Le député libéral franco-ontarien Francis Drouin ne se représentera pas

Michel Saba, La Presse Canadienne
Le député libéral franco-ontarien Francis Drouin ne se représentera pas

OTTAWA — Le député libéral franco-ontarien Francis Drouin ne sollicitera pas un nouveau mandat lors des prochaines élections générales. Il compte terminer son mandat.

«Ça a été une méchante «ride» de «rollercoaster»», a-t-il résumé jeudi dans une entrevue avec La Presse Canadienne en repensant aux neuf ans depuis son élection en 2015 dans la circonscription de Glengarry—Prescott—Russell, près d’Ottawa.

M. Drouin a expliqué qu’il souhaite désormais se consacrer entièrement à sa famille, ce qui est «difficile à réconcilier» avec le travail particulièrement exigeant de député.

M. Drouin assure que sa décision n’a «absolument aucun rapport» avec le fait d’avoir traité en mars dernier deux témoins militant pour la protection du français de «plein de marde» et qu’il en avait informé le premier ministre et chef libéral Justin Trudeau le 21 mars.

«Quand t’as plus la passion, quand t’as plus la flamme, c’est le temps d’accrocher tes patins», a-t-il expliqué.

Lors de cet échange houleux au comité des langues officielles, les deux témoins avaient expliqué que lorsqu’un francophone ou un allophone fréquente une université ou un cégep anglophone, cela augmente significativement la probabilité de mener sa vie en anglais.

Le député Drouin avait lancé les paroles controversées après leur avoir demandé s’ils croient sincèrement «que le gros problème de l’anglicisation au Québec, c’est McGill et le collège Dawson».

Si la francophonie ontarienne a donné son appui à M. Drouin en le qualifiant d’«allié», il en est allé autrement au Québec. Le gouvernement Legault avait jugé que les troupes de Justin Trudeau ont «un examen de conscience» à faire en refusant de «condamner» ces propos «absolument indignes».

Malgré les excuses, les bloquistes avaient ensuite tenté de le destituer de son poste de président de la section canadienne de l’Assemblée parlementaire de la Francophonie, et par le fait même des mêmes fonctions qu’il occupait à l’international. Des hordes d’élus libéraux, dont bon nombre d’anglophones, ont fait échouer la tentative en devenant membres du groupe pour se porter à sa rescousse.

«Est-ce que j’aurais pu choisir de meilleurs mots en certaines instances, absolument. Je suis loin d’être parfait, mais je n’ai pas de regrets. J’ai donné mon 100 % chaque jour pour ma circonscription et dans des choses que je croyais», dit-il.

En réaction à l’annonce de jeudi, le porte-parole conservateur en matière de langues officielles, Joël Godin, a transmis une lettre à la whip libérale pour réitérer sa demande d’exclure M. Drouin du comité des langues officielles avant la rentrée parlementaire.

Aider les gens, se tenir debout

En entrevue, M. Drouin s’est dit fier d’avoir rapproché la politique fédérale des citoyens qu’il représente. D’ailleurs, a-t-il précisé, bon nombre d’entre eux ont son numéro de cellulaire.

Mais ses grandes fiertés sont d’avoir «aidé les gens» et de s’être «tenu debout».

«Sur la question (de nommer) des juges bilingues, mon gouvernement n’était pas là à ce moment-là, mais je représentais une circonscription francophone. C’était important pour nous autres. Il y avait des lignes dans le sable que je disais: «non, je n’accepte pas votre position, désolé M. le whip, mais je ne suivrai pas la ligne du parti».»

Un autre moment où M. Drouin a brassé la cage libérale a eu lieu en 2023 lorsqu’il s’est porté à la défense du projet de loi sur la modernisation des langues officielles en reprochant à certains de ses propres collègues du «Montreal island» de faire «un «show» de boucane honteux».

Le député reconnaît que les temps sont durs pour les libéraux. «Après neuf ans, l’usure du pouvoir est présente», dit-il, non sans féliciter le chef conservateur Pierre Poilievre d’avoir «réussi» à faire porter le blâme de «tout» sur Justin Trudeau, y compris «la mauvaise température, les longues lignées à l’épicerie».

Selon lui, sa circonscription restera libérale. Qu’en est-il de la bataille nationale. «Une semaine en politique, c’est une éternité. Tout peut changer», répond-il, optimiste.

Lors du dernier scrutin, en 2021, Francis Drouin avait récolté 46,1 % des appuis. La candidate du Parti conservateur du Canada en avait obtenu 33,3 % et celle du Nouveau Parti démocratique 10,7 %.

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