TORONTO — Les principaux partis politiques en Ontario ont passé l’été à se choisir des candidats, à organiser des «écoles de campagne» et à faire du porte-à-porte, depuis que certaines remarques du premier ministre ce printemps ont alimenté les rumeurs d’élections anticipées.
Les élections à date fixe dans cette province devraient n’avoir lieu qu’en juin 2026, mais Doug Ford a déclenché une petite sonnette d’alarme dans les cercles politiques, en mai dernier, lorsqu’il a refusé à plusieurs reprises de s’engager à respecter cet échéancier. Talonné en conférence de presse, il s’est contenté de dire qu’il voulait s’assurer de respecter son programme et de tenir les promesses faites par son gouvernement progressiste-conservateur, majoritaire à Queen’s Park.
Les codirecteurs de la campagne libérale, Genevieve Tomney et Chad Walsh, qui devraient officiellement être nommés à leurs postes prochainement, se sont alors regardés et ont dit: «Il est temps d’y aller maintenant», a déclaré Mme Tomney en entrevue.
«On s’est un peu mis en mode «campagne électorale estivale», a-t-elle déclaré. Je compare parfois les campagnes à un iceberg, où une grande partie du travail se fait sous la surface. Mais nous nous préparons à une fin d’été assez importante jusqu’à l’automne.»
Une partie de ce travail moins visible consiste à lancer des appels à d’éventuels employés et bénévoles de campagne. L’époque où le gouvernement libéral majoritaire disposait d’une armée de campagne prête à se lancer est révolue – la plupart de ces volontaires font autre chose ou se sont tournés vers le secteur privé. «Réunir tous ces gens est aussi une sorte d’énorme effort de bénévolat et de ressources humaines», a déclaré Mme Tomney.
Une partie plus publique des préparatifs comprend la nomination de candidats. Les libéraux commencent par nommer leurs députés sortants qui veulent revenir, mais cela ne remplira que neuf des 124 circonscriptions. La tâche est donc ardue, d’autant plus qu’on ne sait pas exactement combien de temps il reste – les élections ont tendance à avoir lieu à l’automne ou au printemps. Mme Tomney a déclaré que les libéraux se concentrent sur trois grands scénarios: l’automne prochain, le printemps 2025 et le printemps 2026, comme prévu dans la loi.
M. Ford a déclaré à la station de radio d’Ottawa CFRA qu’il n’y aurait pas d’élections cet été ou cet automne, «100 % sûr». Mais des partis comme le NPD ne se fient pas là-dessus.
«Nous allons nous préparer comme si c’était à l’automne», a déclaré la cheffe néo-démocrate, Marit Stiles, dans une entrevue. «Si ce n’est pas cet automne et que c’est, disons, le printemps prochain, nous serons encore plus prêts.»
Comme en 2022 ?
Laryssa Waler, ancienne directrice des communications de M. Ford et fondatrice de la firme Walman Strategies, estime qu’une élection au printemps 2025 semble plus probable qu’à l’automne prochain.
«Vous avez vu comment les dernières élections ont été déclenchées: c’était essentiellement un référendum sur le budget que [les conservateurs] venaient de présenter et ils ont remporté encore plus de sièges», a-t-elle déclaré dans une entrevue. «Je ne serais donc pas surprise qu’ils fassent quelque chose de semblable, car ça a très bien marché la dernière fois.»
Le NPD, qui compte 28 députés, avait commencé un peu à planifier sa campagne électorale plus tôt cette année, mais les commentaires de M. Ford «ont donné un coup d’accélérateur», a admis Mme Stiles. L’été est toujours une bonne période pour les députés d’aller à la rencontre de leurs électeurs, et cette année, les politiciens et les bénévoles frappent aux portes, a déclaré la cheffe néo-démocrate.
«Dans de nombreuses circonscriptions, où nous n’avons pas déjà de députés, et où nous n’avons même pas encore de candidat (les organisateurs) font du porte-à-porte cet été. Ils essaient de couvrir le plus de circonscriptions possible. Beaucoup d’entre eux essaient de couvrir toute la circonscription (…) avant l’automne.»
Le NPD organise également des «écoles de campagne» cet été pour enseigner aux membres des associations de circonscription locales comment mener une campagne électorale, afin que le parti soit prêt sur le terrain, localement, et pas seulement au niveau provincial, a déclaré Mme Stiles.
Les deux partis d’opposition travaillent également sur des publicités pour aider à présenter leurs chefs aux électeurs, car ce sera leur première élection générale provinciale.
Le Parti vert, qui détient maintenant deux sièges à l’Assemblée législative, a également été occupé au cours des deux derniers mois. «Nous avons passé l’été à constituer des équipes de mobilisation locales et à renforcer notre capacité de terrain dans des circonscriptions ciblées à travers la province, notre chef et nos chefs adjoints participant à des campagnes de campagne régulières dans les circonscriptions», a écrit la directrice générale, Jaymini Bhikha, dans un courriel.
«Nous nous préparons également à ouvrir les candidatures dans un avenir très proche.»
Les progressistes-conservateurs détiennent actuellement 78 sièges à Queen’s Park, ils ont donc un avantage considérable lorsqu’il s’agit de présenter 124 candidats pour des élections générales. Le parti est également en avance dans les sondages et recueille plus de contributions que les autres, a souligné Mme Waler, ce qui est un facteur important quand on se prépare aux élections. De plus, ils effectuent constamment des sondages et des collectes de données, a-t-elle déclaré.
Les membres du caucus conservateur ont également fait du porte-à-porte cet été, mais M. Ford les encourage à le faire toute l’année, peu importe le moment du cycle électoral, a déclaré Mme Waler. «L’aspect pratique, c’est que vous savez ce que pensent vos électeurs toute l’année», a-t-elle souligné.
«Je pense que (le parti) a tiré beaucoup de leçons de l’époque où il était dans l’opposition, des choses qu’il va toujours s’assurer de faire, c’est-à-dire la collecte de données et de fonds. Ils ne seront plus jamais pris au dépourvu.»
