MONTRÉAL — Hydro-Québec propose une hausse de tarifs de 3 % pour sa clientèle résidentielle à compter du 1er avril 2025 ainsi que de nouveaux tarifs pour inciter ses abonnés à consommer moins et au bon moment.
La société d’État a annoncé jeudi le dépôt de ses demandes tarifaires auprès de la Régie de l’énergie qui devra les étudier au cours des prochains mois avant de les approuver d’ici mars.
En plus d’augmenter les tarifs résidentiels, Hydro-Québec souhaite adopter des hausses de 3,9 % pour ses abonnés commerciaux et de 3,3 % pour ses grands clients industriels, également à compter du 1er avril 2025.
Ces augmentations sont «le résultat de la pression inflationniste des dernières années», a soutenu le distributeur d’électricité dans un communiqué. Les hausses demandées sont les mêmes que celles qui sont entrées en vigueur cette année pour la clientèle résidentielle et les grands clients industriels.
Tandis que pour le tarif commercial, elle serait inférieure à celle de 2024 qui était de 5,1 %.
«C’était central dans nos engagements de maintenir des tarifs d’électricité abordables pour tous les Québécois et compétitifs pour nos clients commerciaux et industriels», a affirmé le vice-président exécutif aux activités commerciales et chef des relations clientèle chez Hydro-Québec, Dave Rhéaume, en conférence de presse.
La Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI) a toutefois déploré que ce soit encore «les PME qui ramassent le plus gros de la facture». «À l’exception des fortes augmentations des deux dernières années, la hausse de 3,9 % en ferait la plus importante depuis 2014», a déclaré le vice-président pour le Québec à la FCEI, François Vincent, par voie de communiqué.
M. Rhéaume a mentionné que la demande tarifaire pour le secteur résidentiel respecte la capacité de payer des ménages et correspond au maximum imposé par le gouvernement.
Selon Hydro-Québec, l’impact mensuel serait une augmentation de 2,40 $ pour un logement et de 4,50 $ pour une petite maison. Il en coûterait aussi 6,00 $ et 7,40 $ de plus par mois pour une maison de taille moyenne et pour une grande maison, respectivement.
Le producteur d’électricité aurait dû augmenter de 3,9 % les tarifs résidentiels pour rentrer dans ses coûts et éviter un manque à gagner de 60 millions $ dans ses coffres en 2025, a indiqué M. Rhéaume.
De nouvelles options tarifaires
La société d’État souhaite également mettre en oeuvre de nouveaux incitatifs afin d’encourager une meilleure consommation de l’énergie et de réduire la facture.
Hydro-Québec cherche à susciter un changement de comportement chez ses abonnés dans un contexte où la demande en énergie est appelée à progresser d’ici 2035 avec la décarbonation de l’économie.
L’organisation veut notamment lancer, dès avril 2026, un «tarif incitatif volontaire» pour les clients qui déplaceront leur consommation à l’extérieur des heures de fortes pointes, en rechargeant leur véhicule électrique la nuit, par exemple.
Ceux qui adhèrent accepteront de payer plus cher lors des périodes de haute consommation, mais pourront bénéficier de tarifs plus bas le reste de la journée, a expliqué M. Rhéaume. Des économies pouvant atteindre 350 $ par année sont possibles, estime Hydro-Québec.
La société d’État veut également encadrer la surconsommation. Elle imposera à partir d’avril 2027 un tarif plus élevé pour les ménages qui consommeront plus de 50 000 kilowattheures (kWh) par année. Cela représente trois fois la consommation du ménage moyen et concerne environ 1 % de la clientèle résidentielle, selon Hydro-Québec.
«On parle de résidences, de façon générale, assez imposantes qui ont beaucoup d’équipements électriques et qui consomment beaucoup», a décrit M. Rhéaume.
Hydro-Québec offrira des subventions afin que cette catégorie de clients puissent mettre en place des équipements faisant baisser leur consommation.
La même logique s’appliquera aussi pour les industriels. Ils seront appelés à déployer des systèmes leur permettant de surveiller leur consommation en continu.
Soutenir le déploiement de panneaux solaires
Hydro-Québec a aussi l’intention de faciliter l’autoproduction en offrant notamment à partir de 2026 des subventions pour l’acquisition de panneaux solaires.
Elle entend par ailleurs faire passer la capacité maximale d’autoproduction de 50 kW à 1000 kW. Une façon notamment de réduire les contraintes pour les entreprises qui souhaitent ajouter du solaire, a expliqué M. Rhéaume.
La société d’État vise aussi à encourager l’installation de thermopompes efficaces en faisant passer son budget en efficacité énergétique de 150 millions $ à 500 millions $ en 2025.
