L’Ontario met fin aux analyses des eaux usées pour détecter la COVID-19

Nicole Ireland, La Presse Canadienne
L’Ontario met fin aux analyses des eaux usées pour détecter la COVID-19

L’Ontario met officiellement fin mercredi à son programme de surveillance des eaux usées lié à la COVID-19, une décision qui, selon certains experts en santé publique, manque de prévoyance.

Le docteur Fahad Razak, ancien directeur scientifique du Groupe consultatif scientifique ontarien de lutte contre la COVID-19, affirme que la décision de la province est «incroyablement décevante».

Le docteur Razak rappelle que les analyses des eaux usées donnent une indication précoce du moment où la COVID-19 et d’autres virus sont en hausse.

Il souligne que la surveillance des eaux usées dans des dizaines de communautés à travers l’Ontario est utile non seulement pour détecter la COVID-19, mais aussi pour surveiller les menaces potentielles, y compris l’arrivée possible de la grippe aviaire H5N1.

Le ministère de l’Environnement de l’Ontario a annoncé qu’il «mettait fin» à son programme alors que l’Agence de la santé publique du Canada (ASPC) agrandit ses sites de surveillance des eaux usées dans la province.

Mais une porte-parole de l’ASPC a précisé qu’elle prévoyait mener des tests uniquement dans quatre villes de l’Ontario en plus de ses quatre sites existants à Toronto, ce qui ne ferait pas double emploi avec le programme provincial.

«La portée de l’expansion ne remplacerait pas la portée actuelle du programme ontarien», a indiqué Anna Maddison dans un courriel transmis mardi soir.

«La décision de l’Ontario de ne pas poursuivre son programme d’analyse des eaux usées n’a pas été coordonnée avec la décision de l’ASPC d’élargir son programme de surveillance des eaux usées.»

Alex Catherwood, attaché de presse de la ministre ontarienne de l’Environnement, de la Protection de la nature et des Parcs, a déclaré dans un courriel que le gouvernement provincial «travaillera avec le gouvernement fédéral et proposera des sites d’échantillonnage qui fourniront des données de qualité pour la santé publique dans toute la province».

La surveillance fédérale supplémentaire des eaux usées devrait commencer avant la saison de la grippe cet automne, a déclaré Mme Maddison.

Des informations permettant d’agir tôt

Le docteur Razak, épidémiologiste et spécialiste en médecine interne à l’hôpital St. Michael de Toronto, a déploré que de nombreuses communautés ne disposent désormais plus de la surveillance virale dont elles ont besoin.

«(La surveillance des eaux usées) fournit des informations suffisamment rapidement pour que l’on puisse agir. Quand on remarque qu’il y a beaucoup de cas de COVID à l’hôpital, il est trop tard pour agir de plusieurs manières», a-t-il expliqué.

«Nous savons maintenant que le signal des eaux usées – pas seulement pour la COVID, mais par exemple pour le virus respiratoire syncytial – fournit un système d’alerte précoce lorsque la maladie apparaît, ce qui donne suffisamment de temps aux individus pour modifier leur prise de décision ou (aux) unités de santé publique et aux responsables d’agir.»

Les sites d’analyse des eaux usées couvraient près des trois quarts de la population de l’Ontario en 2023, selon le docteur Razak, et comprenaient également une surveillance ciblée des niveaux de COVID-19 dans des endroits à haut risque tels que les foyers de soins de longue durée ou les refuges pour sans-abri.

«Pour moi, il s’agit d’un problème d’équité important, a-t-il dénoncé. Cela va exactement dans la direction opposée à ce que nous souhaitons dans le meilleur des programmes de santé publique.»

Le contenu en santé de La Presse Canadienne obtient du financement grâce à un partenariat avec l’Association médicale canadienne. La Presse Canadienne est l’unique responsable des choix éditoriaux.

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