Les impacts d’un arrêt de travail imminent au CN et au CPKC

Morgan Lowrie, La Presse Canadienne
Les impacts d’un arrêt de travail imminent au CN et au CPKC

MONTRÉAL — Un arrêt de travail imminent dans les deux plus grandes sociétés ferroviaires du Canada pourrait avoir des répercussions à grande échelle, notamment sur des déplacements quotidiens et le transport du grain et du carburant.

Si aucune entente n’est conclue, les services ferroviaires de la Compagnie des chemins de fer nationaux du Canada (CN) et du Canadien Pacifique Kansas City (CPKC) pourraient être interrompus jeudi à 00 h 01, ce qui a été décrit comme un arrêt de travail simultané sans précédent dans les plus grandes sociétés ferroviaires du pays.

Voici quelques-uns des effets potentiels:

Transport en commun

Les autorités du transport en commun affirment que certaines lignes qui circulent sur les voies du CPKC à Toronto, Montréal et Vancouver seront suspendues si les répartiteurs et autres travailleurs quittent le travail, obligeant quelque 32 000 usagers à trouver d’autres itinéraires pour se rendre au bureau.

Environ 21 000 d’entre eux se trouvent dans la région de Montréal, où le réseau Exo demande aux clients des lignes Candiac, Saint-Jérôme et Vaudreuil/Hudson de chercher un autre moyen de transport.

Les autres lignes de transport en commun touchées par l’arrêt de travail potentiel sont le West Coast Express de TransLink dans la région de Vancouver, la ligne Milton de Metrolinx et la gare GO d’Hamilton de la ligne Lakeshore dans la région du Grand Toronto.

Ports

Si les ports canadiens ne disposent pas d’un moyen de faire circuler le fret par train, ils peuvent s’attendre à des retards et à des ralentissements à mesure que les conteneurs s’accumulent.

Le port de Vancouver, où les deux tiers du fret arrivent ou partent par train, a déclaré qu’il s’attendait à des perturbations dans le transport des céréales, de la potasse, du charbon et d’autres marchandises. Le port a affirmé cette semaine qu’il s’attendait à une augmentation du trafic aux mouillages du port de Vancouver et autour des îles du sud du golfe, et a demandé aux navires en route vers Vancouver de ralentir afin de limiter la congestion.

L’Administration portuaire de Montréal a déclaré qu’elle entendait redoubler d’efforts pour permettre à davantage de camions d’utiliser ses terminaux en cas d’arrêt de travail, mais la porte-parole Mélanie Nadeau a indiqué que certains marchés desservis par Montréal seraient confrontés à des défis majeurs, notamment l’Ontario.

Commerce de détail

Le Conseil canadien du commerce de détail affirme que les plus grandes bannières du pays font souvent entrer des produits d’Asie et d’Europe via les ports de Montréal et de Vancouver. Les arrêts de travail risquent de stopper la circulation des marchandises et des biens de consommation, allant des aliments aux vêtements, en passant par les meubles et même l’électronique, a déclaré la porte-parole du conseil, Michelle Wasylyshen.

La Fédération canadienne de l’entreprise indépendante a également averti que toute perturbation des activités ferroviaires pourrait être «dévastatrice» pour les petites entreprises qui dépendent des services ferroviaires pour envoyer et recevoir des marchandises, et qu’elles pourraient perdre des ventes et des contrats si les articles ne sont pas livrés ou reçus à temps.

Produits de base

Les deux sociétés ferroviaires impliquées dans le conflit de travail transportent des marchandises d’une valeur d’environ 1 milliard $ par jour, allant du blé au bois, en passant par le pétrole et les produits de consommation, selon l’Association des chemins de fer du Canada.

En 2022, quelque 315,7 millions de tonnes de marchandises ont été transportées par chemin de fer, dont 20,9 millions de tonnes de blé, 6,9 millions de tonnes de canola, 48,6 millions de tonnes de charbon et 18,2 millions de tonnes de minerais de fer et de concentrés, a rapporté Statistique Canada. La potasse, les engrais, le bois et les matériaux de construction comme le sable, le gravier, les pierres et la pierre concassée sont d’autres produits très demandés.

Wade Sobkowich, qui dirige la Western Grain Elevator Association, a déclaré qu’il n’y avait «pas de plan B» pour remplacer les 6500 wagons qui transportent du grain en vrac à travers le pays.

Les compagnies ferroviaires ont déjà commencé à refuser les produits périssables des épiceries comme la viande, les frites et les bananes en prévision d’une éventuelle grève, a affirmé Michael Graydon, PDG de Produits alimentaires, de santé et de consommation Canada (FHCP).

Effets internationaux

Les chemins de fer et les groupes d’entreprises aux États-Unis mettent également en garde contre les conséquences d’un arrêt de travail. Les chambres de commerce américaines et canadiennes ont publié une déclaration commune exhortant le gouvernement canadien à intervenir.

Les compagnies de chemin de fer américaines CSX et Norfolk Southern ont fermé leurs portes à la plupart des expéditions transfrontalières, tandis que des géants du transport maritime comme Hapag-Lloyd ont élaboré des «plans d’urgence» et que d’autres réacheminent leurs marchandises.

— Avec des informations de Tara Deschamps à Toronto, Christopher Reynolds à Montréal et Jeremy Simes à Regina.

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