Des groupes propalestiniens réclament la démission du patron de Fierté Montréal

Stéphane Blais, La Presse Canadienne
Des groupes propalestiniens réclament la démission du patron de Fierté Montréal

MONTRÉAL — Des manifestants «queers de conscience» et propalestiniens réclament la démission du directeur général de Fierté Montréal, une organisation qui, selon eux, soutient le génocide palestinien. Ils accusent aussi les policiers montréalais d’avoir agressé certains de leurs membres et reprochent aux médias d’avoir passé sous silence ces présumées agressions.

Des représentants des groupes Helem Montréal, Mubaadarat, Voix juives indépendantes Montréal (VJI) et Faction anti génocidaire et solidaire (F.A.G.S.) ont convié les médias mardi matin, sous un chapiteau arborant le «Drapeau de la Fierté inclusif-intersexe» et le drapeau palestinien, dans le Village, à Montréal.

«Nous sommes ici à Tio’tia :ke, soi-disant Montréal, pour corriger un peu, ou beaucoup, tout ce qui a été dit dans les médias «mainstreams» par rapport à ce qui s’est passé pendant la semaine de la Fierté et pendant la parade», a lancé Mariam Mannai, du groupe Mubaadarat, représentant des personnes LGBT+ arabophones.

Mariam Mannai faisait ainsi référence aux manifestants propalestiniens qui ont fait entrave au défilé de la Fierté à Montréal, le 11 août dernier, et qui ont nécessité une intervention policière.

Le plus long blocus a duré près d’une heure, a raconté Rebecca Lavoie, porte-parole de F.A.G.S., le principal groupe qui a perturbé le défilé.

«On s’est placé en face du char d’eau pétillante Bubly et du contingent de Fierté Montréal», a-t-elle indiqué en dénonçant l’entreprise Pepsi, propriétaire de Bubly, qu’elle accuse de soutenir Israël.

Les groupes accusent Fierté Montréal d’être commanditée par plusieurs entreprises et organisations «sionistes».

«Le contingent de la F.A.G.S. a quant à lui été victime d’une brutalité policière sévère. Le SPVM a physiquement agressé les manifestant·e·s, détruit des bannières et proféré des menaces», peut-on lire dans un compte-rendu écrit diffusé par les groupes.

Afin d’appuyer leurs prétentions, les quatre groupes ont transmis aux médias des photos qui présentent «certains actes de brutalité policière», selon Rebecca Lavoie.

Certaines des photos transmises traduisent une ambiance tendue entre manifestants et policiers qui se font face lors du défilé, mais aucune ne semble montrer d’actes de brutalité.

Sur l’une des cinq photos, un policier tient dans une main ce qui semble être une bonbonne de gaz irritant.

Le Service de police de la Ville de Montréal n’avait pas encore réagi aux allégations des groupes militants au moment de publier cet article.

Demande de démission du dg de Fierté Montréal

Lors des altercations, aucune arrestation n’a eu lieu. Les équipes de Fierté Montréal avaient indiqué, le 11 août, qu’elles avaient, en compagnie des policiers, négocié avec les manifestants pour que cessent les entraves au défilé.

Mais les militants avaient une autre version de l’histoire à offrir mardi matin dans un communiqué.

«Les affirmations de Fierté et du SPVM concernant une résolution pacifique sont des mensonges flagrants. Leurs actions démontrent une priorité accordée aux intérêts corporatifs plutôt qu’à la sécurité et au bien-être des personnes queers», affirme-t-on.

Les groupes présents lors de la conférence de presse soutiennent qu’ils se sont engagés, pendant plusieurs mois, dans des discussions avec Fierté Montréal pour que l’organisation coupe ses liens «avec les commanditaires et participants sionistes du Festival», mais que celle-ci a refusé leurs demandes.

Selon Helem Montréal, Mubaadarat, Voix juives indépendantes Montréal (VJI) et Faction anti génocidaire et solidaire (F.A.G.S.), «les vraies et uniques préoccupations de Fierté étaient de protéger leur image et leurs commanditaires, et non d’amplifier les voix des communautés 2SLGBTQIA+ pour assurer leur représentation, leur inclusion et la reconnaissance de leurs droits dans la société».

Les groupes demandent aujourd’hui «des excuses publiques de la part de Fierté Montréal pour avoir déployé des policier·ère·s violent·e·s contre nous» et réclament aussi la démission du directeur général de Fierté Montréal, Simon Gamache.

«Pinkwashing» et «homonationalisme»

Les militants «queers de conscience» et propalestiniens dénoncent en outre «l’influence des entités sionistes, impérialistes, colonialistes et corporatives qui ont tenté de s’approprier nos luttes par le pinkwashing, l’homonationalisme et la corporatisation».

Lors de la conférence de presse, La Presse Canadienne a demandé aux porte-parole des groupes pour quelles raisons ceux-ci souhaitaient tant faire partie du défilé de la Fierté du 11 août, si l’organisation derrière l’événement ne représente pas leurs valeurs.

«La Fierté n’est pas le seul groupe qu’on dénonce. Vous avez vu les manifestations qu’on a faites contre les universités, contre les banques», a d’abord répondu Zev Sltiel, porte-parole du groupe Voix juives indépendantes Montréal.

«La Fierté est censée être une célébration pour toutes les personnes queers et LGBT, mais en prenant cette position, elle nous laisse en dehors» et «c’est tellement important, une journée par année, que la communauté arabe et musulmane puisse prendre sa place comme personne queer et LGBT», a ajouté Zev Sltiel.

Fierté Montréal n’a pas souhaité réagir aux demandes et déclarations des militants mardi.

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