OTTAWA — L’avocate de Chris Barber, organisateur du «convoi de la liberté», a plaidé lundi à une juge qu’une ordonnance du tribunal interdisant de klaxonner dans le centre-ville d’Ottawa pendant la manifestation n’était pas suffisamment claire.
M. Barber et sa coaccusée, Tamara Lich, se défendent contre des accusations de méfait, d’intimidation et de conseil à autrui d’enfreindre la loi. M. Barber fait face à l’accusation supplémentaire d’avoir conseillé à autrui de désobéir à une ordonnance du tribunal en encourageant les manifestants à klaxonner.
Dans une vidéo publiée sur le réseau social TikTok pendant la manifestation, M. Barber a demandé aux autres manifestants de baisser leur klaxon en raison de l’ordonnance du tribunal, mais a ajouté que si une grande masse de policiers se présentait, ils devraient pousser leurs klaxons et ne pas s’arrêter.
«Pesez sur ce klaxon, ne le lâchez pas, lorsque vous voyez cette force massive de policiers se diriger vers vous», a répété M. Barber dans la vidéo, qui a été diffusée au tribunal plusieurs fois tout au long du procès.
Son avocate, Diane Magas, a rappelé dans ses plaidoiries finales qu’il y avait des exceptions à l’ordonnance, y compris les urgences.
«Il y a une ambiguïté sur la portée de l’exception », a-t-elle relevé, suggérant que son client essayait d’expliquer les limites de l’ordonnance du tribunal «dans ses propres mots».
Cette exception n’était pas claire, a-t-elle soutenu, affirmant que la menace d’une arrestation illégale par la police antiémeute pouvait avoir constitué une urgence dans l’esprit de M. Barber.
«C’est un peu exagéré», a répliqué la juge Heather Perkins-McVey lorsque Me Magas a présenté l’argument, lundi.
Dans les jours précédant la vidéo sur TikTok, les publications de M. Barber sur les réseaux sociaux suggéraient qu’il avait de plus en plus peur de voir la police antiémeute se présenter et encercler les manifestants — une pratique controversée des forces de l’ordre qui consiste à rassembler et à contenir de grandes foules dans une zone limitée, a soutenu son avocate.
Elle a noté qu’il est acceptable de résister à une arrestation si celle-ci est «illégale».
Me Magas a également émis des doutes quant à savoir si tout ce que M. Barber avait à dire sur la question avait été retenu comme preuve. Toutes ses vidéos TikTok n’ont pas été présentées comme preuves, et Me Magas a fait valoir que celles qui n’ont pas été révélées au tribunal pourraient contenir des messages cruciaux et exonératoires.
La manifestation elle-même a duré six semaines, alors que des foules massives de manifestants et des milliers de gros camions bloquaient les intersections du centre-ville d’Ottawa près de la colline du Parlement et des quartiers résidentiels voisins.
Les klaxons incessants à toute heure du jour ont été un élément important tout au long du rassemblement, bien que le tribunal ait entendu que le bruit a quelque peu diminué après que l’ordonnance du tribunal a interdit les klaxons.
Lundi marque le quatrième jour des plaidoiries finales dans le procès pénal des deux organisateurs, un procès juridiquement compliqué et marqué par des dizaines d’interruptions et de reprises depuis son début, en septembre dernier.
La salle d’audience est restée bondée de partisans, dont certains ont assisté eux-mêmes à la manifestation.
Me Magas a déclaré au tribunal la semaine dernière que son client n’était pas responsable des actions individuelles des participants à la manifestation.
Lundi, elle a cité plusieurs exemples de tentatives de M. Barber d’aider la police à déplacer des camions et d’autres véhicules hors des routes secondaires résidentielles et à débloquer des rues.
«Chaque manifestation bloque des rues», a rappelé Me Magas à la fin de sa plaidoirie. Elle a ajouté que M. Barber avait fait tout ce qu’il pouvait pour «participer à une manifestation légale, (qu’il) a essayé d’aider à s’assurer qu’elle reste légale… Il n’avait pas le devoir positif de partir ou de dire aux gens d’arrêter de manifester s’ils manifestaient légalement».
Les manifestations, a-t-elle dit ensuite, n’ont pas de limite de temps.
La Couronne a déjà dit au tribunal que Mme Lich et M. Barber avaient sciemment «franchi la limite» entre la protestation légale et le méfait illégal. La Couronne aura l’occasion de répondre aux arguments de la défense avant la fin du procès.
Le procès devrait se poursuivre mardi, lorsque les représentants légaux de Mme Lich présenteront leurs plaidoiries finales.