MONTRÉAL — Même s’il est omniprésent depuis la pandémie, le télétravail n’a pas que des avantages et pourrait même inciter certains employés à chercher ailleurs, prévient une étude réalisée à l’Université de Montréal.
Le travail à distance accentuerait ainsi le sentiment d’isolement des travailleurs et pourrait augmenter les conflits travail-famille, en amenant certains à se chercher un emploi ailleurs.
«L’explication de que plus il y a de flexibilité, mieux les gens composent avec la conciliation travail-famille, ne se trouve pas à être confirmée (par nos résultats)», a résumé le professeur Victor Haines, de l’École de relations industrielles de l’université montréalaise.
Le professeur Haines et son collègue Alain Marchand ont mené cette étude pour le compte de l’Observatoire sur la santé et le mieux-être au travail de l’UdeM. Ils se sont plus précisément intéressés aux associations entre les régimes de travail flexibles et les intentions de démissionner de plus de 1500 employés du Québec.
D’un côté, la flexibilité réduit le désir de quitter son emploi en accentuant les sentiments de contrôle et d’autonomie.
Des arrangements flexibles, disent les auteurs, permettent aux employés de répondre à certains besoins individuels. Les employés y voient une preuve de bonne volonté et de bienveillance de leur employeur, ce qui augmente leur engagement au travail.
«Nos analyses confirment vraiment que la flexibilité augmente le sentiment de contrôle des employés, a dit M. Haines. Et plus le sentiment de contrôle est élevé, moins les intentions de quitter sont grandes.»
Dans le cadre d’un échange social, a-t-il ajouté, l’employeur accorde à son employé un certain nombre d’avantages et de bénéfices, et en contrepartie, l’employé est plus investi dans son travail et ses intentions de quitter sont moindres.
En revanche, le télétravail, s’il ne diminue pas nécessairement le sentiment de soutien par les collègues, n’a pas non plus comme effet de l’améliorer, ce qui amplifierait ensuite le sentiment d’isolement professionnel. Il pourrait aussi avoir comme effet d’augmenter les conflits travail-famille (ou famille-travail), et donc inciter les employés à lorgner ailleurs.
«On ne trouve pas de confirmation très forte (dans notre étude) que la flexibilité facilite la conciliation travail-famille, a dit M. Haines. Quand je travaille à la maison, je dois composer avec le contexte familial, etc. Donc le télétravail est associé à plus de conflits travail-famille dans nos résultats.»
Du point de vue de l’employeur, a souligné M. Haines, «c’est sûr que le télétravail comporte plus de risques que l’horaire flexible».
«Les deux mesures visent la flexibilité, mais on comprend que sur le plan qualitatif, c’est très différent d’offrir un horaire variable, un horaire flexible, versus le télétravail», a-t-il conclu.
Cette enquête a été réalisée en collaboration avec Sylvie Guerrero, de l’Université du Québec à Montréal. Ses conclusions ont été publiées par The International Journal of Human Resource Management.