Une poissonnière mettra en vente le thon rouge de 850 livres qu’elle a pêché

Stéphane Blais, La Presse Canadienne
Une poissonnière mettra en vente le thon rouge de 850 livres qu’elle a pêché

MONTRÉAL — Une poissonnière de Rimouski, qui a pêché un thon rouge de 850 livres (385 kilogrammes) dans le golfe du Saint-Laurent, mettra en vente sa prise jeudi.

Sarah Landry n’a rien contre le thon rouge qu’on retrouve habituellement dans les restaurants et poissonneries du Québec.

Mais celui qu’elle a pêché il y a quelques jours, «c’est le Bluefin, c’est une autre qualité, ce n’est pas la même chose, c’est tellement de la belle viande qu’on ne veut pas en congeler pour l’hiver».

Alors elle mettra les pièces du poisson en vente jeudi matin et «s’il en reste jeudi soir, il n’en restera pas beaucoup, ça devrait être une très bonne journée», a lancé l’entrepreneure qui a pêché un poisson qui pèse environ sept fois plus que son propre poids.

«En moyenne, c’est 500 ou 600 livres, mais à 850 livres, ça commence à être gros, c’est le plus gros dont j’ai entendu parler.»

Le Bluefin est la sorte de thon rouge l’a plus prisée des chefs cuisiniers et les tests de qualité effectués sur la chaire du colosse de 850 livres révèlent un Grade A.

«C’est une qualité exceptionnelle, avec le beau rouge et le goût parfait, parfait», a indiqué Sarah Landry à La Presse Canadienne.

Sortir en mers pour pêcher le thon, le transporter, le faire débiter par des professionnels et réaliser les tests de qualité, «ça coûte dans les cinq chiffres», a expliqué l’entrepreneure.

«Nous, on le détaille à 35,95 $ la livre au consommateur», a-t-elle ajouté, en précisant qu’il restera 475 livres de viande à sa proie une fois la carcasse enlevée.

Un long combat

L’histoire de pêche a débuté pendant la nuit jeudi dernier, dans les eaux du golfe du Saint-Laurent près de l’île Miscou au Nouveau-Brunswick, environ cinq minutes après avoir lancé à l’eau une ligne appâtée avec du maquereau fraîchement pêché.

Si le thon a rapidement mordu à l’appât, le sortir de l’eau a été au contraire «un combat de longue haleine», qui a duré près d’une heure et demie.

«Il faut être capable de l’écouter un peu. Quand il se met à trop tirer, faut lui donner du lousse, pour mieux le ramener, et quand il se fatigue, c’est à ce moment qu’il faut le ramener tout en s’assurant qu’il ne passe pas sous le bateau, mais il ne faut pas lui laisser trop de lousse parce que c’est dans ces moments-là qu’il peut se débattre et décrocher, alors faut être attentif», a résumé Sarah Landry qui était accompagnée de son père, d’une amie et d’un pêcheur professionnel lors de l’expédition.

Selon la poissonnière de Rimouski, la demande pour le thon rouge, «souvent consommé en tataki ou en tartare», est «très forte depuis quelques années» dans sa région.

Surpêche et quotas pour une espèce menacée

Le statut du thon rouge en tant que poisson de première qualité dans la préparation des sushis et sashimis l’a rendu particulièrement populaire, surtout au Japon. Un gros thon rouge peut facilement produire des centaines de repas.

Mais cette popularité a exercé une pression sur le stock.

Le thon rouge est classé comme espèce en voie de disparition par l’Union internationale pour la conservation de la nature, en raison des années de surpêche.

Les régulateurs internationaux sont toutefois d’avis que l’espèce n’est pas suffisamment en danger pour en interdire la pêche.

Au Québec, une cinquantaine de pêcheurs possèdent un permis pour pêcher le thon rouge.

Les poissonniers, comme Sarah Landry, qui souhaitent acheter ce poisson, peuvent partir en mer avec un titulaire de permis, afin d’en capturer un.

Au Canada, un pêcheur peut sortir un ou deux thons rouges de la mer par année, selon les quotas alloués par Pêches et Océans Canada.

La réémergence du thon rouge dans l’Atlantique suscite des débats parmi les pêcheurs, les défenseurs de l’environnement et les scientifiques quant à savoir jusqu’à quel point ce géant s’est rétabli.

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