Un petit fruit révolutionne le traitement de la maladie de foie gras non alcoolique

Katrine Desautels, La Presse Canadienne
Un petit fruit révolutionne le traitement de la maladie de foie gras non alcoolique

MONTRÉAL — Un petit fruit rouge exotique pourrait faire une grande différence dans la vie des sept millions de Canadiens qui sont atteints de la maladie du foie gras non alcoolique. Des chercheurs de l’Université Laval ont découvert que le camu-camu permet de réduire la quantité de lipides dans le foie.

Le camu-camu est un fruit exotique qui pousse en Amazonie. Ce fruit frais ne se retrouve pas au Québec, mais les capsules qui contiennent de l’extrait de camu-camu sont facilement repérables en pharmacie.

Pour les gens qui souffrent de la stéatose hépatique non alcoolique, leur foie accumule beaucoup de graisse. Malheureusement, il existe très peu d’options thérapeutiques pour traiter cette maladie.

Manger moins de sucre est de mise pour diminuer l’accumulation de graisse dans le foie parce que les sucres simples comme le fructose sont transformés en lipides dans le foie.

«On pense que cette étude est importante parce que c’est la première fois qu’on voit qu’un produit de santé naturel — des capsules de camu-camu qui sont un extrait du fruit sont capables d’améliorer la santé hépatique chez des gens qui ont déjà une santé hépatique altérée», a déclaré en entrevue le Dr André Marette qui a mené l’étude et qui est professeur titulaire à la Faculté de médecine de l’Université Laval.

Il était déjà connu que les polyphénols dans les fruits ont des propriétés anti-inflammatoires. Dans une recherche précédente, Dr Marette et son équipe avaient démontré le potentiel de certains fruits (dont le camu-camu) pour réduire le liquide hépatique chez les animaux. Quelques années plus tard, la théorie a été testée sur les humains.

Les résultats de cette étude, qui vient d’être publiée dans la revue Call Reports Medicine, démontrent un écart de 15,85 % des lipides hépatiques chez la trentaine de patients ayant participé à l’étude. Plus précisément, cela diminuait de 7,43 % chez les sujets qui consommaient du camu-camu et augmentait de 8,42 % chez ceux ayant le placébo.

Comment cela fonctionne?

Les polyphénols contenus dans le camu-camu sont métabolisés par le microbiote intestinal. L’un des polyphénols du camu-camu (la castalagine) n’arrive pas à pénétrer la barrière intestinale, mais il peut cependant être métabolisé par de petites bactéries qui vont faire en sorte qu’il soit absorbé dans le sang. «Ces molécules vont ensuite atteindre le foie. Ils sont capables de métaboliser les gouttelettes de lipides ou empêcher leur formation. C’est pour cela que le foie est ainsi »dégraissé»», résume Dr Marette, qui est aussi chercheur à l’Institut universitaire de cardiologie et de pneumologie de Québec – Université Laval (IUCPQ – ULaval).

Ce processus est essentiel, car lorsque cet organe contient trop de gras cela mène à une cirrhose, «une autoroute très rapide pour causer des cancers au niveau de foie», indique le chercheur.

Lorsque la cirrhose hépatique est sévère, il n’y a plus beaucoup de traitement efficace, indique Dr Marette. Souvent, la transplantation d’un nouveau foie est la seule option. Cette alternative n’est pas sûre puisqu’il y a peu de foies disponibles et que le patient peut rejeter l’organe transplanté.

«Si on arrive à bloquer l’accumulation de lipides ou de la réduire de façon substantielle — en plus on sait qu’on a des effets anti-inflammatoires des polyphénols — un foie qui est moins inflammatoire et qui a moins de lipides a moins de chance de développer une cirrhose», explique Dr Marette.

Les participants à l’étude n’avaient pas développé une cirrhose. Ils étaient aux premiers stades de la stéatose hépatique non alcoolique. «Déjà, quand on intervient à ce moment, on est capable de renverser la vapeur et de réduire d’un certain pourcentage la quantité de gras en seulement 12 semaines», souligne-t-il.

D’autres fruits contiennent des polyphénols différents comme la canneberge. Dr Marette croit que combiné au camu-camu, leurs effets sur les patients atteints d’une maladie du foie non alcoolique pourraient être renforcés. Cette théorie reste toutefois à confirmer.

Présentement, l’Université Laval recrute des participants pour une étude similaire à plus grande échelle sur les bienfaits des polyphénols végétaux. Les personnes aux prises avec la maladie du foie non alcoolique sont les bienvenues et peuvent contacter l’université.

Le contenu en santé de La Presse Canadienne obtient du financement grâce à un partenariat avec l’Association médicale canadienne. La Presse Canadienne est l’unique responsable des choix éditoriaux.

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