Complot pour meurtre: deux manifestants du blocus de Coutts déclarés non coupables

Fakiha Baig et Bill Graveland, La Presse Canadienne
Complot pour meurtre: deux manifestants du blocus de Coutts déclarés non coupables

LETHBRIDGE, Alta. — Un jury a rendu vendredi soir un verdict de non-culpabilité contre deux hommes accusés d’avoir conspiré en vue de tuer des agents de la Gendarmerie royale du Canada au barrage frontalier de Coutts, en Alberta.

Anthony Olienick et Chris Carbert ont toutefois tous deux été reconnus coupables d’autres chefs d’accusation de méfait et de possession d’arme dans un dessein dangereux. Olienick a également été reconnu coupable de possession d’une bombe artisanale.

Les deux hommes ont été arrêtés après que la police a saisi des armes, des munitions et des gilets pare-balles lors d’une perquisition tôt le matin, lors du blocus en février 2022 ayant paralysé la circulation au poste frontalier canado-américain pendant deux semaines.

Le blocus avait été tenu pour protester contre les mesures sanitaires et la vaccination obligatoire imposées par le gouvernement pendant la pandémie de la COVID-19.

Le procès a entendu des déclarations et des textos des accusés soulignant que le blocus était un dernier recours contre un gouvernement fédéral tyrannique.

Il y a eu un grand hoquet dans la salle d’audience bondée de Lethbridge, en Alberta, lorsque le jury a annoncé l’acquittement de l’accusation la plus grave, soit le complot en vue de commettre un meurtre.

Les hommes ont montré peu d’émotion et l’affaire a été reportée au 12 août pour traiter des condamnations pour les accusations les moins graves.

«Liberté!» a lancé plus tard un partisan devant le palais de justice, alors que d’autres se sont embrassés et ont pleuré.

Le jury délibérait depuis mercredi soir.

Deux mois de procès

Ces verdicts ont mis fin à deux mois de procès dans une affaire qui impliquait les témoignages de deux agentes infiltrées abordant entre autres des histoires de complots gouvernementaux et de références sataniques.

Au cours du procès, le jury a entendu que Carbert a qualifié la police de «perdante» et d’«ennemie». Dans des textes adressés à sa mère, il assimilait le blocus à une guerre, lui disant que si la police entrait et qu’il perdait le combat à Coutts, il était prêt à mourir.

Olienick a déclaré aux agentes infiltrées se faisant passer pour des participantes au blocus que s’il perdait, la prochaine étape pourrait être une invasion des troupes des Nations Unies ou des communistes chinois.

Ces agentes ont cité Olienick leur disant qu’il considérait la police comme les pions du «diabolique» premier ministre Justin Trudeau, et que si les policiers prenaient d’assaut le blocus, il «leur trancherait la gorge». Olienick a également envoyé un message à un ami pour qu’il nourrisse son chat, s’il n’en sortait pas vivant.

Son avocat a accusé l’une des policières infiltrées de flirter pour obtenir des informations, ce que l’agente a nié. Celle-ci a témoigné que des émojis en forme de cœur sur les textos entre elle et Olienick indiquaient qu’elle aimait les messages, pas le messager.

Après son arrestation, lorsqu’il a appris que le blocus avait échoué et que tout le monde était parti, Olienick a été vu désemparé sur une vidéo dans une salle d’interrogatoire de police vide, disant à haute voix : «Je suis désolé, mon Dieu».

La défense n’a pas contesté les injures et les avertissements, mais a fait valoir qu’ils n’équivalaient pas à un complot visant à tuer.

La police a trouvé les armes, les munitions et les gilets pare-balles dans des remorques près du blocus, ainsi que d’autres armes, des munitions et deux bombes artisanales au domicile d’Olienick à Claresholm, en Alberta.

L’avocat d’Olienick a soutenu que les bombes étaient destinées à un usage industriel.

Le procès s’est avéré un défi pour les jurés et a reflété le débat public tendu et émotionnel sur les règles et libertés liées à la pandémie.

Quatre jours après le début du procès, début juin, les jurés garant leur voiture devant le palais de justice ont été accueillis par un message griffonné à la craie sur un trottoir : «840 jours et plus déjà, laissez les »Coutts Boys» sortir de prison maintenant».

Deux messages similaires avaient été laissés de l’autre côté du palais de justice, avant qu’un homme de la Colombie-Britannique soit accusé d’entrave à la justice et banni du palais de justice.

Le juge a rejeté une demande d’annulation du procès demandée par la défense.

Deux autres manifestants ont également été accusés de complot en vue de commettre un meurtre à Coutts. En février, Christopher Lysak et Jerry Morin ont plaidé coupables à des accusations moins graves.

Lysak a été condamné à trois ans de prison pour possession d’une arme à feu à autorisation restreinte dans un endroit non autorisé, et Morin a été condamné à trois ans et demi pour complot en vue de trafic d’armes à feu. Les deux peines équivalaient à la période que les hommes avaient déjà purgée en détention provisoire.

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