Baisse d’achalandage dans les salons de tatouage

Marianne Lafleur mlafleur@canadafrancais.com

Baisse d’achalandage dans les salons de tatouage
Michael Duquet œuvre dans l'industrie du tatouage depuis 25 ans. Il a remarqué une baisse de la clientèle dans les dernières années. (Photo : (Photo Le Canada Français - Laurianne Gervais-Courchesne))

Les studios de tatouage connaissent une baisse de popularité depuis les dernières années et ceux situés à Saint-Jean-sur-Richelieu n’y font pas exception. Bien que leur clientèle fait face à des difficultés économiques, le problème semble plutôt résider dans l’absence de normes québécoises et dans la trop grande accessibilité à l’équipement.

Les trois salons de tatouage rencontrés par Le Canada Français abondent dans le même sens: leur clientèle a considérablement diminué depuis la pandémie. Au Studio VIP, par exemple, le temps d’attente pour avoir un rendez-vous s’est fortement réduit, passant de sept mois à un ou deux mois. Les annulations sont également plus récurrentes.

Rappelons qu’il y a quelques années, le VIP était le seul studio de tatouage à Saint-Jean-sur-Richelieu. La multiplication de studios aurait contribué à la dilution de leur clientèle.

Selon Didier Palin, gérant au Studio Black Hours, le problème n’est pas l’intérêt pour le tatouage, mais plutôt la précarité économique. « Ceux que ça fait plus de 15 ans qui tatouent et qui ont leur clientèle établie le ressentent un peu moins, mais ça parait plus pour nos artistes qui ont moins d’expérience. La demande est moins là. Il y a plus tendance à avoir des annulations », commente-t-il.

« Oui, on est un luxe. Personne n’a besoin de ça, un tatouage, un perçage ou un bijou dans sa vie, mais ça reste qu’on a toujours eu un bon marché. Depuis deux ans, je suis passé d’un an d’attente à six ou sept mois d’attente », renchérit Michael Duquet, tatoueur expérimenté au studio L’encre des encres.

Les trois commerces affirment ne pas ressentir de rivalité entre les différents salons établis dans la ville puisque chacun se spécialise dans des styles de tatouages différents.

Tatouage maison

La pandémie n’aura pas seulement permis de se découvrir de nouvelles passions. Elle aura aussi contribué à la démocratisation de plusieurs métiers, tels que celui de tatoueur. 

« Les gens se sont improvisés tatoueurs parce que nous, étant travailleurs légaux avec un salon de tatouage, on n’avait pas le droit de travailler. On était obligés de fermer le magasin, donc il y a beaucoup de nos clients qui se sont improvisés tatoueurs », relate M. Duquet. 

Il est désormais possible de se trouver de l’équipement maison pour une vingtaine de dollars sur des sites d’achat en ligne comme Amazon. Difficile donc de rivaliser avec des tatoueurs expérimentés qui paient 1000$ pour leur ensemble à tatouages et chargent des centaines de dollars par œuvre. « C’est un gros problème pour les gens qui paient de l’impôt et des taxes comme nous et qui travaillent dans un studio de tatouage », plaide M. Duquet. Il déplore que la notoriété des tatoueurs a disparu.

Les artistes passent donc plus de temps à réparer le travail des autres. « Beaucoup de monde nous arrive avec des tatouages qui ont été faits par quelqu’un qui ne savait pas le faire et avec le mauvais équipement. Je suis pas mal certain que ça doit avoir un impact aussi. Il y a du monde qui pense économiser de l’argent en faisant ça, mais au final, ils n’ont pas le résultat qu’ils voulaient », ajoute M. Palin.

Depuis trois ans environ, L’encre des encres passe beaucoup de temps à réparer le travail des tatoueurs maison. Le studio fait des covers up toutes les semaines, tandis qu’il en faisait au mois il y a une dizaine d’années.

Manque de normes

« Le vrai problème dans le tatouage au Québec, c’est le fait qu’on n’a pas de normes gouvernementales », martèle M. Duquet. Contrairement aux États-Unis ou à d’autres provinces canadiennes, aucun inspecteur ne vérifie la salubrité des studios de tatouage et rien n’encadre la pratique du métier.

« Personne ne rentre dans les studios pour voir si on est salubre ou pas », s’indigne le tatoueur qui s’inquiète du fait que de nombreuses infections peuvent être transmises si les précautions nécessaires ne sont pas prises. 

Que ce soit pour des gants ou pour des instruments de stérilisation, les prix pour l’équipement sanitaire ont bondi durant la pandémie, affaiblissant les tatoueurs qui peinent déjà à bien vivre de leur art.

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