Rentrée au collégial: intelligence artificielle et entretien des bâtiments au menu

Lia Lévesque, La Presse Canadienne
Rentrée au collégial: intelligence artificielle et entretien des bâtiments au menu

MONTRÉAL — Les organisations syndicales du milieu collégial accueillent favorablement la mise sur pied par Québec d’une instance sur l’intelligence artificielle en enseignement supérieur, alors que l’inquiétude monte chez leurs membres face à ce phénomène.

L’intelligence artificielle se développe de façon phénoménale et à la vitesse grand V. Elle affectera bien sûr l’enseignement proprement dit et des emplois seront touchés, a rappelé le président de la CSQ, Éric Gingras, en conférence de presse, mercredi, pour marquer la rentrée dans les cégeps dans les prochains jours.

Dans ce contexte, il applaudit à l’annonce de la ministre Pascale Déry visant à constituer une instance de concertation sur l’intelligence artificielle en enseignement supérieur.

Il exprime toutefois quelques réserves quant à la rapidité de décision et d’action d’une telle instance, vu le nombre de participants et le nombre de ministres visés directement ou indirectement par l’intelligence artificielle, sans compter qu’«on est déjà en retard», selon lui.

«Elle est là la crainte présentement: ça va rapidement, on fait des instances et il y a beaucoup de monde impliqué. Et, dans le passé, ça n’a pas toujours été un succès», a résumé M. Gingras, qui se dit néanmoins prêt à donner une chance au coureur.

«L’i.a. ce n’est pas juste ChatGPT, ce n’est pas que les robots conversationnels, c’est aussi toute la transformation de nos emplois», a fait valoir Valérie Fontaine, présidente de la Fédération du personnel de soutien de l’enseignement supérieur, affiliée à la CSQ.

«Ce serait bien d’avoir un plan pour faire baisser l’anxiété et l’inquiétude des membres, qui monte présentement, parce qu’il n’y a personne qui veut voir diminuer son degré d’autonomie, son jugement de valeur ou son expertise, au profit d’un algorithme qui n’a pas de sentiment», a ajouté Mme Fontaine.

À la Fédération nationale des enseignants du Québec, affiliée à la CSN, on se réjouit aussi de la création de cette instance. «Alors que cette technologie se développe de façon expéditive et chaotique, la CSN espère que cette instance sera rapidement constituée et qu’elle sera permanente», a-t-elle commenté, par voie de communiqué.

L’état des bâtiments

Pour ce qui est de la rentrée proprement dite au collégial, les syndicats des professionnels, des employés de soutien et des enseignants s’inquiètent des coupes dans l’entretien des bâtiments du réseau scolaire.

Le rapport de la vérificatrice générale, en mai dernier, avait révélé que les deux tiers des bâtiments des cégeps sont en mauvais état. Et vu l’accroissement de la population au Québec, on s’attend à ce que la clientèle étudiante augmente jusqu’en 2032.

«On craint, du côté des profs, qu’on soit tenté d’utiliser cette raison- là, de la vétusté des établissements, pour mettre en place des parties de formation ou des formations à distance, arguant le fait qu’on n’a pas de locaux disponibles, puisqu’ils sont en mauvais état», a expliqué Youri Blanchet, président de la Fédération de l’enseignement collégial, affiliée à la CSQ.

«Dans les cégeps, le Vérificateur général du Québec soulève que deux établissements sur trois sont en mauvais état et que les investissements déjà prévus ne suffiront pas à renverser leur dégradation importante. Le gouvernement agit de façon irresponsable en laissant les choses aller», a critiqué Frédéric Brun, président de la Fédération des employé(e)s de services publics, affiliée à la CSN.

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