Les employés du CN et du CPKC pourront faire la grève dès le 22 août, tranche le CCRI

Christopher Reynolds, La Presse Canadienne
Les employés du CN et du CPKC pourront faire la grève dès le 22 août, tranche le CCRI

OTTAWA — Les deux principales compagnies de chemin de fer du pays ont prévenu vendredi qu’elles allaient mettre leurs employés en lock-out dans moins de deux semaines à moins que les deux parties ne parviennent à s’entendre sur de nouveaux contrats, ce qui renforce la menace d’un arrêt de travail qui pourrait paralyser les chaînes d’approvisionnement à l’échelle nationale.

Alors que le temps des négociations s’écoule, la Compagnie des chemins de fer nationaux du Canada (CN) et la Compagnie du Canadien Pacifique à Kansas City (CPKC) ont toutes deux déclaré que des lock-outs étaient imminents le 22 août, à moins d’une percée à la table des négociations.

Ces avertissements sont survenus quelques heures après que le Conseil canadien des relations industrielles (CCRI) a déclaré qu’un arrêt de travail ne poserait aucun «danger grave» pour la santé ou la sécurité publiques, ouvrant la voie à une grève générale dans moins de deux semaines. En cas d’arrêt de travail, les employés des deux principales compagnies de chemins de fer ne seraient pas obligés de continuer à transporter des marchandises, y compris des produits de base essentiels comme le chlore pour l’eau et le propane pour les centres de soins.

La période de négociations de 13 jours ordonnée par le tribunal signifie que si de nouveaux contrats ne peuvent être conclus, une grève nationale pourrait avoir lieu dès le 22 août.

Quelque 9300 conducteurs, ingénieurs et travailleurs de triage du CN et de la CPKC négocient depuis des mois de façon intermittente deux nouvelles conventions collectives, en plus d’une troisième entente pour les contrôleurs de la circulation ferroviaire de la CPKC.

Le Canadien Pacifique a annoncé qu’il allait mettre en lock-out 3300 membres de la Conférence ferroviaire Teamsters Canada (CFTC) une minute après minuit le 22 août — le moment le plus tôt autorisé par le tribunal — à moins qu’une entente ne soit conclue.

«Si aucune résolution n’est atteinte dans le cadre des négociations au cours de la période de réflexion prolongée, et si la CFTC continue de refuser de procéder par arbitrage de différends exécutoire, le CPKC n’aura pas d’autre choix que de prendre cette mesure», a déclaré la compagnie dans un communiqué, invoquant la stabilité de la chaîne d’approvisionnement.

Le CN a demandé formellement l’intervention du ministre du Travail affirmant que la compagnie avait «perdu confiance» dans le processus de négociation. Une fermeture progressive de son réseau aboutirait également à un lock-out de 6000 travailleurs le 22 août, a-t-elle déclaré.

«Nous avons fait quatre offres cette année, des offres qui incluent des points sur les salaires et la disponibilité de la main-d’œuvre tout en maintenant la sécurité, et le syndicat n’a pas encore fait une seule contre-proposition», a déclaré le porte-parole du CN, Jonathan Abecassis.

Le syndicat a déclaré que les avertissements de lock-out équivalaient à une escalade «inattendue et inutilement antagonisante».

«Contrairement aux affirmations du CN, la compagnie n’a montré aucune flexibilité ni volonté de compromis à la table de négociation», a soutenu le porte-parole de Teamsters Christopher Monette.

Le fédéral ne souhaite pas intervenir

Les points de friction à la table de négociation sont les horaires des employés, la gestion de la fatigue et la sécurité, a-t-il indiqué. Le syndicat a rejeté l’arbitrage exécutoire avec les deux entreprises.

Les expéditeurs et les producteurs affirment que l’éventuelle mesure de grève des travailleurs du CN ou du CPKC, ou des deux simultanément, arrêterait le trafic de marchandises, encombrerait les ports et perturberait les industries.

Le ministre fédéral du Travail, Steven MacKinnon, qui a remplacé M. O’Regan après la démission de ce dernier il y a trois semaines, a rencontré lundi matin les dirigeants des deux exploitants ferroviaires et du syndicat.

Le ministre a affirmé que les deux parties devaient parvenir à un accord elles-mêmes plutôt que de compter sur l’intervention du gouvernement.

«J’appelle les parties à rester à la table des négociations et à continuer de tenir des discussions productives qui répondent aux besoins actuels. Une entente négociée est la meilleure voie à suivre», a déclaré M. MacKinnon dans un communiqué vendredi.

Les conciliateurs fédéraux continuent de participer aux pourparlers.

En mai, le ministre du Travail à ce moment, Seamus O’Regan, a demandé au CCRI d’examiner si un arrêt de travail mettrait en danger la santé et la sécurité des Canadiens après que le syndicat eut voté en faveur d’un mandat de grève à une écrasante majorité.

«Il ne fait aucun doute qu’un arrêt de travail au CN entraînerait des inconvénients, des difficultés économiques et, possiblement, comme certains groupes et organisations l’ont suggéré, un préjudice à la réputation mondiale du Canada en tant que partenaire commercial fiable», a nuancé le conseil dans sa décision unanime.

Cependant, la question de ce qui constitue un service essentiel en vertu du Code canadien du travail est «très pointue», a-t-il poursuivi.

«Le conseil est convaincu qu’à l’heure actuelle, une grève ou un lock-out au CN ne poserait pas de danger immédiat et grave pour la sécurité ou la santé du public.»

Le CCRI a dit la même chose dans une décision distincte concernant le CPKC.

Les inquiétudes grandissent

Les chemins de fer canadiens transportent chaque année des marchandises d’une valeur de 380 milliards $ et plus de la moitié des exportations totales du pays, selon l’Association des chemins de fer du Canada.

L’inquiétude suscitée par une grève de quelque 9300 employés a déjà coûté cher aux deux entreprises de chemins de fer après que des clients ont cherché à réacheminer leurs marchandises au cours des derniers mois, à la suite de l’approbation d’un mandat de grève par les membres du syndicat en mai.

Les expéditeurs, les acteurs les plus frustrés par la décision de vendredi, ont imploré dans la même journée le premier ministre d’intervenir.

«Nous vous écrivons pour vous demander instamment d’intervenir immédiatement et de faire tout ce qui est nécessaire pour éviter une perturbation», indique une lettre conjointe de plus de 70 groupes industriels et de 40 chambres de commerce.

Un arrêt prolongé étranglerait le pipeline de marchandises, ferait grimper les prix et aggraverait les problèmes d’accessibilité pour les entreprises et les particuliers, en plus du risque de congés sans solde dans les entreprises forcées de suspendre leurs activités, ont averti les organisations.

Les navetteurs pourraient également ressentir les effets d’un arrêt de travail.

Si un tel incident devait se produire entre les 80 contrôleurs de la circulation ferroviaire de la CPKC qui négocient un contrat, distinct du principal groupe de négociation de la CPKC, les trains de voyageurs qui circulent sur les voies appartenant au Canadien Pacifique à Vancouver, Toronto et Montréal pourraient être paralysés.

Les usines seraient également immédiatement confrontées à des retards de livraison, a soutenu Dennis Darby, président et directeur général de Manufacturiers et Exportateurs du Canada.

«Ensuite, vous payez des pénalités parce que vous avez des retards de livraison», a-t-il déploré lors d’une entrevue.

Bob Masterson, président-directeur général de l’Association canadienne de l’industrie de la chimie, a qualifié la décision du tribunal de décevante.

«Il n’y a pas de plan B», a indiqué M. Masterson, dont l’organisation représente les producteurs de plastique et de produits chimiques.

Il a déclaré qu’environ 80 % des 100 milliards de dollars d’expéditions annuelles du secteur dépendent du transport ferroviaire, dont une partie à destination des municipalités canadiennes qui ont besoin de chlore pour désinfecter l’eau potable.

Entreprises dans cette dépêche: (TSX:CNR, TSX:CP)

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