OTTAWA — Une coalition d’associations de gens d’affaires demande au gouvernement fédéral d’empêcher un arrêt de travail dans les deux plus grandes compagnies de chemin de fer du Canada.
La fermeture progressive des réseaux de la Compagnie des chemins de fer nationaux du Canada (le CN) et de la Compagnie du Canadien Pacifique Kansas City (la CPKC) est déjà en cours, alors que le temps presse dans les négociations avec la Conférence ferroviaire Teamsters Canada.
Si aucune entente n’est conclue dans les prochaines heures, le service ferroviaire des deux entreprises pourrait être interrompu à minuit une jeudi.
Dans une déclaration commune, mercredi, la Chambre de commerce du Canada, le Conseil canadien des affaires, la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante et les Manufacturiers et exportateurs du Canada affirment qu’Ottawa doit «prendre des mesures immédiates» pour assurer le maintien des services ferroviaires.
Ces associations soutiennent que le ministre fédéral du Travail peut transmettre le différend au Conseil canadien des relations industrielles, en vue d’un arbitrage exécutoire pour «interdire une grève ou un lock-out ou mettre fin à l’arrêt de travail en cours jusqu’à ce que le conflit soit réglé».
Par ailleurs, les associations de chefs d’entreprises suggèrent au gouvernement de convoquer le Parlement et de présenter une loi de retour au travail.
Les travaux à la Chambre des communes doivent reprendre normalement dans près d’un mois, le 16 septembre.
Le ministre du Travail, Steven MacKinnon, a souligné à plusieurs reprises que les parties devaient conclure une entente négociée, plutôt que de compter sur une intervention fédérale, comme l’adoption d’une loi spéciale de retour au travail.
Interrogé là-dessus à Gatineau, mercredi matin, Justin Trudeau a indiqué que le ministre MacKinnon avait rencontré les deux parties mardi et qu’il était maintenant à Calgary «pour continuer le travail».
«Mon message est très clair: c’est dans l’intérêt des deux côtés de faire le travail et de trouver une résolution à la table de négociations, a dit le premier ministre. Des millions de Canadiens, de travailleurs, d’agriculteurs, d’entreprises comptent sur ces négociations pour faire rouler l’économie canadienne de la bonne façon.»
Marchandises et trains de banlieue
Selon les experts, la grève de 9300 employés du CN et de la CPKC serait sans précédent, car il s’agirait du premier arrêt de travail simultané des deux plus grandes sociétés ferroviaires du pays.
Leurs trains transportent quotidiennement des marchandises d’une valeur combinée d’un milliard de dollars, du canola aux appareils électroniques grand public, selon l’Association des chemins de fer du Canada.
Les compagnies de chemin de fer américaines CSX et Norfolk Southern ont fermé leurs portes à la plupart des expéditions transfrontalières, tandis que des géants du transport maritime comme Hapag-Lloyd ont élaboré des «plans d’urgence», alors que d’autres réacheminent leurs marchandises autrement.
Plus de 32 000 usagers des trains de banlieue à travers le pays, comme ceux d’Exo dans la région de Montréal, devront également trouver une alternative en cas d’arrêt de travail à la CPKC.
Des sociétés de transport en commun ont prévenu que certaines lignes de trains de banlieue qui circulent sur les voies de la CPKC à Montréal, Toronto et Vancouver seront suspendues si les répartiteurs quittent le travail.
Les lignes Candiac, Saint-Jérôme et Vaudreuil/Hudson d’Exo, dans la grande région de Montréal, seraient touchées par ce conflit de travail à la CPKC. Exo assure qu’aucun impact n’est toutefois prévu pour les lignes Mont-Saint-Hilaire et Mascouche, qui circulent sur le réseau du CN.
La ligne de transport en commun «West Coast Express» de TransLink dans la région de Vancouver, la ligne «Milton» de Metrolinx et la ligne «Lakeshore» de GO à Hamilton, dans la région du Grand Toronto, seraient aussi touchées.
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