Violences: Des Premières Nations du Manitoba demandent des restrictions sur l’alcool

Brittany Hobson, La Presse Canadienne
Violences: Des Premières Nations du Manitoba demandent des restrictions sur l’alcool

WINNIPEG — Les chefs des Premières Nations du nord du Manitoba demandent des restrictions sur les achats d’alcool à la suite d’une augmentation des crimes violents, notamment une série d’agressions au couteau dans une communauté au cours du week-end.

«Quand quelqu’un entre dans un magasin d’alcool et achète une caisse de bouteilles de 60 onces… il s’agit manifestement de contrebande», a fait valoir mardi la grande cheffe par intérim Angela Lavasseur, de Manitoba Keewatinowi Okimakanak.

«Où est la réglementation ? Pourquoi le gouvernement aide-t-il et encourage-t-il les contrebandiers en permettant aux gens d’acheter ces quantités massives d’alcool sans permis ?»

Le groupe de défense des droits de certaines Premières Nations du nord du Manitoba a déclaré avoir constaté une augmentation de 40 % des actes de violence dans les communautés qu’il représente depuis 2021.

Mme Levasseur appelle les gouvernements fédéral et provincial à arrêter le flux de drogues illicites et d’alcool dans ces communautés.

Elle a ajouté que certains des facteurs qui ont contribué à la hausse de la violence comprennent la pauvreté, les dépendances et les problèmes de santé mentale.

«Nous ne voyons pas assez de travail effectué en termes de guérison tenant compte des traumatismes et culturellement appropriée», a-t-elle soutenu.

La nation crie O-Pipon-Na-Piwin, également connue sous le nom de South Indian Lake, a récemment imposé un couvre-feu et déclaré l’état d’urgence après qu’au moins deux personnes ont été blessées par des coups de couteau au cours de la fin de semaine, dont une qui a été transportée à l’hôpital de Thompson.

La Gendarmerie royale du Canada (GRC) a déclaré précédemment qu’une victime de coups de couteau avait été emmenée dans la ville du nord avec des blessures ne mettant pas sa vie en danger et qu’un suspect avait été arrêté, tandis qu’une autre personne était soignée au poste de soins infirmiers de la communauté pour une blessure à la main faite par couteau.

Au cours des prochaines semaines, la Première Nation doit imposer un couvre-feu de 22 h à 6 h pour toutes les personnes de moins de 18 ans et de minuit à 6 h pour les adultes.

La communauté a également mis en place un point de contrôle pour rechercher des drogues, de l’alcool et des armes pendant que le couvre-feu est en vigueur. La cheffe Shirley Ducharme a attribué l’escalade de la violence à la consommation de drogue et d’alcool.

Elle a affirmé que la crise n’est pas survenue du jour au lendemain, mais qu’elle est le résultat de décennies de négligence systémique, de mépris des droits des Premières Nations et d’exploitation des terres des Premières Nations par les gouvernements provinciaux et fédéral.

«Ces actions ont créé de profondes répercussions sociales contribuant au traumatisme intergénérationnel et multigénérationnel», a insisté Mme Ducharme.

Elle a déclaré que les gouvernements doivent travailler en collaboration avec les Premières Nations pour produire des solutions communautaires ancrées dans la culture et la tradition.

«L’ère des solutions temporaires et du soutien superficiel doit prendre fin.»

Les gouvernements provincial et fédéral n’ont pas répondu à une demande immédiate de commentaires mardi.

Financer un service de police

Mme Levasseur plaide également pour que des fonds fédéraux soient consacrés à un service de police des Premières Nations dans le nord du Manitoba.

«Nous savons mieux que quiconque comment surveiller aux mieux nos communautés des Premières Nations. Si le gouvernement veut arrêter de voir des manchettes comme celle-ci, il doit intervenir et fournir à notre communauté les ressources, le financement et le soutien nécessaires pour mettre fin à cette violence», a-t-elle argué.

Manitoba Keewatinowi Okimakanak estime qu’il y a une poignée de Premières Nations dans le Nord qui n’ont pas de détachement de la GRC à temps plein. Au lieu de cela, les communautés sont desservies par des patrouilles de la GRC, ce qui peut entraîner le chaos, a relevé Mme Levasseur.

Le Service de police des Premières Nations du Manitoba compte huit détachements dans la province, dont un dans une Première Nation du Nord.

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