Les conservateurs lancent une attaque en règle contre le Bloc

Michel Saba, La Presse Canadienne
Les conservateurs lancent une attaque en règle contre le Bloc

OTTAWA — Les conservateurs ont tiré à boulets rouges sur le Bloc québécois, mardi, en leur reprochant d’être des «paresseux» qui refusent de faire le principal travail d’opposition de demander des comptes au gouvernement «quand il commence à faire chaud puis que le soleil sort».

«Qu’ils signent des lettres et que les réunions se tiennent! Comme on dit: si tu ne veux pas aider, au moins ne nuis pas», a fustigé leur leader adjoint à la Chambre, Luc Berthold, lors d’une allocution dans le foyer des Communes qu’il a essentiellement consacrée à cette attaque.

M. Berthold a déclaré avoir transmis au Bloc «au moins dix demandes de rencontres d’urgence» pour les comités de la santé, des finances, de la justice, de la défense nationale, de l’éthique, de la sécurité publique et des ressources naturelles depuis la relâche parlementaire.

«À chaque fois, le Bloc a préféré les vacances à la défense des intérêts des Canadiens, et particulièrement des Québécois», a-t-il ajouté.

Les rencontres que les conservateurs tentent de tenir sur une foule d’enjeux se feraient en vertu de l’article 106(4) du règlement de la Chambre qui exige qu’une lettre soit signée par quatre députés membres du comité issus d’au moins deux partis politiques.

Lors de la période de questions, M. Berthold a refusé d’expliquer pourquoi son chef, Pierre Poilievre, ignore les demandes répétées de son homologue bloquiste, Yves-François Blanchet, de débattre.

Et, quatre fois plutôt qu’une, il a contourné une question quant à s’il accepte la proposition d’un débat.

Le chef bloquiste Yves-François Blanchet a noté sur X que les conservateurs «poursuivent leur dénigrement vide de tout contenu en multipliant les procédures», qu’il faut déduire que tout conservateur qui prend des vacances est donc un paresseux, et que M. Poilievre «se retranche derrière un mur de slogans et de boue bien compacte pour me fuir».

«Je doute que la très large majorité des Québécois soient assez naïfs pour acheter ces carabistouilles», a-t-il ajouté, non sans préciser qu’il n’est pas en vacances et qu’il tient «chaque jour» des rencontres sur des dossiers régionaux et nationaux.

Les conservateurs maintiennent depuis plus d’un an une large avance d’une vingtaine de points sur les libéraux dans les intentions de vote à l’échelle nationale. Ils peinent cependant à faire des gains au Québec où ils arrivent généralement troisièmes derrière le Bloc et les libéraux.

L’agrégateur de sondages Canada338 projette que le parti de Pierre Poilievre gagnerait environ trois sièges supplémentaires si des élections sont déclenchées.

Les conservateurs détiennent neuf sièges au Québec alors que le Bloc en occupe 32. Les libéraux en ont 34 et le Nouveau Parti démocratique un seul. Il y a un député indépendant, Alain Rayes, qui a claqué la porte du Parti conservateur dans la foulée de l’élection de Pierre Poilievre. Et un siège est vacant, celui de LaSalle—Émard—Verdun où une élection partielle se tiendra le 16 septembre.

Terrorisme

Mardi, les conservateurs réclamaient une rencontre pour que le comité de la sécurité publique se penche sur le cas d’un homme ayant des liens avec un groupe terroriste étranger qui a réussi à échapper au processus de sélection du Canada pour immigrer au Canada et devenir citoyen.

Ahmed Fouad Mostafa Eldidi, âgé de 62 ans, et son fils, Mostafa Eldidi, âgé de 26 ans, ont été arrêtés à Richmond Hill, en Ontario, le 28 juillet et font face à neuf chefs d’accusation de terrorisme différents, notamment de complot en vue de commettre un meurtre au nom du groupe terroriste État islamique en Irak et au Levant.

La plupart des accusations concernent des activités qui auraient eu lieu au Canada, mais l’aîné Eldidi est également accusé d’un chef d’agression grave à l’extérieur du Canada.

Devant le tribunal la semaine dernière, les deux hommes ont nié les accusations, mais aucun n’a présenté officiellement une réponse à l’accusation.

Le leader conservateur à la Chambre, Andrew Scheer, a affirmé que le silence du gouvernement quant à la façon dont deux personnes ayant des liens avec un groupe terroriste ont réussi à immigrer au Canada est «inacceptable» et démontre «un échec monumental» du gouvernement Trudeau.

«Les Canadiens ont le droit de savoir ce qui s’est passé. Comment cet individu a-t-il pu entrer au Canada et obtenir la citoyenneté canadienne. Les Canadiens ont également le droit de savoir si […] d’autres personnes au Canada ayant des antécédents similaires ont été autorisées à entrer dans notre pays», a-t-il déclaré.

Dans son allocution, M. Berthold a ramené ça au Bloc québécois. «Cette fois-là, ils ne peuvent pas invoquer que ce n’est pas une urgence quand des vies de Canadiens sont en jeu», a-t-il dit.

Le gouvernement fédéral a jusqu’à présent très peu parlé de l’affaire.

Le député conservateur et porte-parole en matière de sécurité publique Frank Caputo a écrit au ministre de la Sécurité publique Dominic LeBlanc pour lui demander de rendre publics tous les détails du présumé complot terroriste, a déclaré M. Scheer.

Il a indiqué que M. LeBlanc serait le premier témoin qu’il souhaite convoquer devant le comité.

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