Un échange important de prisonniers impliquant les États-Unis et la Russie était en cours jeudi, a annoncé une personne proche du dossier.
Cette source, qui s’est exprimée sous couvert d’anonymat, car les détails n’avaient pas été divulgués publiquement, n’a pas précisé qui était inclus dans cet échange.
Mais les Américains considérés par les États-Unis comme «détenus à tort en Russie» comprennent le journaliste du «Wall Street Journal» Evan Gershkovich et le résidant américain d’origine canadienne Paul Whelan, responsable de la sécurité d’une entreprise du Michigan.
Les deux hommes avaient été reconnus coupables d’accusations d’espionnage, que le gouvernement américain considérait comme sans fondement.
Le leader de l’opposition et militant russe Vladimir Kara-Murza a également été libéré jeudi dans le cadre de l’accord.
M. Kara-Murza a été arrêtée en Russie en 2022 après avoir survécu à deux tentatives d’empoisonnement. Il a obtenu la citoyenneté canadienne honoraire en juin 2023. Dans un communiqué publié plus tôt cet été, le premier ministre Justin Trudeau a salué son courage et son dévouement à la démocratie.
M. Trudeau a affirmé jeudi que les prisonniers politiques étaient injustement détenus et que leur libération était attendue depuis longtemps.
«Ces hommes et ces femmes rejoignent leurs familles et leurs proches, a indiqué le premier ministre sur les réseaux sociaux. Mais la lutte pour la liberté d’expression politique en Russie est loin d’être terminée.»
La ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly, a pour sa part publié sur les réseaux sociaux que c’était un «immense soulagement» de voir M. Whelan, M. Gershkovich et M. Kara-Murza libérés.
«Les citoyens ne sont pas des pions dans un jeu géopolitique. Le Canada, aux côtés de ses partenaires, continuera de former un front collectif fort pour mettre fin à cette pratique injuste», a-t-elle promis.
Affaires mondiales Canada a dit être déterminé à mettre fin à l’utilisation des personnes comme monnaie d’échange dans les relations diplomatiques, notant que 75 pays ont déjà approuvé la Déclaration contre la détention arbitraire dans les relations d’État à État lancée par le Canada en 2021.
Dans une déclaration publiée en ligne, Stephen Capus, PDG de «Radio Free Europe/Radio Liberty», a confirmé les informations des médias selon lesquelles une journaliste travaillant pour la chaîne, Alsou Kurmasheva, serait libérée dans le cadre de cet accord.
M. Capus a déclaré jeudi que la chaîne se félicitait de «la nouvelle de la libération imminente d’Alsou et était reconnaissante envers le gouvernement américain et tous ceux qui ont travaillé sans relâche pour mettre fin au traitement injuste que lui inflige la Russie».
Alsou Kurmasheva, qui a la double nationalité américano-russe, a été reconnue coupable en juillet de diffusion de fausses informations sur l’armée russe, accusations que sa famille et son employeur ont rejetées.
Pas d’échanges depuis deux ans
Cet accord scellerait le plus récent échange entre Washington et Moscou au cours des deux dernières années. En décembre 2022, la vedette de basketball de la WNBA Brittney Griner était rentrée aux États-Unis en échange du célèbre trafiquant d’armes Viktor Bout. Plus tôt cette année-là, le vétéran des Marines Trevor Reed avait été échangé pour Konstantin Iarochenko, un pilote russe reconnu coupable de complot pour trafic de drogue.
Le président Joe Biden a placé la libération des Américains détenus illégalement à l’étranger en tête de ses priorités de politique étrangère pour les six mois précédant son départ de la Maison-Blanche.
La Russie souhaite depuis longtemps récupérer Vadim Krasikov, qui avait été condamné en Allemagne en 2021 pour le meurtre d’un ancien rebelle tchétchène dans un parc de Berlin deux ans plus tôt, apparemment sur ordre des services de sécurité de Moscou.
Les rumeurs s’étaient multipliées depuis des semaines selon lesquelles un échange était imminent, en raison d’une convergence de développements inhabituels, notamment un procès et une condamnation rapides pour le journaliste Gershkovich, que Washington considérait comme un simulacre de justice. Il a été condamné à 16 ans de détention dans une prison à sécurité maximale.
Ces derniers jours également, plusieurs autres personnalités emprisonnées en Russie pour avoir dénoncé la guerre en Ukraine ou pour leur travail avec le défunt dirigeant de l’opposition russe Alexeï Navalny ont été transférées vers des lieux inconnus.
Evan Gershkovich avait été arrêté le 29 mars 2023 alors qu’il effectuait un reportage dans la ville d’Ekaterinbourg, dans les montagnes de l’Oural. Les autorités russes ont soutenu, sans fournir aucune preuve, qu’il colligeait des informations secrètes pour le compte des États-Unis. Fils d’émigrés soviétiques installés dans le New Jersey, il a déménagé en Russie en 2017 pour travailler pour le journal «The Moscow Times», avant d’être embauché par le Wall Street Journal en 2022.
Il a eu plus d’une douzaine d’audiences à huis clos concernant la prolongation de sa détention provisoire ou des appels pour sa libération. Il a été emmené au palais de justice menotté et est apparu dans la cage des accusés, souriant souvent devant les nombreuses caméras.
L’année dernière, des responsables américains ont fait une offre d’échange pour M. Gershkovich qui a été rejetée par Moscou, et l’administration Biden n’a rendu public aucun accord possible depuis lors.
Evan Gershkovich a été désigné comme détenu injustement, tout comme Paul Whelan, qui a été arrêté en décembre 2018 après s’être rendu en Russie pour un mariage. M. Whelan a été reconnu coupable d’accusations d’espionnage, que lui et les États-Unis ont également déclaré fausses et fabriquées de toutes pièces; il purge une peine de 16 ans de prison.
M. Whelan avait été exclu des précédents accords très médiatisés impliquant la Russie, notamment ceux impliquant M. Reed et Mme Griner.
– avec des informations de Kelly Geraldine Malone de La Presse Canadienne.