Des oursons grizzlis vus pour la première fois sur l’île de Vancouver

Nono Shen, La Presse Canadienne
Des oursons grizzlis vus pour la première fois sur l’île de Vancouver

VANCOUVER — Lorsque la photographe animalière Catherine Babault a capturé des images d’une femelle grizzli avec deux oursons rencontrant un troupeau d’élans sur l’île de Vancouver le mois dernier, elle savait qu’elle avait été témoin de quelque chose de spécial.

«Je me sens très privilégiée — tout le monde n’a pas la chance de voir des grizzlis dans la nature et c’était un moment très rare pour l’île de Vancouver», a-t-elle témoigné.

Non seulement une telle scène est rare, mais la probabilité que les oursons soient nés sur l’île et n’y aient pas nagé pourrait signifier le début d’une population indigène qui pourrait avoir un impact sur l’écosystème de l’île, a avancé Nicholas Scapillati, directeur exécutif de la Grizzly Bear Foundation.

«Ils sont très importants pour l’écosystème, c’est pourquoi nous les appelons des espèces clés», a déclaré M. Scapillati.

Une telle population de grizzlis pourrait être transformatrice, a-t-il ajouté, expliquant qu’ils peuvent manger jusqu’à 200 000 myrtilles par jour et que leurs excréments répandraient des graines lorsqu’ils se promèneraient sur l’île.

«J’aime penser que les grizzlis sont de grands cultivateurs. Ils déterrent le paysage. Ils mangent des baies et déplacent les graines», a illustré M. Scapillati.

Il a ajouté que les forêts de l’île de Vancouver ont été martelées pendant des générations par l’exploitation forestière industrielle.

«Ces forêts et ces migrations de saumons tentent de se rétablir, donc un grizzli ne se contentera pas de disperser des graines, comme les ours noirs, il entraînera également plus de saumons hors des rivières et dans la forêt, ce qui constitue essentiellement de l’engrais», a précisé M. Scapillati. Cela pourrait aider les arbres à devenir plus grands et plus forts.

M. Scapillati a indiqué que les grizzlis qui apparaissent occasionnellement sur l’île de Vancouver sont généralement des adultes qui nagent jusqu’à l’île. Mais les oursons documentés par Mme Babault sont les premiers à avoir été vus sur l’île de Vancouver et y seraient nés cet hiver.

 Ils sont si petits qu’ils n’auraient pas pu traverser à la nage depuis le continent, en sautant d’île en île dans les eaux dangereuses du détroit de Johnstone», a estimé M. Scapillati.

Ce que l’on ne sait pas, c’est si leur mère a été fécondée sur l’île ou sur le continent.

Les femelles grizzlis peuvent retarder l’implantation d’un œuf fécondé. Elles peuvent s’accoupler au printemps, puis retarder l’implantation pour donner naissance dans leur tanière pendant l’hiver.

Lors de la rencontre dont Mme Babault a été témoin au début du mois de juillet, un groupe d’élans de Roosevelt s’est dirigé vers la mère grizzli et ses deux petits.

«J’étais un peu inquiète de ce qui allait se passer ensuite, car les wapitis de Roosevelt étaient plus nombreux que les grizzlis (et) ils ont commencé à courir vers les grizzlis», a rapporté la photographe.

Finalement, les ours se sont éloignés des wapitis.

Mme Babault ne révélera pas l’endroit exact de l’observation pour protéger la famille des autres personnes espérant les voir.

«Veuillez garder une distance respectueuse avec la faune. Ne les dérangez pas dans leur routine. Si vous voulez prendre des photos, faites-le de manière sûre pour vous et (d’une) manière sûre pour la faune», a prévenu Mme Babault.

M. Scapillati a fait écho à cette inquiétude et a affirmé que personne ne veut une rencontre avec les ours qui tourne mal et aboutit à ce que les ours soient «mortellement éliminés».

«Nous voulons les voir vivre une longue et merveilleuse vie afin que les gens puissent profiter des grizzlis, et c’est donc vraiment à nous de les protéger.»

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