L’Ordre des chimistes appelle à se méfier des analyses d’eau résidentielle gratuites

Katrine Desautels, La Presse Canadienne
L’Ordre des chimistes appelle à se méfier des analyses d’eau résidentielle gratuites

MONTRÉAL — Ayant reçu des appels de citoyens mécontents, l’Ordre des chimistes du Québec met en garde contre des vendeurs qui proposent des analyses gratuites d’eau dans des secteurs résidentiels.

Des vendeurs font parfois du porte-à-porte prétendant que des analyses chez des voisins ont montré une mauvaise qualité d’eau. Il y a aussi des publicités qui circulent sur les réseaux sociaux pour vendre des systèmes coûteux de purification inutile, a dénoncé dans un communiqué, lundi, l’Ordre des chimistes du Québec.

Le stratagème des vendeurs consiste à se présenter à un domicile et presque à tout coup, ils découvrent que la qualité de l’eau est mauvaise. Selon le président de l’Ordre, Michel Alsayegh, les résultats sont volontairement faussés de façon à inquiéter les citoyens à l’égard de leur santé afin qu’ils cèdent à la vente sous pression.

«Quelqu’un qui arrive et qui dit: »Ah, vous avez cela dans votre eau, il faut faire une analyse.» On peut facilement mener quelqu’un en bateau parce qu’on a facilement peur, c’est normal, c’est quelque chose qu’on ne connaît pas», raconte en entrevue M. Alsayegh.

Il a fait savoir que l’Ordre des chimistes a récemment reçu des appels de personnes qui avaient le même problème d’eau après avoir acheté un système par ce genre de stratagème.

«On a vu qu’il y avait malheureusement une grosse brèche où certaines personnes vont arriver chez les gens, et en bout de ligne, on se rend compte que leur but est de vendre un système d’eau, peu importe», ajoute M. Alsayegh.

Pour ceux qui argumenteraient que certaines analyses gratuites sont peut-être fiables, M. Alsayegh suggère aux gens de demander le rapport d’analyse signé par le chimiste et vérifier si ce chimiste est membre de l’Ordre des chimistes du Québec.

Si une personne s’inquiète de la présence de plomb, de bactéries ou encore de l’odeur ou de la couleur de son eau, elle peut elle-même contacter un laboratoire certifié qui l’accompagnera dans ses démarches.

Le ministère de l’Environnement possède sur son site web une liste des laboratoires accrédités. Un citoyen peut contacter n’importe quel laboratoire, normalement le plus près de son domicile, et il pourra recevoir le matériel pour les échantillons d’eau à collecter et à envoyer au laboratoire. Un chimiste fera ensuite les analyses nécessaires et remettra un rapport de laboratoire qu’il signera. «Ce seront des résultats fiables et aussi ils pourront aider à interpréter les résultats et recommander des pistes de solutions pour votre eau», a précisé M. Alsayegh.

«C’est certain qu’il y a un coût à cela, mais ce coût va être beaucoup moindre que de tomber dans le piège des analyses gratuites et des personnes qui vont vendre des systèmes aussi efficaces qu’un filtre Brita au fond», indique le président de l’Ordre.

Modifier la loi

Dans son communiqué, l’Ordre des chimistes rappelle qu’il faudrait moderniser la Loi sur les chimistes professionnels.

M. Alsayegh souligne qu’elle date de 1926, avant même la technologie des fax. «Il y a des gens qui pratiquent la chimie de façon malheureuse, ce qui fait en sorte que la protection du public est en danger», dit-il.

Même en cas de pratique illégale, l’Ordre des chimistes du Québec n’a pas de levier pour sanctionner les fautifs. M. Alsayegh a expliqué que même s’il repère une personne qui fait des analyses d’eau falsifiées, la loi n’est pas assez claire pour empêcher cette personne de continuer sa pratique malveillante.

Il donne aussi en exemple certains désinfectants à main qui ont été vendus au plus fort de la pandémie sans avoir le minimum d’alcool pour être efficace. «La loi des chimistes, malheureusement, est trop désuète pour qu’on puisse faire quoi que ce soit contre ces personnes et c’est ça qu’on trouve dérisoire», dénonce M. Alsayegh.

Il n’y a aucun pharmacien qui peut vendre un médicament sans d’abord être membre de l’Ordre des pharmaciens du Québec et le même principe devrait s’appliquer au domaine de la chimie, selon M. Alsayegh.

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