Des pêcheurs s’inquiètent de voir de nombreux cormorans

David Fillion dfillion@canadafrancais.com

Des pêcheurs s’inquiètent de voir de nombreux cormorans
Les cormorans peuvent s'observer par petits groupes, mais peuvent aussi se rassembler par milliers. (Photo : (Photo : Le Canada Français - Archives))

Certains pêcheurs de la région s’inquiètent de la présence du cormoran et de l’impact négatif qu’il peut avoir sur les populations de poissons de la rivière Richelieu. Le ministère de l’Environnement, de la Lutte aux changements climatiques, de la Faune et des Parcs (MELCCFP) n’a pas cette préoccupation et affirme qu’il y a actuellement des tendances à la hausse quant aux populations locales de poissons.

Pouvoir plonger tête première pendant une moyenne de 50 secondes, aller à près de 10 mètres de profondeur et manger près d’un kilo de poissons par jour est la réalité de milliers de cormorans qu’on observe sur la rivière Richelieu.

Aux yeux de Jacques Labelle, pêcheur depuis presque 75 ans, cette réalité est toutefois problématique, car il remarque que lesdits oiseaux sont de plus en plus nombreux sur la rivière. Le pêcheur vétéran établit un lien entre leur présence et son observation personnelle d’une diminution dans les populations de poissons du Richelieu.

« Ce sont des oiseaux migra- teurs. La Loi les protège, mais ils sont en train de vider la rivière […] Ils savent que le lunch est là ! » s’exclame M. Labelle.

D’après le MELCCFP, le cormoran n’est toutefois pas une espèce qui nuit aux populations de poissons du cours d’eau. L’oiseau n’est pas considéré comme envahissant, et le ministère estime qu’il n’est pas anormal de voir ces oiseaux par milliers dans la région.

« Le corridor du fleuve Saint-Laurent et celui de la rivière Richelieu-lac-Champlain sont des voies migratoires connues en fin de période estivale et en automne pour la migration des oiseaux vers le sud », précise Jordan Ouellet, conseiller en communication et relationniste régional du ministère. 

Quantités

D’après le plus récent Rapport d’opération du Réseau de suivi ichtyologique : secteur Haut-Richelieu du MELCCFP, plusieurs espèces ont connu une hausse de population.

C’est particulièrement le cas de la perchaude et de la tanche, dont les populations ont respectivement bondi de 3 et de 6 fois en 6 ans. Seule une baisse marquée dans la population du grand brochet a été enregistrée durant cette période.

Malgré tout, M. Labelle estime qu’il ne faut pas que le ministère tarde d’agir et qu’il faut rapidement se pencher sur la présence envahissante du cormoran. « On ne gère pas l’affaire au bon moment. On va attendre qu’il ne reste plus de poissons dans la rivière avant de faire quelque chose », déplore le pêcheur accablé par cette réalité.

Contrôle

Dans certaines régions de la France, plusieurs moratoires de pêches ont été instaurés à cause du cormoran, et ce, depuis plusieurs années déjà. Par endroits, l’oiseau peut même être chassé sans restriction, car il est considéré comme une espèce envahissante.

Au début de la décennie 2010, au lac Saint-Pierre, l’oiseau a eu un tel impact sur la population de perchaudes que le contrôle par abattage a été permis durant quelques années.

Pour l’instant, aucune information ne mentionne que les autorités provinciales ou fédérales considèrent que le cormoran est nuisible ou envahissant dans l’environnement du Haut-Richelieu.

Données

Les dernières données du MELCCFP concernant les populations de poissons du Haut-Richelieu ont été diffusées dans un rapport dont la dernière version date de mai 2022. 

Jacques Labelle est d’avis que malgré les chiffres recueillis par le ministère, la situation est préoccupante, car le cormoran semble proliférer au point d’en être nuisible. Il n’entend pas cesser de faire des démarches pour signaler la situation aux autorités gouvernementales.

Au fil du temps, cela pourrait s’avérer intéressant, car en dehors des pêches scientifiques, les variations des populations de poissons peuvent être mises en lumière par des « pêcheurs sportifs [qui] rapportent leurs observations aux autorités gouvernementales », souligne Jordan Ouellet.

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