Biden inspire Trudeau, mais pas au point de céder sa place

Michel Saba, La Presse Canadienne
Biden inspire Trudeau, mais pas au point de céder sa place

HALIFAX — Bien que son parti soit largement à la traîne dans les sondages et ait essuyé une défaite historique lors d’une élection partielle, le premier ministre Justin Trudeau n’entend pas céder sa place de chef libéral en s’inspirant du président Joe Biden dont le geste de cet été a permis de donner un nouveau souffle à la campagne démocrate.

«On est en train de faire un travail extrêmement important et j’ai hâte de continuer à présenter un choix positif aux Canadiens. (…) Les États-Unis, c’est un pays très différent du Canada. La dynamique politique est différente, là. On est à plus qu’un an des élections ici au Canada», a répondu M. Trudeau lors d’un point de presse en marge de la deuxième journée de la retraite de son cabinet à Halifax, en Nouvelle-Écosse, qui vise à préparer la session parlementaire.

La question a eu beau lui être posée de toutes les manières, M. Trudeau, qui note avoir «beaucoup de respect» pour Joe Biden, répondait inlassablement qu’il se concentre sur ce dont les Canadiens qu’il a rencontrés durant l’été lui ont fait part, soit comment le gouvernement va les aider et contribuer à améliorer leur sort.

«Je comprends que vous aimez bien parler politique. Les Canadiens, ça ne les intéresse pas tellement de parler politique», a-t-il lâché en cours de route lors d’une relance. M. Trudeau a ensuite continué de traiter des politiques de son gouvernement. Il a notamment vanté les investissements dans les services de garde, dans les soins de santé et afin d’attirer des entreprises et des «jobs» au pays.

Au sud de la frontière, la décision du président Joe Biden de quitter la course à la présidence a apporté une soudaine poussée d’énergie et d’élan aux démocrates, y compris dans les sondages d’intentions de vote.

Depuis, sa vice-présidente, Kamala Harris, a été investie comme candidate du parti et elle a le vent dans les voiles en promettant «une nouvelle voie pour l’avenir» et en s’appropriant le thème de la liberté face à son adversaire républicain, l’ancien président Donald Trump.

Au pays, les libéraux accusent depuis plus d’un an un immense retard d’environ 20 points dans les intentions de vote par rapport aux conservateurs de Pierre Poilievre. Les prochaines élections fédérales doivent avoir lieu d’ici le 20 octobre 2025.

Dans les rangs libéraux, les appels à ce que M. Trudeau cède sa place se sont multipliés dans les derniers mois après que les troupes eurent perdu un siège à Toronto lors d’une élection partielle. La circonscription était peinte en rouge. Les libéraux la détenaient depuis 30 ans.

Un autre bastion sera mis à l’épreuve alors que les électeurs de la circonscription de LaSalle–Émard–Verdun, à Montréal, seront appelés aux urnes à la mi-septembre et que le Nouveau Parti démocratique y mène une offensive.

L’appui du cabinet

Tour à tour, et sans surprise, plusieurs ministres ont refait leur profession de foi lorsque questionnés par la presse parlementaire lundi.

La vice-première ministre et ministre des Finances, Chrystia Freeland, a ouvert le bal en assurant qu’un changement à la tête du parti ne serait «absolument pas» un bon pari pour les libéraux.

«Nous tous ici avons une énorme confiance dans le premier ministre, a-t-elle dit. Et nous avons confiance en lui comme le chef de notre parti, comme celui qui va nous guider dans la prochaine élection.»

Le ministre de l’Innovation, des Sciences et de l’Industrie, François-Philippe Champagne, a estimé que le gouvernement ne fait pas de l’aveuglement volontaire sur l’humeur des Canadiens. «La réponse concrète, c’est des actes», a-t-il tranché.

La ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly, a réitéré que M. Trudeau a son «appui total». Elle a refusé de dire si elle a l’impression que ce même appui enthousiaste est partagé au sein du caucus, tout comme elle a évité à plusieurs reprises de dire si les libéraux devraient tirer des leçons de la campagne présidentielle américaine.

Pouvez-vous nous faire part de vos réflexions sur l’état du parti et sur ce que vous aimeriez voir pour l’avenir, s’est fait demander le ministre de l’Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté, Marc Miller. «Pas avec vous les gars en public», a-t-il répliqué du tac au tac, tout en reconnaissant que ces discussions doivent se tenir, mais derrière des portes closes.

M. Miller a ensuite attaqué Pierre Poilievre qui «a passé les 20 dernières années à encaisser des chèques du gouvernement du Canada» et qui n’a fait que lancer «des slogans-poubelles».

À quelques pas du Centre des congrès d’Halifax, la cheffe adjointe du Parti conservateur du Canada, Melissa Lantsman, a déclaré à la presse qu’«après neuf ans et de multiples retraites du cabinet, la vie n’est toujours pas abordable pour les Canadiens».

Selon elle, «le seul remaniement ministériel» qui apporterait du changement serait que M. Trudeau quitte.

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