Une députée libérale regrette la «détresse» qu’elle a pu causer chez deux témoins

Alessia Passafiume, La Presse Canadienne
Une députée libérale regrette la «détresse» qu’elle a pu causer chez deux témoins

OTTAWA — La députée libérale fédérale Anita Vandenbeld n’a pas présenté d’excuses, jeudi, après avoir provoqué un tumulte, la veille, qui a poussé deux témoins de la violence contre les femmes à quitter en trombe une audience d’un comité des Communes sur la question.

Mme Vandenbeld a seulement indiqué dans une déclaration écrite qu’elle regrettait profondément «la détresse que cette réunion avait causée chez les témoins», mercredi.

Une survivante de violence conjugale qui a témoigné mercredi à Ottawa avait réclamé des excuses à la députée pour ce qu’elle qualifiait de comportement «abusif» lors de la réunion du comité.

«Ce ne sont pas des excuses, c’est une déclaration, a toutefois estimé Megan Walker, jeudi. Elle a causé une certaine détresse à toute une communauté de femmes et de filles qui ont été victimes d’agressions et qui suivent cette affaire, et ça n’est pas reconnu» dans ses propos.

La rare réunion en plein été du Comité permanent de la condition féminine avait été convoquée pour que les députées entendent des militantes pour les droits des victimes de violence familiale et un chef adjoint de la Police régionale de Peel, à la lumière de plusieurs cas très médiatisés récemment.

La réunion a commencé avec le témoignage détaillé de Mme Walker, une défenseure contre la violence masculine à l’égard des femmes, et de Cait Alexander, qui a partagé avec les députées des photos explicites des agressions qu’elle a subies.

Lorsqu’on lui a donné la parole, la députée Vandenbeld a accusé les conservateurs de faire de la politique avec le traumatisme des survivantes, d’élaborer à la hâte un ordre du jour de la réunion et de limiter la possibilité pour les autres députées de suggérer des témoins.

La députée d’Ottawa-Ouest—Nepean a insisté sur le fait qu’elle se souciait réellement des récits des survivantes et elle a décrit certaines des mesures prises par son gouvernement pour lutter contre la violence contre les femmes.

Mais plutôt que de revenir au sujet central de la violence contre les femmes, Mme Vandenbeld a appelé ses collègues députées à un débat sur une motion relative au droit à l’avortement – une question sur laquelle les libéraux tentent de coincer les conservateurs depuis des mois.

Les deux témoins ont crié leur frustration à l’égard de la députée libérale et d’autres personnes qui ont voté pour la motion, mais elles ont été complètement ignorées pour le reste de la réunion, alors que les députées débattaient des droits de parole, de la position des conservateurs sur l’avortement et du champ restreint des personnes appelées à témoigner.

Les deux témoins ont finalement quitté la réunion, visiblement ébranlées.

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