Coutts: un accusé un peu fou, mais pas conspirateur de meurtre, plaide son avocate

Bill Graveland, La Presse Canadienne
Coutts: un accusé un peu fou, mais pas conspirateur de meurtre, plaide son avocate

LETHBRIDGE, Alta. — L’avocate de la défense de Chris Carbert a expliqué mardi à un jury que son client est un homme «un peu fou», qui est tombé dans une spirale complotiste en se rendant au barrage frontalier de Coutts, en Alberta, mais que cela ne le rend pas pour autant coupable de complot en vue de tuer des policiers.

Dans son discours de clôture devant le jury mardi, Katherin Beyak a déclaré que M. Carbert était coupable de méfait, mais pas des autres accusations de complot en vue de commettre un meurtre et de possession d’une arme dans un but dangereux.

«Il est coupable de méfait. Quant aux accusations que Chris ait accepté d’assassiner des policiers alors qu’il était à Coutts, je vous exhorte à conclure qu’il n’est pas coupable.»

Me Beyak a affirmé que son client passait beaucoup de temps sur Internet, si bien qu’il en était venu à croire que la société était brisée, que le monde se dirigeait vers un ralentissement économique et, finalement, une guerre civile.

«Il est tombé dans un terrier de lapin et a fini par dire quelque chose de stupide, a-t-elle plaidé. S’il y avait un complot, Chris n’en faisait pas partie. Il était un peu fou, mais il n’avait aucun plan pour tuer des policiers.»

Chris Carbert et Anthony Olienik sont accusés de complot en vue d’assassiner des policiers après la découverte d’une cache d’armes à feu, de gilets pare-balles et de munitions dans des caravanes stationnées à Coutts, au début de 2022, lors d’un blocus visant à protester contre les restrictions sanitaires imposées durant la pandémie de COVID-19.

Les jurés entendent des témoignages depuis sept semaines sur cette cause.

M. Olienick n’a jamais témoigné au procès, mais M. Carbert a pris la parole pour sa propre défense et a été interrogé sur les messages textes et les déclarations qu’il a faites à des proches.

Un texto adressé à sa mère disait : «Maman, je vais bien. S’ils déclenchent la violence, je te dis simplement qu’il y aura une guerre et des victimes de guerre».

Son message disait également : «Je ne pense pas que tu comprennes vraiment de quoi il s’agit. Si nous perdons ici, je mourrai probablement à la guerre».

M. Carbert a également qualifié la police de «perdante» et d’«ennemie».

À la barre des témoins, il a caractérisé ses déclarations de réactionnaires et d’impulsives, ainsi que ne reflétant pas son véritable respect pour la police, qu’il a décrite comme «une sorte de héros dans la culture occidentale».

Aucune explication innocente

Dans sa plaidoirie finale, le procureur de la Couronne, Matt Dalidowicz, a fait valoir qu’il n’y avait aucune explication innocente à ce que l’un ou l’autre des deux hommes prétendait faire à Coutts.

Il a plaidé que ceux qui protestaient avaient atteint un point de rupture avec les restrictions liées au COVID-19 et considéraient Coutts comme un tournant qui ne pouvait pas échouer.

«Ils seraient les chiens de berger qui protégeraient le troupeau et si la police décidait d’appliquer la loi pour rompre le blocus, elle se heurterait à une force plus forte», a résumé Me Dalidowicz.

«Ils ont amené des armes, des munitions et des gilets pare-balles au cœur même du blocus. Ils l’ont planifié et préparé. Ils voulaient tuer des policiers si la police appliquait la loi pour mettre fin au blocus.»

Berné par des policières infiltrées, selon l’avocate d’un accusé

Plus tôt mardi, l’avocate d’Anthony Olienick a affirmé qu’il s’est rendu au poste frontalier de Coutts, en Alberta, pour y faire une déclaration pacifique, mais qu’il a finalement été pris au piège par des policières de la Gendarmerie royale du Canada (GRC) qui ont flirté avec lui et qui lui ont menti.

Dans sa plaidoirie finale, Marilyn Burns a déclaré que M. Olienick avait été victime d’une «opération policière désastreuse».

Trois policières infiltrées dans la manifestation ont témoigné que M. Olienick leur avait dit que le blocus était le combat de sa vie.

Elles ont rapporté que l’accusé considérait la police comme des pions dociles du premier ministre «diabolique» Justin Trudeau, et qu’il avait juré d’égorger les policiers s’ils prenaient d’assaut les barricades.

Me Burns a exhorté les jurés à ne pas tenir compte du témoignage des policières infiltrées, le qualifiant de marbré de mensonges. «Les agentes infiltrées admettent librement qu’elles sont entraînées à mentir», a relevé Me Burns.

«Je dirais que c’était douloureusement évident au cours du procès», a-t-elle ajouté.

Me Burns avait précédemment accusé une policière d’avoir flirté avec M. Olienick pour obtenir des informations pendant qu’elle était sous couverture, une pratique qui violerait les règles juridiques et éthiques.

L’avocate a noté que la policière avait envoyé des messages textes à M. Olienick avec des émojis en forme de coeur. Me Burns a souligné que les cœurs suggéraient de l’affection, mais la policière a répondu qu’ils étaient destinés à montrer leur approbation du message, pas du messager.

Me Burns a également contesté l’allégation selon laquelle Anthony Olienick et Chris Carbert auraient conspiré ensemble, précisant que le premier n’était qu’une vague connaissance du second.

«Les deux hommes assis en face de vous ne devraient pas être ensemble», a déclaré l’avocate.

«Avec qui M. Olienick aurait-il conspiré pour assassiner des policiers ? La réponse est personne.»

Les jurés devraient commencer leurs délibérations mercredi.

MM. Carbert et Olienick sont également accusés de méfait et de possession d’une arme dans un but dangereux. Anthony Olienick fait également face à une autre accusation de possession d’une bombe artisanale.

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