Cancer pédiatrique: un projet sur les saines habitudes de vie s’élargit au Québec

Katrine Desautels, La Presse Canadienne
Cancer pédiatrique: un projet sur les saines habitudes de vie s’élargit au Québec

MONTRÉAL — Les pronostics de cancer pédiatrique se sont grandement améliorés au cours des dernières années, mais les traitements ont des effets indésirables à long terme. Dès cet automne, le projet VIE, qui vise à améliorer la qualité de vie des enfants survivants du cancer à travers de saines habitudes de vie, sera élargi à tous les centres d’oncologie pédiatriques du Québec.

Plus de 80 % des enfants et adolescents atteints d’un cancer peuvent espérer guérir. Néanmoins, les deux tiers des jeunes qui survivent souffriront plus tard des impacts du traitement qu’ils ont reçu. Ce type de traitement assez agressif peut s’échelonner sur deux ans, par exemple, chez ceux atteints de leucémie, la forme la plus fréquente de cancer infantile.

Alors qu’ils sont en pleine croissance, les jeunes peuvent développer plus tard des complications neurocognitives, endocriniennes et cardiométaboliques comme de l’hypertension ou un prédiabète.

«On n’a pas été les premiers à le trouver, mais on a été les premiers à trouver que ça arrivait si jeune. Ces personnes sont à plus grands risques d’avoir différentes complications de santé plus tard dans leur vie parce qu’ils ont été traités pour un cancer quand ils étaient enfants», explique Valérie Marcil, professeure au Département de nutrition de l’Université de Montréal qui a mis sur pied le projet VIE.

Les traitements contre le cancer peuvent amener des changements au niveau du goût ou causer de la malnutrition. Les médicaments peuvent aussi apporter un gain de poids important.

«Ce n’est jamais de la magie les habitudes de vie», convient Mme Marcil. Elle souligne toutefois que les effets secondaires sont aigus et qu’il est difficile de faire l’acquisition de bonnes habitudes de vie durant ce moment difficile de leur vie.

«Ce sont des médicaments ultrapuissants, alors c’est sûr que ce n’est pas en mangeant des pommes qu’on va régler le problème», reconnaît la chercheuse. Elle travaille avec les familles à travers des thérapies et des ateliers de cuisine pour encourager une alimentation équilibrée et pour que le plaisir de manger revienne.

Mme Marcil est persuadée que les interventions axées sur les saines habitudes de vie auront des bienfaits sur la santé cardiométabolique à long terme, ce qu’elle aimerait démontrer dans une future étude.

Un prochain programme pour les adolescents

Le projet VIE a d’abord fait ses preuves au CHU Sainte-Justine, à Montréal. Depuis son lancement en 2018, il a aidé de nombreuses familles à traverser les défis d’un diagnostic de cancer pendant les traitements et après.

Le programme possède trois volets: nutritionnel, activité physique et psychosocial. Au CHU Sainte-Justine, l’équipe multidisciplinaire est composée d’oncologues, physiothérapeutes, kinésiologues, nutritionnistes, ergothérapeutes et travailleurs sociaux.

Le volet psychosocial prend la forme d’une thérapie axée sur la résolution de problèmes. Elle se déroule avec l’enfant et les parents dans une période où ils peuvent avoir l’impression de perdre le contrôle, indique Mme Marcil.

Pour l’aspect de l’activité physique, le but est d’accompagner des patients qui n’ont pas nécessairement une condition sévère. «Les cancers »faciles» sont souvent laissés de côté», affirme Mme Marcil. Les jeunes qui subissent une chirurgie ou une amputation seront pris en charge, «mais quelqu’un pour qui ça va bien, on aura plus tendance à les oublier, mais ils sont quand même à risque de développer des complications à plus long terme».

Le projet VIE est présentement en train d’être construit avec les autres centres pour qu’ils adaptent le programme à leurs spécificités. Il sera disponible cet autonome au CHU de Québec−Université Laval, au CHU de Sherbrooke et à l’Hôpital de Montréal pour enfants.

Pour l’instant, les familles sont suivies pendant une année, mais Mme Marcil rêve de suivre les familles ponctuellement sur une plus longue période.

Au CHU Sainte-Justine, un projet similaire est aussi en train d’être développé pour les adolescents. Mme Marcil explique que les adolescents sont rarement intéressés par les interventions en famille. «Non seulement ils répondent moins bien à des interventions plus destinées aux familles, mais ils sont plus affectés que ceux qui ont été traités plus jeunes. Quand on est traité à l’adolescence, ça affecte encore plus notre santé cardiométabolique», soutient la professeure.

Le projet pour adolescents est mis sur pieds avec la collaboration d’anciens participants au projet VIE.

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