Les chefs de police du Canada réclament plus d’aide pour gérer les manifestations

Keith Doucette, La Presse Canadienne
Les chefs de police du Canada réclament plus d’aide pour gérer les manifestations

HALIFAX — La fréquence des manifestations liées à des enjeux nationaux et internationaux crée une «demande insoutenable» pour les corps policiers à travers le pays, affirment les chefs de police du Canada.

Réunie à Halifax mardi pour son sommet annuel, l’Association canadienne des chefs de police (ACCP) a appelé tous les ordres de gouvernement à fournir le «soutien moral et financier» nécessaire pour répondre à cette demande accrue de services.

Thomas Carrique, commissaire de la Police provinciale de l’Ontario et également président de l’ACCP, a déclaré mardi que les chefs de police étaient de plus en plus préoccupés par le fait de devoir retirer des policiers de leurs fonctions habituelles et de les envoyer contrôler des manifestations.

«Les enjeux nationaux et les conflits mondiaux ont entraîné une augmentation de la fréquence, de la durée, de la complexité, des risques et des menaces de ces rassemblements publics dans les villes de notre pays», a dit M. Carrique aux journalistes.

Alors que les manifestations deviennent plus difficiles à contrôler, la police aura besoin de plus d’agents, d’équipements et de formations pour y faire face, a souligné M. Carrique. «Cette augmentation crée une demande insoutenable pour les services et les opérations de police à travers le Canada.»

M. Carrique a rapporté que le chef de la police de Toronto avait déclaré aux membres de l’association lors de la conférence que son corps policier avait répondu à plus de 1000 manifestations depuis le déclenchement de la guerre entre Israël et le Hamas en octobre.

Ces ressources supplémentaires nécessaires pour contrôler les manifestations ont coûté à la police de Toronto «des dizaines de millions de dollars qu’elle n’aurait pas eu l’occasion de budgétiser», a déclaré M. Carrique.

De plus, un nombre croissant de manifestations au Canada se sont terminées par des menaces ou des violences, a-t-il souligné. Il soutient que l’agression est souvent le résultat de «militants, de groupes dissidents ou simplement de voyous» qui veulent provoquer une perturbation en s’immisçant dans une manifestation par ailleurs légale.

L’immigration, a-t-il ajouté, a amené des gens de certaines régions du monde — sans les nommer — où le recours à la violence est un «véhicule acceptable de changement social». Par contre, la police a une «énorme responsabilité» de tendre la main à diverses communautés, y compris les secteurs où se trouvent de nouveaux immigrants, afin de renforcer la confiance citoyenne, dit-il.

«Dans certains cas, il existe une méfiance envers la police et certaines personnes peuvent venir de régions où la police est corrompue», a déclaré M. Carrique.

Don MacLean, chef de la Police régionale d’Halifax, a déclaré que les policiers peuvent créer un climat de confiance lorsqu’ils jouent un rôle d’arrière-plan dans certaines situations, notamment lors d’interventions auprès de personnes en situation d’itinérance.

Halifax a créé une équipe de sécurité communautaire civile qui prend les devants dans les questions liées à l’itinérance, permettant à la police d’être impliquée à un certain niveau, «mais pas nécessairement toujours en première ligne», a-t-il expliqué.

M. MacLean croit que des leçons ont été tirées d’une manifestation pour le logement qui a dégénéré au centre-ville d’Halifax en août 2021. «La police lors de ce type d’événements est en constante évolution et nous continuerons surtout à apprendre des choses qui ne se passent pas nécessairement bien», a-t-il dit.

Pendant ce temps, l’association réclame une législation qui rendrait illégal le fait de cibler un policier en divulguant des informations personnelles sur les réseaux sociaux ou d’autres plateformes en ligne avec une intention malveillante.

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