NAPANEE, Ont. — Le premier ministre Justin Trudeau juge «ridicule» que le chef conservateur Pierre Poilievre «découvre tout à coup l’importance de l’industrie des véhicules électriques au Canada», alors qu’il a proposé la semaine dernière d’imposer des tarifs à la Chine dans ce secteur.
En conférence de presse lundi matin à Napanee, en Ontario, M. Trudeau a été appelé à réagir aux propositions du chef conservateur, qui entend imposer des droits de douane de 100 % sur les véhicules électriques fabriqués en Chine et importés au Canada.
M. Poilievre s’est aussi engagé à adopter des tarifs douaniers de 50 % sur les semi-conducteurs et les cellules solaires, et de 25 % sur les produits en acier et en aluminium, le graphite, d’autres minéraux essentiels.
Le premier ministre Trudeau a souligné que son gouvernement avait procédé à plusieurs investissements dans les dernières années pour développer cette industrie au Canada.
«Et à chaque étape, Pierre Poilievre et les conservateurs au fédéral ont attaqué nos investissements et ont annoncé qu’ils allaient couper nos investissements», a-t-il soutenu.
«Alors je trouve ça carrément ridicule que tout à coup, il se préoccupe des emplois, des travailleurs et de l’industrie des véhicules électriques. Il y a personne qui le croit là-dedans.»
M. Trudeau a ajouté que le gouvernement discutait depuis longtemps avec des acteurs de l’industrie de la menace que pose la Chine.
Il a indiqué que le gouvernement voulait s’assurer de protéger l’industrie et les emplois au Canada, mais aussi d’offrir aux Canadiens des options pour se procurer un véhicule électrique.
En conférence de presse la semaine dernière, M. Poilievre a livré une charge à fond de train contre le gouvernement Trudeau, qui selon lui «met en péril des centaines de milliers d’emplois» dans les secteurs de l’acier, de l’aluminium, de l’exploitation minière, de la construction automobile «en permettant à Pékin d’inonder nos marchés de véhicules électriques et d’autres produits fabriqués en Chine à des prix artificiellement bas».
Il a même accusé le gouvernement libéral de «favoriser les dictatures étrangères» puisque les rabais à l’achat d’un véhicule électrique sont aussi valables lorsqu’il est fabriqué en Chine.
À la fin du mois de juin, la ministre des Finances Chystia Freeland avait annoncé le lancement d’un processus pour imposer de nouvelles taxes à l’importation sur les véhicules électriques fabriqués en Chine et avait accusé Pékin d’avoir «intentionnellement créé une surcapacité et une offre excédentaire».
La décision intervenait quelques semaines après que les États-Unis et la Commission européenne eurent décidé d’imposer leurs propres nouveaux droits d’importation sur les véhicules électriques chinois, invoquant des subventions injustes visant à remplacer les véhicules plus chers fabriqués en Europe et en Amérique du Nord.