La mairesse a apposé son droit de véto à la résolution portant sur le retour du déneigement à gauche, votée en majorité par les élus lors de la dernière séance du conseil municipal. Une première depuis le début de son mandat. Le dossier fera donc l’objet d’un nouveau vote lors de la prochaine séance publique, prévue le 27 août.
Andrée Bouchard, mairesse de Saint-Jean-sur-Richelieu, n’en démord pas : les élus ont besoin de tous les éléments nécessaires pour évaluer la question de la sécurité qu’amène le déneigement à gauche. « Je fais toujours confiance à l’intelligence collective. J’attendais cet avis juridique [externe], qui ne sera pas nécessairement très différent des autres, car je pense que c’est une question de sécurité publique », explique Andrée Bouchard en entrevue avec Le Canada Français.
Elle explique également son geste par l’absence de Sébastien Gaudette, conseiller de ville pour le district 5 (Saint-Edmond), lors du vote. Patricia Poissant, la conseillère municipale du district 6 (Notre-Dame-de-Lourdes et Saint-Gérard) à l’origine de la résolution, déplore que la mairesse aille « à l’encontre des citoyens qui ne veulent plus du déneigement à droite ». Elle considère toutefois que ce véto n’aura aucun effet. « Le vote restera le même », assure-t-elle.
Plaintes
Claire Charbonneau, conseillère municipale pour le district 11 (Talon – Normandie Est), témoigne du même son de cloche dans son secteur. Elle explique en effet avoir reçu de nombreuses plaintes de ses citoyens quant au déneigement à droite pendant l’hiver 2023-2024, une méthode qu’elle ne considère pas plus sécuritaire. « Si vous mettez un banc de neige là où sont stationnées les autos, le long de l’hôpital et dans les rues alentour, les personnes malades et les employés seront obligés de pelleter pour sortir leur véhicule », explique-t-elle.
Elle cite également les enfants qui sont obligés de marcher sur la chaussée dans les rues où la bordure est désormais recouverte de neige usée, ou qui doivent débarquer de l’autobus dans les bancs de neige.
Risques
« Je le répète, notre préoccupation première est la sécurité », tonne pour sa part Andrée Bouchard. La mairesse avait fait de la sécurité à Saint-Jean son cheval de bataille dès le début de son mandat, comme avec l’adoption du 40 km/h dans certaines rues. Le déneigement à gauche représentait ainsi pour elle un autre enjeu dans ce dossier, qu’elle dit confirmé par plusieurs documents récemment reçus par le conseil de ville.
La mairesse avait en effet commandé un premier avis juridique à l’interne, signé par un avocat. Le document faisait état des risques légaux du déneigement à gauche, une méthode qui concernait 14% du territoire jusqu’à l’hiver 2023-2024.
Un deuxième avis juridique produit par l’Union des municipalités du Québec (UMQ) avait été déposé lors de la séance publique du 16 juillet dernier. Face au scepticisme de certains élus, la mairesse avait finalement commandé un ultime avis juridique, à une firme externe cette fois-ci. De plus, un rapport de la firme Consultneige réalisé par un ingénieur ainsi que plusieurs lettres des Services de police et d’incendie auraient corroboré ces risques, selon Andrée Bouchard.
Le rapport d’un coroner, pour un accident mortel survenu à l’intersection des rues Sabourin et Savoie, avait également rejoint la liste. Claire Charbonneau rappelle toutefois que cet accident a eu lieu en 2010. « Il n’y en a pas eu depuis ! En revanche, le coroner stipulait bien qu’il fallait installer quatre panneaux arrêt à cette intersection et pourtant, la Ville ne l’a jamais fait », ajoute-t-elle.
Andrée Bouchard se désole que ses conseillers municipaux dénigrent les documents fournis à l’appui de son argument de sécurité publique, évoquant même une ridiculisation de données unanimes. Elle souhaite donc ultimement rendre public l’ensemble de ces rapports dès que cela sera possible.
Bisbille
Pour l’heure, Mme Charbonneau estime que ce véto est une « perte de temps » et s’inquiète que l’Hôtel de Ville ne revienne dans « l’ère Laplante ». L’ancien maire de Saint-Jean-sur-Richelieu avait en effet appliqué son droit de véto plus de vingt fois sur divers dossiers pendant son mandat.
Lors de la dernière séance du conseil municipal, presque tous les élus siégeant comme indépendants avaient voté en faveur de la résolution de Mme Poissant : un geste considéré par la mairesse comme étant orchestré, elle qui a essuyé quatre départs volontaires de son équipe cette année.
Le mode de déneigement sera donc soumis à un nouveau vote des élus, le 27 août. Ce sera la majorité qui l’emportera. Au moment d’écrire ces lignes, le conseiller Sébastien Gaudette était hors du pays et la conseillère Lyne Poitras n’avait pas répondu à notre demande d’information.
