Parcs Canada se défend d’avoir été laxiste dans la prévention des incendies de forêt

La Presse Canadienne
Parcs Canada se défend d’avoir été laxiste dans la prévention des incendies de forêt

JASPER — La direction de Parcs Canada et des élus ont nié avec vigueur, lundi, que les politiques de gestion forestière dans le parc national Jasper aient pu contribuer au violent incendie de forêt qui a endommagé ou détruit le tiers de la ville.

Ron Hallman, PDG de Parcs Canada, a déclaré lundi qu’il était «ridicule» d’affirmer que son agence accordait plus de valeur à la nature qu’aux humains.

«Franchement, c’est offensant, a-t-il soutenu. Il n’y a rien de plus important pour Parcs Canada que la sécurité de nos employés, de nos invités et des personnes avec qui nous travaillons.»

Bien que les pompiers aient déclaré lundi que les incendies dans la ville de Jasper avaient été éteints et que des progrès étaient réalisés ailleurs dans la région, les flammes continuaient de brûler dans le célèbre parc national des Rocheuses, à 360 km à l’ouest d’Edmonton.

Plus de 20 000 personnes dans cette région ont reçu il y a une semaine l’ordre d’évacuer en raison de la progression très rapide des incendies; plus de 30 % des bâtiments de la ville de Jasper ont été détruits la semaine dernière.

Le ministre fédéral de l’Environnement, Steven Guilbeault, a déclaré qu’un plan de retour pour ces résidants était en cours d’élaboration, bien qu’il n’ait pas donné d’échéancier. L’autoroute traversant le parc était toujours fermée lundi.

Certains estiment que davantage aurait dû être fait pour réduire le risque d’incendie dans la région. Des critiques soutiennent qu’on aurait dû éclaircir les forêts remplies d’arbres morts, devenus combustible hautement inflammable, en particulier les pins tués par une infestation de dendroctone, un insecte ravageur.

Mais Ron Hallman affirme que l’agence effectue des «brûlages dirigés» dans le parc depuis 1996 et qu’au cours de la dernière décennie, Jasper avait procédé à 15 brûlages dirigés couvrant des milliers d’hectares.

«Nous faisons tout ce que nous pouvons raisonnablement faire pour éliminer les broussailles, procéder à des brûlages dirigés, réduire les risques pour les biens, les villes et les personnes», a-t-il dit.

Le maire de Jasper, Richard Ireland, a défendu Parcs Canada, affirmant que l’impact du dendroctone du pin était si répandu dans le parc qu’il aurait été impossible d’enlever tous les arbres morts.

«Nous parlons d’une vallée de plusieurs kilomètres de large et longue de 30 kilomètres, absolument pleine d’arbres morts du dendroctone du pin. Il n’y a aucun moyen de tous les supprimer», a-t-il assuré.

Le maire satisfait du travail

Le maire estime que la réponse à l’incendie de forêt de Jasper a été un succès. Il rappelle que la Ville de Jasper et Parcs Canada étaient conscients du risque et avaient pris des mesures pour préparer la localité à y faire face, comme devenir l’une des premières localités au Canada à instaurer le programme «Intelli-feu» de prévention des incendies de forêt.

«Nous avions prévu que quelque chose comme cela pourrait se produire, c’est pourquoi nous avons fortifié notre localité, a-t-il déclaré. Lorsque l’attaque a eu lieu, ces défenses ont fonctionné. Nous avons subi des pertes, mais nous avons tenu bon.»

Joe Zatylny, directeur général adjoint de l’Agence provinciale de gestion des mesures d’urgence, a déclaré que des exercices avaient été effectués il y a six semaines en prévision d’un tel événement.

«Je dirais qu’ils étaient très bien préparés et très bien intégrés pour faire face à cette urgence, dont l’ampleur est difficile à imaginer à l’avance, a-t-il estimé. Il est très difficile à se préparer à une situation aussi dramatique. Cette localité était bien préparée à tous points de vue.»

Le ministre Guilbeault a également défendu Parcs Canada, soulignant que 70 % de la ville historique avait été sauvée. «Des années de préparation, de gestion forestière, de simulations d’évacuation et d’efforts de lutte contre les incendies ont porté leurs fruits», a-t-il déclaré.

Parcs Canada a déclaré que des informations sont toujours colligées sur ce qui a été endommagé aux abords de la ville de Jasper. Les pompiers travaillent pour protéger les maisons et d’autres logements dans ces zones périphériques.

Le parc national Jasper est toujours fermé et la Gendarmerie royale du Canada veille à la sécurité publique dans la ville, a souligné Parcs Canada, rappelant qu’il existait des points de contrôle pour empêcher les gens d’entrer.

Un responsable de Parcs Canada a déclaré samedi que l’incendie pourrait durer des mois dans le parc national.

Les évacués de Jasper ont appris dimanche que les gouvernements provincial et fédéral allaient fournir des fonds supplémentaires pour les secours. Les deux ordres ont annoncé qu’ils verseront chacun un montant équivalent aux dons faits au fonds de secours mis sur pied par la Croix-Rouge canadienne.

Une aide supplémentaire pour lutter contre les incendies à Jasper et dans d’autres régions de l’Alberta est également arrivée. L’armée canadienne a publié dimanche sur X des photos de soldats arrivés à Hinton pour suivre une formation accélérée de pompiers forestiers donnée par les équipes locales.

Une quarantaine de pompiers forestiers du Québec se sont envolés dimanche pour Edmonton en vue d’une mission de deux semaines sur le terrain. Le soutien de l’Ontario, du Mexique, de l’Alaska, de l’Australie et même de l’Afrique du Sud, qui ont envoyé 200 pompiers, est également arrivé en Alberta.

Ailleurs dans cette province, le gouvernement a déclaré dimanche que la pluie avait aidé les pompiers à éteindre près de 50 incendies de forêt au cours des 48 heures précédentes, et que 17 autres incendies étaient maîtrisés.

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