Le gouvernement fédéral est indécis sur les primes à Radio-Canada/CBC

La Presse Canadienne
Le gouvernement fédéral est indécis sur les primes à Radio-Canada/CBC

OTTAWA — Le gouvernement libéral a dit vendredi ne pas encore avoir pris de décision sur l’octroi d’une prime à la direction de Radio-Canada/CBC après que le radiodiffuseur public eut supprimé des centaines d’emplois.

En raison de la Loi sur la protection des renseignements personnels, il appartiendra probablement à la directrice générale Catherine Tait de divulguer publiquement si elle en reçoit une prime, comme elle l’a fait par le passé pour l’exercice 2021-2022 lors d’une réunion du comité du Patrimoine canadien. Il n’a pas été rendu public si elle a reçu ou non une prime l’année suivante.

Le ministère du Patrimoine canadien a confirmé que le gouvernement réfléchit encore à la prime de 2023-2024, alors que Radio-Canada/CBC a dit vendredi qu’une décision n’a pas encore été prise au sujet de potentiel bonus de 2022-2023.

Les conservateurs ont cherché à obtenir le soutien d’autres partis pour appuyer leur demande de convoquer à nouveau Mme Tait devant le comité pour être interrogée.

«Si (le premier ministre Justin) Trudeau ne planifie pas donner à son PDG et CBC une prime massive avec l’argent du contribuable, alors il peut le dire clairement», a lancé la conservatrice Rachael Thomas dans un communiqué.

«Le refus d’en dire autant des libéraux vous dit tout ce que vous devez savoir; que malgré les nombreux échecs de Catherine Taits, les libéraux ont l’intention de donner à la directrice de la CBC qu’ils ont choisie une grosse prime pour avoir loyalement agi comme machine de propagande libérale.»

L’indépendance éditoriale de CBC/Radio-Canada vis-à-vis du gouvernement est inscrite dans la loi.

Le conseil d’administration de CBC/Radio-Canada a récemment approuvé plus de 18,4 millions $ de primes pour près de 1 200 employés, cadres et dirigeants pour l’exercice 2023-24.

De ce montant, plus de 3,3 millions $ ont été versés à 45 dirigeants

Jusqu’à présent, aucun autre parti ne s’est joint à cette demande, même si les députés du comité ont convenu à l’unanimité plus tôt cette année qu’étant donné les suppressions d’emplois, il serait inapproprié pour Radio-Canada/CBC d’accorder des primes aux membres de la direction.

«Beaucoup de choses peuvent arriver d’ici au retour au comité, alors je ne peux pas vous dire quelle position j’aurai quand une motion pour inviter Mme Tait sera débattue», explique l’élu bloquiste Martin Champoux, qui participe au comité du Patrimoine.

«Pour l’instant, je demande aux libéraux de révéler s’ils ont approuvé ou non le bonus de Mme Tait et de demander des justifications au conseil d’administration de Radio-Canada/CBC».

Les néo-démocrates n’ont pas répondu aux nombreuses demandes de commentaires sur leur souhait de voir Mme Tait témoigner devant la commission.

Un porte-parole de M. Trudeau a refusé de commenter les primes.

Le ministère du Patrimoine canadien a refusé de s’exprimer publiquement sur ce propos avec La Presse Canadienne cette semaine. Le ministère a d’abord renvoyé toutes les questions au Bureau du Conseil privé, affirmant qu’il ne pouvait répondre à aucune question liée à la prime potentielle de Mme Tait en raison des lois sur la protection de la vie privée.

Vendredi, le ministère a confirmé réfléchir encore à la décision d’approuver la rémunération au rendement de Mme Tait, mais a de nouveau cité les lois sur la protection de la vie privée pour dire que la décision ne serait pas rendue publique.

Il revient au gouvernement fédéral d’approuver une prime pour Mme Tait à la suite d’un examen de ses performances et de recommandations par la direction de Radio-Canada/CBC.

«Pour les institutions vitales comme celle-ci, il est essentiel d’examiner attentivement les recommandations du conseil et de collaborer étroitement avec les fonctionnaires pour s’assurer que les procédures appropriées sont suivies», a déclaré le cabinet de la ministre du Patrimoine dans un communiqué vendredi.

«La ministre prendra le temps nécessaire pour mettre en place des processus d’évaluation corrects, tout en veillant à ce que le gouvernement suive les meilleures pratiques en matière de ressources humaines et respecte les exigences strictes de la loi sur la protection de la vie privée». La ministre du Patrimoine, Pascale St-Onge, n’a pas pu être jointe pour une interview.

En mai, Mme Tait a déclaré à la commission du patrimoine de la Chambre des représentants qu’elle avait reçu sa dernière prime pour l’exercice 2021-22 et qu’elle n’avait pas encore reçu de rémunération au rendement pour l’exercice 2022-23.

L’échelle salariale de Mme Tait se situe entre 468 900 $ et 551 600 $, et le gouvernement fixe sa prime entre 7 % et 28 % de son salaire, si elle atteint certains objectifs de rendement.

Le ministère du Patrimoine canadien n’a pas voulu dire si elle avait atteint ces objectifs.

«Les libéraux cherchent désespérément à éviter de dire aux Canadiens en difficulté qu’ils vont devoir payer à la ministre une prime de 149 000 $ cette année, en plus de son salaire de base d’environ un demi-million de dollars, a déclaré M. Thomas. Il est clair que même les libéraux savent que c’est indéfendable, puisqu’ils évitent de donner une réponse».

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