nombreux manifestants aux États-Unis de se tenir aux côtés des militants qui, selon lui, ont tué des bébés lors de l’attaque du Hamas le 7 octobre. «Ces manifestants qui sont à leurs côtés devraient avoir honte d’eux-mêmes», a-t-il lancé.

Éloge de Biden et de Trump

Le premier ministre, qui est fréquemment accusé de s’immiscer dans la politique américaine en faveur des causes conservatrices et républicaines, a commencé son discours en faisant l’éloge du président Joe Biden. Mais il a ensuite fait l’éloge de l’ancien président et actuel candidat à la présidence Donald Trump, «pour tout ce qu’il a fait pour Israël».

Alors que les critiques à son encontre se multiplient également en Israël, M. Nétanyahou cherchait à se présenter comme un homme d’État respecté par le plus important allié d’Israël. Cette tâche est compliquée par les opinions de plus en plus divisées des Américains sur Israël et la guerre, qui est devenue une question clé lors de l’élection présidentielle américaine.

De hautes barrières en acier encerclaient le Capitole mercredi, et la police a déployé du gaz poivré alors que des milliers de manifestants se rassemblaient, dénonçant M. Nétanyahou comme un «criminel de guerre» et appelant à un cessez-le-feu.

M. Nétanyahou a reçu un accueil chaleureux de la part du président de la Chambre, Mike Johnson, et d’autres élus républicains qui avaient organisé son invitation devant les représentants. M. Nétanyahou a reçu une ovation des deux côtés de la Chambre avant de prendre la parole.

M. Nétanyahou est devenu mercredi le premier dirigeant étranger à s’adresser quatre fois à une session conjointe des deux chambres du Congrès, dépassant maintenant Winston Churchill.

Plus de 50 démocrates et le sénateur indépendant Bernie Sanders ont boycotté son discours mercredi. L’absence la plus notable était juste derrière M. Nétanyahou sur la tribune: la vice-présidente américaine, Kamala Harris, qui est présidente du Sénat, avait déclaré qu’un voyage prévu de longue date l’empêchait d’être là.

La suivante dans la hiérarchie démocrate, la sénatrice Patty Murray, de Washington, a refusé d’y assister, de sorte que c’est le sénateur Ben Cardin, président de la commission sénatoriale des relations étrangères, qui a servi de «sénateur pro tempore» à sa place.

La représentante Rashida Tlaib, une démocrate du Michigan qui a de la famille en Cisjordanie, était assise dans la salle avec un keffieh, qu’elle porte souvent, enroulé sur ses épaules. Mme Tlaib a été blâmée l’an dernier par la Chambre pour ses critiques acerbes de la conduite d’Israël dans la guerre.

Les républicains ont déclaré que l’absence de Mme Harris, nouvelle candidate pressentie à la présidence, était un signe de déloyauté envers un allié des États-Unis. Le colistier de Donald Trump, JD Vance, s’est également absenté du discours de M. Nétanyahou, invoquant la nécessité de faire campagne.

Le premier ministre israélien devait rencontrer jeudi le président Joe Biden et Mme Harris, ainsi que M. Trump à Mar-a-Lago vendredi.

De nombreux manifestants, parmi la foule grandissante, ont protesté contre la mort de plus de 39 000 Palestiniens pendant la guerre dans la bande de Gaza. D’autres ont condamné l’incapacité de M. Nétanyahou à libérer les otages israéliens et américains pris par le Hamas et d’autres militants lors de l’attaque du 7 octobre qui a déclenché la guerre.

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