Un ex-ambassadeur des États-Unis met en garde le Canada contre un retour de Trump

Kelly Geraldine Malone, La Presse Canadienne
Un ex-ambassadeur des États-Unis met en garde le Canada contre un retour de Trump

CHICAGO — Un ancien ambassadeur des États-Unis au Canada tire la sonnette d’alarme: une deuxième présidence de Donald Trump pourrait provoquer le chaos chez des Canadiens. Il exhorte les Américains à l’étranger à réaliser que leur vote pourrait s’avérer crucial lors de cette élection présidentielle.

Bruce Heyman, qui a été ambassadeur américain à Ottawa de 2014 à 2017, sous Barack Obama, a lancé une «alerte de tsunami» au Canada: «si Donald Trump est élu président, le Canada court un grand risque».

L’avertissement de M. Heyman a été lancé en marge de la convention nationale démocrate à Chicago, où des milliers de militants du parti se sont rassemblés pour soutenir Kamala Harris et profiter de l’enthousiasme grandissant autour de la vice-présidente américaine, depuis qu’elle a pris le relais en tant que candidate pressentie à l’élection du 5 novembre.

L’enthousiasme, bien que palpable dans les couloirs de la convention, ne garantit pas une victoire démocrate en novembre et M. Heyman affirme qu’il est essentiel que les expatriés américains dans le monde entier s’assurent que leur vote compte. Il souligne qu’au moins 6,5 millions d’électeurs américains admissibles résident à l’étranger, principalement au Canada et au Mexique.

M. Heyman soutient que lors de l’élection du président Joe Biden en 2020, les votes de ces expatriés ont joué un rôle important dans les États clés. L’ancien ambassadeur a expliqué qu’une grande partie de ce soutien a été renforcée par un site web et des actions de sensibilisation ciblant les électeurs américains à l’étranger.

Ces efforts ont permis d’augmenter le nombre de votes des Américains ailleurs dans le monde de plus de 73 % en 2020 par rapport à 2016, et la moitié de ces votes ont été enregistrés dans les États clés.

«Américains au Canada: vous pouvez participer à la décision de savoir qui remportera l’élection aux États-Unis», a déclaré M. Heyman mercredi.

Des impacts à la frontière pour le Canada

Mme Harris devrait accepter officiellement la nomination du parti jeudi et prononcer un discours qui la présentera officiellement comme le choix des démocrates pour la présidentielle. Le thème de la journée est «Pour notre avenir».

Or, l’ancien ambassadeur Heyman croit que l’élection pourrait également s’avérer cruciale pour l’avenir des Canadiens. M. Heyman, qui a été nommé par Barack Obama en 2014, a acquis une réputation pour avoir renforcé les liens entre les États-Unis et le Canada, aussi bien avec le conservateur Stephen Harper que le libéral Justin Trudeau.

M. Heyman a quitté ses fonctions lorsque M. Trump est devenu président, mais il est resté lié au Canada, écrivant même un livre sur ses expériences avec la diplomatie canadienne. Lui et sa femme Vicki ont depuis soutenu les campagnes démocrates.

La première administration Trump s’est avérée tumultueuse pour le Canada, a-t-il rappelé, avec des politiques qui affectaient plus que le commerce.

Des milliers de personnes aux États-Unis, effrayées par les rumeurs d’expulsion, ont commencé à entrer au Canada en dehors des postes frontaliers habituels.

Or, M. Trump a promis d’expulser 11 millions d’immigrants sans papiers s’il obtient un second mandat. M. Heyman pense que les gens, une fois de plus motivés par la peur, pourraient commencer à fuir vers le nord en nombre encore plus élevé. «Je ne crois pas que le Canada y soit préparé», a-t-il déclaré.

Par ailleurs, si l’interdiction de l’avortement se répand dans les États américains, les gens pourraient se tourner vers le Canada pour obtenir l’intervention, a prévenu M. Heyman. Et si M. Trump réduit ses politiques environnementales, cela pourrait affecter les investissements du Canada dans les technologies vertes, a-t-il ajouté.

Enfin, si une administration Trump supprime le soutien américain à l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN) et d’autres alliances, la stature du Canada dans le monde diminuerait, comme celle des États-Unis, a déclaré M. Heyman.

Il a ajouté que le Canada devrait probablement accélérer ses engagements de financement militaire pour éviter la colère de M. Trump. Le premier ministre Trudeau a déclaré le mois dernier que le Canada s’attendait à atteindre l’objectif de l’OTAN de 2 % du produit intérieur brut pour la défense d’ici 2032.

Le programme du Parti républicain laisse entrevoir de nouvelles politiques protectionnistes, et M. Trump a fait part de son intention d’imposer un tarif douanier de 10 % sur les importations.

«Je pense que pour le Canada, l’administration Trump est un risque élevé, s’il met en œuvre les politiques qu’il dit vouloir mettre en œuvre», a soutenu M. Heyman.

«Et le plus grand risque pour le Canada est qu’il le fasse d’un seul coup, comme une tactique d’offensive groupée pour attaquer les démocrates.»

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