Québec réaffirme le droit des anglophones de recevoir des soins en anglais

Pierre Saint-Arnaud, La Presse Canadienne
Québec réaffirme le droit des anglophones de recevoir des soins en anglais

MONTRÉAL — Québec assure qu’il n’y aura aucune entrave que ce soit à la prestation de soins de santé ou de services sociaux en anglais aux membres de la communauté anglophone.

Trois ministres du gouvernement Legault ont tenu à mettre les pendules à l’heure, vendredi, en publiant une lettre, en anglais et destinée aux médias anglophones, dans laquelle ils réaffirment le droit de toute personne d’expression anglaise de recevoir des soins de santé et des services sociaux en anglais.

«Ce droit est clair»

La lettre, signée par le ministre de la Langue française, Jean-François Roberge et ses collègues Christian Dubé à la Santé et Éric Girard, responsable des Relations avec les Québécois d’expression anglaise, affirme que «ce droit est clair et n’est d’aucune façon remis en question».

De passage à Halifax, où il participe au Conseil des ministres sur la francophonie canadienne, le ministre Roberge a déclaré que la directive émanant de la Loi 96 qui a suscité une forte inquiétude et entraîné des sorties alarmistes de certains ténors de la communauté anglophone «précise de quelle manière les questions administratives peuvent être traitées justement en anglais par la communauté anglophone».

Aucune remise question

«Le gouvernement du Québec n’a posé aucun geste et ne posera aucun geste qui remette en question le droit des anglophones au Québec d’être accueillis, d’être soignés dans la langue de leur choix, c’est-à-dire en anglais», a affirmé avec force le ministre Roberge.

La lettre rappelle que tant la Loi sur la santé et les services sociaux que la Charte de la langue française sont garantes de ce droit et qu’en plus, le gouvernement a approuvé les plans régionaux d’accès réclamés par la communauté anglophone.

Suggestions fausses

La directive qui a fait naître les craintes au sein de la communauté ne limite en rien l’accès et «toute suggestion à l’effet contraire est fausse», tranche-t-on, ajoutant qu’aucun document ou autre preuve démontrant le droit à un accès aux soins n’est exigé pour obtenir des soins dans le réseau.

«Nous comprenons que plusieurs personnes sont préoccupées par la directive», écrivent les trois ministres qui promettent de rencontrer des représentants de la communauté anglophone pour les rassurer. Ils se disent ouverts à clarifier la directive pour qu’il n’y ait aucun doute «qu’il n’y aura jamais d’exigences linguistiques au Québec pour traiter un patient».

Ottawa rassuré

Aux côtés de M. Roberge, le ministre fédéral des Langues officielles, Randy Boissonnault, a expliqué qu’il avait préalablement discuté de ce dossier avec son vis-à-vis québécois et il a bien accueilli ces précisions: «Les gens sont vulnérables quand ils se présentent devant un médecin ou une infirmière et d’être servi dans la langue maternelle, c’est très important et je pense que la clarification que le ministre et ses collègues ont apportée, c’est un pas très prometteur.»

«Je sais qu’il y a des inquiétudes auprès de la communauté anglo-parlant au Québec, les anglophones, et c’est très important que le ministre et ses collègues ont eu cette possibilité de clarifier les choses.»

Holland: même chose pour les francophones hors Québec

Pour sa part, le ministre fédéral de la Santé, Mark Holland, s’est dit «absolument» rassuré par la missive des ministres québécois. De passage dans une clinique de soins dentaires à Québec en compagnie de son collègue, le ministre des Services publics et de l’Approvisionnement, Jean-Yves Duclos, Mark Holland a salué cette clarification: «C’est clair pour moi que l’intention du gouvernement du Québec est de s’assurer que le service est disponible dans les deux langues», a-t-il déclaré.

«C’est essentiel que les personnes puissent accéder aux services (de santé) dans leur langue maternelle. C’est une question de sécurité pour quelqu’un, s’il y a une urgence», a-t-il fait valoir, ajoutant que cette question est tout aussi pertinente pour les francophones qui vivent à l’extérieur du Québec. «Il y a beaucoup d’endroits, par exemple dans le nord de l’Ontario, où les personnes parlent français et ont besoin de services en français là. Alors l’inverse est absolument le cas à l’extérieur du Québec. C’est essentiel que les personnes puissent obtenir les services dans la langue de leur choix», a rappelé le ministre fédéral.

Partager cet article
S'inscrire
Me notifier des
guest
0 Commentaires
Inline Feedbacks
Voir tous les commentaires