La fin du recours aux agences privées en santé repoussée dans certaines régions

Katrine Desautels, La Presse Canadienne
La fin du recours aux agences privées en santé repoussée dans certaines régions

MONTRÉAL — La fin du recours aux agences privées en santé, qui devait s’appliquer cet autonome, est reportée au printemps prochain pour les territoires situés dans les centres urbains, a annoncé jeudi après-midi le cabinet du ministre de la Santé, Christian Dubé.

Plus précisément, la nouvelle date d’application de l’interdiction définitive du recours aux agences privées pour les établissements de santé situés dans les territoires urbains est remise à la fin mars 2025, alors qu’elle était initialement fixée au 20 octobre 2024.

Les territoires urbains désignés par le report concernent les régions de la Capitale-Nationale, Montréal, Chaudière-Appalaches, Laval et la Montérégie.

La semaine dernière, la Fédération des médecins spécialistes du Québec (FMSQ), qui représente 10 000 médecins spécialistes, avait demandé de repousser la date butoir sans quoi des bris de services étaient inévitables, même à Montréal, affirmait le syndicat.

Sur la plateforme X, le Dr Vincent Oliva, président de la FMSQ, a salué la décision du ministre Dubé. «Cela va dans le sens de ce que nous demandions et démontre l’importance de consulter les soignants qui connaissent la réalité du terrain et pour qui la sécurité et l’accès aux soins sont prioritaires.»

Le Collège des médecins du Québec (CMQ) a également réagi à la nouvelle. Il s’est dit satisfait de l’annonce de M. Dubé et estime que ce dernier pourra poursuivre son objectif «tout en introduisant de la souplesse dans les modalités».

«Cela devrait réduire dans certains hôpitaux régionaux les impacts directs sur les patients de la pénurie de personnel, permettre d’assurer une meilleure continuité des soins et donner du répit aux soignants», a écrit le CMQ sur X.

Les partis d’opposition mécontents

Pour les autres régions, la date limite demeure inchangée. La fin du recours aux agences privées est établie au 18 octobre 2026 pour le Bas-Saint-Laurent, l’Outaouais, l’Abitibi-Témiscamingue, la Côte-Nord, le Nord-du-Québec, la Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine et le Nunavik.

L’échéance est le 19 octobre 2025 pour le Saguenay-Lac-Saint-Jean, la Mauricie et le Centre-du-Québec ainsi que l’Estrie, Lanaudière et les Laurentides.

Joël Arseneau, porte-parole du Parti québécois en matière de santé et député Îles-de-la-Madeleine, a déploré le manque de considération pour les autres régions. «Ce recul face aux agences était prévisible, mais ne fait que repousser le problème. Encore une fois, le ministre s’occupe des grands centres, mais ne fait rien pour les régions éloignées comme la Côte-Nord où son équipe volante n’est toujours pas déployée», a-t-il déclaré sur X.

Le porte-parole de Québec solidaire en matière de santé, Vincent Marissal, s’est également montré critique à l’égard de la décision de M. Dubé. «Il est urgent de se débarrasser des agences, mais cela n’est possible que si les infirmières reviennent au public. Non seulement la CAQ échoue à cette tâche mais elle continue de développer le privé. On avance par en arrière!», a dénoncé M. Marissal sur X.

«L’objectif de mettre fin aux agences demeure le même, mais la situation ne le permet pas actuellement», souligne-t-on dans le communiqué du cabinet du ministre de la Santé.

Il a fait savoir que jusqu’à présent cette année, plus de 3800 personnes en provenance des agences privées ont été embauchées dans le réseau public. Selon le cabinet, le report de six mois permettra de recruter davantage de personnel pour renforcer le réseau public et de donner plus de temps à la nouvelle agence Santé Québec de s’organiser.

«Nous trouvons important d’être à l’écoute du personnel sur le terrain et de nos partenaires qui nous demandent de faire preuve de souplesse pour assurer une transformation mieux coordonnée. Nous nous adaptons, pour les patients, les patientes et le personnel. C’est la bonne chose à faire. Nous poursuivons notre objectif, tout en continuant d’offrir des soins sécuritaires à la population», a déclaré dans un communiqué M. Dubé.

Par ailleurs, les milieux de vie bénéficieront également d’un assouplissement. Ces types d’établissements «doivent avoir des seuils minimaux de personnel en place et dépendent plus fortement de la main-d’œuvre indépendante». Pour leur donner un peu plus de temps, le gouvernement reporte la date de l’interdiction du recours aux agences privées du 20 octobre 2024 au 19 octobre 2025 (pour les territoires urbains). Cela touche les établissements privés conventionnés et non conventionnés, les résidences privées pour aînés et les résidences intermédiaires situées en territoire urbain.

Le contenu en santé de La Presse Canadienne obtient du financement grâce à un partenariat avec l’Association médicale canadienne. La Presse Canadienne est l’unique responsable des choix éditoriaux.

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