LOUISEVILLE — Critiqué pour avoir été absent sur le terrain après le passage de la tempête tropicale Debby il y a une semaine, le premier ministre François Legault a annoncé jeudi qu’il est prêt à élargir le programme d’aide aux sinistrés.
«J’ai suivi ça d’heure en heure (…), je pense que j’ai fait mon travail, ma job était de régler des centaines de problèmes», s’est-il défendu dans une mêlée de presse.
Il a toutefois fermé la porte aux municipalités qui réclament davantage de fonds pour l’adaptation climatique en les invitant plutôt à dépenser les sommes existantes qui dorment dans les enveloppes.
«Seulement une petite partie des fonds qu’on a mis à la disposition des municipalités a été dépensée», a-t-il argué.
M. Legault était à Louiseville, en Mauricie, où il a rencontré le maire Yvon Deshaies et d’autres maires de la région, qui tente de se remettre des pluies diluviennes de vendredi.
Pas besoin de l’armée
Au maire de Louiseville qui réclamait l’intervention de l’armée pour notamment nettoyer les débris, M. Legault a répondu: «pas besoin de l’armée pour (des renforts de) 12 personnes.»
Le maire a dit être déçu que le premier ministre ne visite pas certains des 250 résidants de sa municipalité dont le domicile a été inondé.
«Il aurait pu y aller (visiter des sinistrés), c’est certain que j’aurais aimé ça, je lui en aurais montré», a-t-il déclaré dans une mêlée de presse après la visite du premier ministre.
«Je suis déçu, mais je suis quand même pas pour lui tordre un bras», a-t-il admis, en laissant entendre que beaucoup de ses concitoyens sont en détresse et vivront des heures difficiles dans les prochaines semaines.
M. Legault a plutôt visité un centre de services du CIUSSS de la Mauricie dont le sous-sol a été complètement inondé.
Il restait peu de traces du sinistre dans l’immeuble, à part quelques flaques d’eau, un certain désordre et une forte odeur d’humidité. Des employés s’activaient à nettoyer et à sortir des débris.
Bonifier l’indemnisation
Le premier ministre a dit être prêt à déployer des «mesures exceptionnelles» pour fournir de l’aide financière aux sinistrés.
Il a indiqué que le gouvernement «était en train de regarder pour ajuster certains programmes».
L’enjeu est le suivant: les programmes actuels indemnisent en cas de sinistre causé par une inondation, mais n’indemnisent pas en cas de refoulement causé par une inondation, puisque ce genre de sinistre est assurable et les assureurs sont censés les couvrir, a-t-il résumé.
«À un moment donné, il faut se servir du gros bon sens», a plaidé M. Legault.
«On va s’assurer d’ajuster les programmes», a-t-il insisté.
Il a dit qu’il était conscient que les compagnies d’assurances étaient surchargées en ce moment et a invité la population à contacter la sécurité publique au 1 888 643-AIDE en cas de besoin.
Pas moins de 1500 personnes ont déjà déposé une demande d’aide au gouvernement, a-t-il précisé.
«Ça pétait de partout»
M. Legault faisait sa première apparition publique depuis le passage de Debby, qui a inondé quelque 2300 résidences et forcé l’évacuation de 464 personnes. Des infrastructures publiques ont également été abîmées.
Mitraillé de questions à savoir pourquoi il n’était pas allé sur le terrain plus tôt, il s’est justifié.
«Quand il y a des centaines d’endroits, est-ce que je vais dans Lanaudière? Est-ce que je viens en Mauricie? Est-ce que je vais à Québec? Est-ce que je vais en Montérégie? Entre guillemets, ça pétait de partout.»
À Louiseville, les rivières environnantes ont débordé dans les champs qui n’ont pu absorber toute l’eau, a-t-on expliqué.
Résultat: l’eau s’est engouffrée dans les sous-sols des résidences. Même l’aréna municipal a été inondé, tandis que la conduite d’eau potable a été rompue en raison d’un éboulis.
Des équipes d’employés municipaux de la Ville de Trois-Rivières sont venues prêter main-forte à Louiseville pour le ramassage des débris empilés dans les rues par les résidants.
Les précipitations causées par Debby ont atteint 200 mm en 24 heures par endroits. Les régions de Montréal, des Laurentides, de Lanaudière et de la Mauricie ont été touchées, bref une grande partie du sud du Québec.
Au plus fort de la tempête, vendredi soir, pas moins de 550 000 abonnés d’Hydro-Québec étaient sans électricité.
Selon M. Bonnardel, au total, le week-end dernier, 86 municipalités ont été touchées par les intempéries, mais mercredi, il en restait encore 34.
Il restait également 38 résidences inondées sur les 2300 qui ont été frappées. Il y a eu 464 personnes évacuées.
En outre, près de 170 routes ont été endommagées. L’autoroute 13 à Montréal a pu rouvrir jeudi matin, mais d’autres travaux seront nécessaires dans les prochaines semaines.
Les villes demandent plus
L’Union des municipalités du Québec (UMQ) a réclamé davantage de soutien financier pour les municipalités pour mettre en œuvre des mesures d’adaptation climatique
Il faudrait 2 milliards $ supplémentaires par année pour l’ensemble des municipalités, a soutenu la mairesse de Montréal, Valérie Plante.
Seulement pour Montréal, la mairesse réclame la moitié de cette somme.
Le gouvernement a déjà réservé plus de 5,6 milliards $ pour que les municipalités améliorent leurs infrastructures et combattent l’érosion des berges.
«C’est certain qu’à moyen ou long terme, il faudra penser à investir plus», a reconnu le premier ministre.
