La FTPQ dénonce l’achat d’ambulances trop petites pour accueillir tout le personnel

Katrine Desautels, La Presse Canadienne
La FTPQ dénonce l’achat d’ambulances trop petites pour accueillir tout le personnel

MONTRÉAL — Les modèles d’ambulance sont disparates au Québec, ce qui fait en sorte que certains sont trop petits pour accueillir à l’arrière un paramédical. Ce dernier sera confiné à l’avant du véhicule et le patient ne pourra pas bénéficier de son expertise. Une situation que dénonce jeudi la Fraternité des travailleurs et travailleuses du préhospitalier du Québec (FTPQ).

Dans un communiqué, le syndicat s’est dit surpris d’apprendre que malgré un avis du directeur médical national, des entreprises ambulancières privées du Québec continuent d’acheter des modèles d’ambulance qu’il juge inadéquats.

La FTPQ affirme que ce type de véhicule qui est moins dispendieux est appelé à remplacer la flotte actuelle d’ambulances. «Encore un dossier où les profits sont plus importants que les patients», a critiqué par voie de communiqué Benoit Cowell, président de la section locale 7300 du Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP). Il a rappelé que ces entreprises sont entièrement financées à partir d’argent public.

Le système préhospitalier d’urgence est présentement un hybride entre le privé et le public. Urgences-santé, qui dessert la population de Montréal et de Laval, relève du ministère de la Santé et des Services sociaux. L’organisation emploie plus de 1100 ambulanciers paramédicaux et plus de 110 répartiteurs médicaux.

Ailleurs, au Québec, les services de soins préhospitaliers d’urgence sont desservis par plusieurs modèles, dont des entreprises privées, des coopératives de travailleurs et des organisations à but non lucratif, a expliqué en entrevue David Gagnon, vice-président de la FTPQ, qui est également ambulancier paramédical. Chacune de ces organisations est responsable de l’achat des véhicules d’urgence.

M. Gagnon a fait valoir que c’est au niveau des transferts interhospitaliers que les petits modèles d’ambulance posent problème. «Avec quatre personnes, ça nous permet d’avoir un paramédic qui connaît bien l’environnement de l’ambulance et qui sait comment intervenir dans un véhicule qui est en mouvement», explique-t-il.

M. Gagnon souligne que lorsque plusieurs membres du personnel soignant accompagnent un patient, c’est que la situation est critique et bien souvent, l’ambulance devra se déplacer au-dessus des limites de vitesse. «C’est un environnement particulier qui n’est pas connu par les médecins, les inhalothérapeutes et les infirmières qui peuvent se joindre à l’équipe, dit-il.

«Souvent, le patient va être branché sur un moniteur-défibrillateur de l’ambulance, un modèle particulier qu’on connaît bien. Le matériel dans l’ambulance, on sait où il est placé et on sait comment intervenir. Juste de savoir où se tenir quand on va intervenir, ça peut être quelque chose d’important», poursuit l’ambulancier.

Nationaliser les soins préhospitaliers

La FTPQ réclame par ailleurs la nationalisation des services de soins préhospitaliers d’urgence au Québec. L’objectif serait de créer cinq grands pôles, similaires au modèle d’Urgences-santé, ce qui uniformiserait les soins préhospitaliers à travers la province. «À notre avis, c’est incompréhensible que ça ne soit pas fait en 2024», a lâché M. Gagnon.

Il a souligné que les entreprises privées encaissent des profits puisqu’elles ont pour but d’être rentables. La FTPQ voudrait que ces profits soient plutôt réinvestis en services à la population.

«On commence à voir apparaître des agences qui offrent des services paramédics à forfait aux entreprises ambulancières, a-t-il indiqué. Plutôt que de les interdire à moyen ou à long terme, on pense que ce serait l’occasion de finalement ramener les paramédics et les soins préhospitaliers d’urgence dans le giron du ministère de la Santé et des Services sociaux.»

M. Gagnon espère que le ministre de la Santé, Christian Dubé, entendra leur appel.

«Pour avoir une uniformisation des soins partout au Québec, ça prend une instance nationale et qui va avoir le pouvoir d’envoyer des directives et de les faire appliquer», a-t-il déclaré, soutenant que présentement les directives ne sont pas toujours appliquées, ce qui crée une «grande différence» au niveau des soins offerts à la population.

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