Les Métallos protestent à Montréal contre les «congédiements déguisés» de Telus

Alexis Drapeau-Bordage, La Presse Canadienne
Les Métallos protestent à Montréal contre les «congédiements déguisés» de Telus

MONTRÉAL — Une trentaine de représentants du Syndicat des métallos se sont rassemblés samedi devant les bureaux montréalais de Telus pour protester contre ce qu’ils considèrent comme le «congédiement déguisé» de plus d’une centaine de travailleurs.

Le 9 juillet, 150 employés de Telus en Ontario ont été avisés de la fermeture de leur bureau en Ontario et de l’obligation de se présenter trois jours par semaine aux bureaux de Montréal, sans quoi ils perdraient leurs emplois.

«En Ontario, ils viennent de voir le centre dernier centre d’appel de Barrie fermer, mais ils ont passé sous silence qu’ils avaient déjà fermé ceux de Scarborough et maintenant à Toronto […] ils ferment le siège social en Ontario aux gens des services d’appels», résume Michel Brunet, employé de Telus et chef de l’unité 602 du syndicat des Métallos à Montréal.

Les employés ont jusqu’au 9 août pour prendre leur décision de déménager ou non. Le syndicat a demandé à la cour de la Colombie-Britannique, où se trouve le siège social de Telus, de suspendre ce délai.

«Après, on veut aller plaider devant le tribunal que cette mesure est illégale et brime les droits des travailleurs et travailleuses», prévient le directeur québécois des Métallos, Dominic Lemieux.

La société a mis fin à sa politique de télétravail le mois dernier et les changements entreront en vigueur pour septembre.

Alors que la pratique s’est répandue durant la pandémie, de nombreux employés avaient ce droit depuis plus de 15 ans, affirme le syndicat.

Une délocalisation critiquée

«Telus n’arrête pas de délocaliser des emplois à l’étranger et là, tout d’un coup, ce ne serait plus possible de faire du télétravail? C’est ridicule», scande M. Lemieux, dans un communiqué.

Il a affirmé en entrevue que l’entreprise a éliminé près de la moitié de ses emplois au Canada. «Ça a fondu de façon drastique, sauf que c’est déguisé».

Le président du syndicat des agents de maîtrise de Telus, Brian Leclerc, estime que la stratégie de l’employeur est «d’écœurer le personnel le plus possible» dans le but que les travailleurs acceptent des offres de départ.

L’objectif serait selon lui «d’envoyer le travail à l’extérieur de nos frontières; en Inde, aux Philippines, en Roumanie, en Bulgarie, au Salvador au Guatemala, là où il n’y a pas de code du travail, de conventions collectives et où ils peuvent exploiter le monde comme ils veulent».

Un constat que partage Michael Phillips, président de la section locale 1944 de Métallos, dont les 150 employés ontariens font partie. «Ils essaient de rentre la situation misérable au travail pour acheter notre départ et délocaliser nos emplois. Ils ont déjà délocalisé environ 9000 emplois à travers le monde dans les 15 dernières années», résume-t-il.

Il y a un an, la société de télécommunication avait supprimé 6000 emplois, dont 4000 en sol canadien. M. Phillips ajoute qu’il reste environ 4000 travailleurs dans son unité syndicale, contre 80 000 à l’international.

«C’est assez ironique, ils essaient de protéger le Canada des entreprises étrangères, mais ils sont en train d’en devenir une par la porte arrière».

Des employés du centre de Vidéotron à Gatineau étaient aussi sur place. «On a les mêmes enjeux dans nos syndicats respectifs, c’est toujours les employeurs qui veulent ramener les gens au travail […] des enjeux de sous-traitance et de travail outremer», explique Guy Gagné, trésorier du syndicat de Vidéotron.

Les employés de Gatineau sont en lock-out depuis octobre dernier, entre autres pour des questions de télétravail et maintien des emplois au pays.

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