La ministre des Femmes refuse de commenter le comportement de la députée Vandenbeld

Alessia Passafiume, La Presse Canadienne
La ministre des Femmes refuse de commenter le comportement de la députée Vandenbeld

OTTAWA — La ministre fédérale des Femmes ne fera aucun commentaire sur le tumulte causé à un comité des Communes qui était censé discuter de la violence contre les femmes, la semaine dernière, et qui a plutôt sombré dans le chaos partisan.

Deux témoins appelées à discuter de violence faite aux femmes, Megan Walker et Cait Alexander, ont claqué la porte de la réunion du comité, ébranlées, alors que les députées se chamaillaient sur des questions de procédures.

Les deux femmes ont écrit cette semaine aux chefs des partis fédéraux pour dénoncer le comportement des députées et exiger des mesures concrètes sur le fond de la question.

«Nous espérons que vous et vos députés traiterez ce problème avec le sérieux qu’il mérite», ont-elles exigé.

Le chef conservateur Pierre Poilievre a répondu à leur lettre jeudi, affirmant que son parti écrirait aux autres partis fédéraux pour exiger une nouvelle rencontre du comité afin de leur permettre, ainsi qu’à d’autres victimes, de s’exprimer.

«Ce qui s’est passé la semaine dernière est un épisode honteux dans l’histoire de la Chambre des communes, et nous vous devons, ainsi qu’à toutes les autres survivantes, de rectifier cette situation immédiatement», a fait savoir M. Poilievre.

Les deux témoins ont dirigé leur colère contre la députée libérale Anita Vandenbeld, qui a déclenché une bataille procédurale au sein du comité en proposant une motion pour reprendre le débat sur le droit à l’avortement, plutôt que de suivre l’ordre du jour et discuter de violence familiale.

«C’était une tournure impitoyable des événements. Cela a perpétré les abus», a fait valoir la lettre.

Processus «détourné»

Mme Vandenbeld a soutenu dans une lettre ouverte publiée cette semaine qu’elle répondait aux manigances procédurales des conservateurs, qu’elle a accusés de «détourner» le processus du comité à leurs propres fins partisanes.

«Je pense que ce qui s’est passé ces derniers mois au sein du comité de la Condition féminine est un cas d’étude sur la façon dont nos institutions parlementaires sont délibérément instrumentalisées, et ceux qui les défendent ou le dénoncent sont ciblés, attaqués, réduits au silence et intimidés pour quitter leurs fonctions politiques», a-t-elle écrit dans l’article publié par National Newswatch.

Elle a ajouté qu’elle pensait que des «pièges» étaient tendus par des politiciens d’extrême droite et a insisté sur le fait que ses actions visaient à défendre le processus parlementaire, mais a aussi reconnu le préjudice causé aux témoins.

«Dans ma volonté de sauver notre comité du même dysfonctionnement et de la même partisanerie qui ont affligé d’autres comités, j’ai contribué à aggraver leur traumatisme et j’en suis profondément désolée. Rien de ce qui s’est passé lors de cette réunion n’aurait dû se produire.»

Mme Vandenbeld a témoigné qu’elle avait dû fermer ses bureaux de circonscription depuis la réunion, car elle et son personnel étaient la cible de harcèlement en ligne.

La ministre qui supervise la politique de genre du gouvernement, Marci Ien, est restée silencieuse sur l’incident.

Elle a refusé de commenter ce qui s’est passé ou les commentaires ultérieurs de Mme Vandenbeld, et s’est contentée de dire dans une déclaration écrite que les comités sont indépendants et que son parti s’oppose à la violence.

«Nous devons nous opposer à la violence fondée sur le genre sous toutes ses formes et prendre des mesures concrètes pour lutter contre cette crise en cours», a-t-elle plaidé, notant que le gouvernement a investi plus de 500 millions $ dans un plan d’action national.

La déclaration a poursuivi en affirmant que le gouvernement «défendra toujours le droit d’une femme à choisir et à avoir des soins de santé sexuelle et reproductive sûrs et accessibles».

La députée conservatrice Michelle Ferreri, qui siège au comité, a déclaré que la députée Vandenbeld s’était référée à elle-même au moins 36 fois dans son éditorial «sans égard pour la douleur et la frustration qu’elle a directement causées».

«Nous continuons d’appeler les libéraux à laisser les témoins courageux qu’ils ont repoussés… revenir au comité et s’exprimer», a-t-elle affirmé dans une déclaration écrite.

«Nous continuerons de nous battre pour les femmes vulnérables qui sont de plus en plus victimisées après neuf ans de politiques désastreuses de Trudeau et de ses actions honteuses et impardonnables».

Autre affront

Mme Vandenbeld a soulevé dans son texte d’opinion des inquiétudes concernant les règles du comité qui ont été enfreintes ou ignorées, notamment l’utilisation d’«accessoires», qu’elle a décrits comme «dans ce cas, des photos».

Mme Alexander, dans son témoignage d’ouverture, avait rapporté sa propre expérience d’abus aux mains de son ex-petit ami, il y a trois ans. Elle a brandi des photos pour montrer aux députés l’étendue de ses blessures.

La plainte de la députée libérale au sujet de ces images est pour elle un autre affront.

«Cela me donne envie de vomir, a-t-elle déclaré. Ce n’est pas ainsi que l’on traite un être humain.»

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