Crise du logement: appel d’offres pour 500 logements préfabriqués

Patrice Bergeron, La Presse Canadienne
Crise du logement: appel d’offres pour 500 logements préfabriqués

QUÉBEC — Le gouvernement caquiste a présenté jeudi sa stratégie pour résorber la crise du logement, mais sans nouveau financement.

L’opposition, les municipalités et les organismes de défense des locataires n’ont pas tardé à déplorer le manque de mesures concrètes.

Québec devrait lancer bientôt un premier appel d’offres pour la réalisation de 500 unités de logement abordable préfabriquées, énonce la stratégie.

Rappelons que le gouvernement Legault a maintes fois été critiqué pour avoir d’abord nié la crise du logement, puis pour avoir tardé à agir en conséquence.

Il faudra construire au moins 560 000 nouvelles habitations d’ici à 2034 pour répondre à la demande, a indiqué la ministre de l’Habitation, France-Élaine Duranceau, en conférence de presse à Trois-Rivières.

«La crise du logement est importante depuis plusieurs années, l’offre est insuffisante», a-t-elle reconnu, en évoquant notamment une immigration massive.

«La demande s’est amplifiée, entre autres avec l’arrivée massive de demandeurs d’asile sur notre territoire.»

La CAQ s’engage à livrer 23 000 logements sociaux et abordables au cours des prochaines années, or il faudra attendre la conclusion d’une entente avec le gouvernement fédéral pour que d’autres unités soient annoncées, mais les discussions «avancent», a laissé entendre la ministre.

Environ 3,7 milliards $ devraient être investis dans les cinq prochaines années pour rendre le logement plus abordable et aider les ménages dans le besoin, sur les 6,3 milliards $ d’investissements prévus par la CAQ depuis 2018.

Questionnée à savoir pourquoi le dévoilement de la stratégie n’était pas assorti d’une annonce de financement, la ministre a fait valoir que les enveloppes en matière d’habitation sont annoncées lors des budgets et des mises à jour budgétaires.

Le document ouvre la porte à «diversifier les modes de financement», a évoqué Mme Duranceau, sans préciser davantage: elle a fait savoir que d’autres annonces auront lieu dans les prochaines semaines.

Les nouvelles règles mettent notamment l’accent sur les technologies, la productivité et la réduction des délais pour accélérer la construction des habitations.

«On est déterminés (…) à retrouver le chemin de l’abordabilité», a plaidé la ministre.

Un chemin qui pourrait être long et difficile: le prix moyen d’une maison unifamiliale sur le marché de la revente a fait un bond de 50,6 % de 2019 à 2023, souligne la stratégie.

En outre, le loyer moyen des unités de deux chambres à coucher qui ont accueilli de nouveaux locataires en 2023 était en hausse de 17,4 % par rapport à 2022, peut-on lire. Le taux d’inoccupation des logements locatifs s’établissait à 1,3 % en 2023.

Des critiques

Les partis d’opposition, l’Union des municipalités du Québec (UMQ) et le Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU) ont rapidement taxé la nouvelle stratégie d’insuffisante.

Les municipalités, qui sont un partenaire essentiel du gouvernement dans la construction de logements sociaux, estiment qu’on leur en demande trop.

«Cette stratégie est sans cible claire, sans moyen additionnel et repose essentiellement sur les municipalités pour sortir de la crise de l’habitation», peut-on lire dans un communiqué.

«Les municipalités s’attendaient à des mesures plus ambitieuses et concrètes de la part du gouvernement pour régler la crise de l’habitation au Québec», a affirmé le président de l’UMQ, Martin Damphousse.

Le FRAPRU déplore que la stratégie se concentre sur l’offre de logements sans égard à leur prix et exige une cible de nouveaux logements sociaux dans les 560 000 logements à construire d’ici 2034.

L’organisme demande que la part du logement sans but lucratif dans le parc locatif passe de 10,5 % à 20 %.

La porte-parole du Parti libéral (PLQ) en matière d’habitation, Virginie Dufour, a écrit que la stratégie est une «déception», puisqu’il s’agit d’un «recyclage d’annonces passées».

Elle regrette qu’il n’y ait «pas d’argent neuf» et «aucune mesure fiscale» pour stimuler le marché privé.

«La CAQ espère régler la crise du logement avec une annonce sans nouveautés qui ne tient pas compte de l’ampleur de la crise, et ce, sans cibles ni investissements additionnels pour le logement social», a pour sa part dénoncé le député Andrès Fontecilla, de Québec solidaire (QS).

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