Les ministres fédéraux se penchent sur le commerce canado-américain à Halifax

Mia Rabson, La Presse Canadienne
Les ministres fédéraux se penchent sur le commerce canado-américain à Halifax

HALIFAX — La nouvelle opération charme du Canada aux États-Unis est «plus pertinente que jamais», a déclaré mardi le ministre de l’Industrie, François-Philippe Champagne, alors que la retraite du cabinet libéral portait sur les relations canado-américaines.

«Les gens qui nous regardent à la maison diraient que beaucoup de choses se sont produites aux États-Unis au cours des derniers mois — et c’est vrai», a-t-il déclaré mardi midi, à mi-parcours de la troisième et dernière journée de cette retraite à Halifax.

«Mais la bonne nouvelle, c’est que la stratégie que nous avons mise de l’avant est très, très pertinente — probablement plus pertinente aujourd’hui que jamais.»

En janvier dernier, face à l’élection présidentielle de novembre et à la possibilité réelle d’une autre présidence de Donald Trump, le premier ministre Justin Trudeau a réactivé la stratégie «Équipe Canada» que son gouvernement avait lancée pendant le premier mandat Trump.

Avec plus de trois millions d’emplois canadiens — environ un sur six — qui dépendent des exportations, et les trois quarts des exportations canadiennes vers les États-Unis, la relation commerciale avec ce pays est essentielle, dans toutes les régions.

Cette «opération charme» a pour objectif de défendre les intérêts canadiens auprès de tous les ordres de gouvernement, ainsi que des chefs d’entreprise et des dirigeants syndicaux. Elle est dirigée par le ministre Champagne, la ministre du Commerce international, Mary Ng, et l’ambassadrice du Canada à Washington, Kirsten Hillman.

Mme Hillman a déclaré que depuis janvier, ce trio avait visité 33 États et rencontré 42 gouverneurs, ainsi que des maires, des sénateurs, des responsables du commerce, des dirigeants d’entreprise et des syndicats.

«Nous devons nous assurer que nous sommes présents et que nous sommes dans l’esprit des législateurs américains de tout le pays et des deux partis lorsqu’ils élaborent leurs politiques», a-t-elle déclaré.

«Peu importe le locataire de la Maison-Blanche»

Lorsque la stratégie a été lancée en janvier, on s’attendait déjà à ce que M. Trump remporte l’investiture républicaine et que le président Joe Biden soit à nouveau le candidat démocrate. L’arrivée en juillet de la vice-présidente Kamala Harris pour le remplacer a donné à son parti une énergie et un élan renouvelés. En moins d’un mois, la candidate démocrate a pris une légère avance sur M. Trump.

L’ambassadrice Hillman assure que la stratégie canadienne fonctionne, peu importe qui occupera la Maison-Blanche. «Je ne pense pas que nous ayons de motifs de nous inquiéter, pour être bien franche, sous l’une ou l’autre administration», a-t-elle déclaré.

Lundi soir, le cabinet libéral a rencontré C.J. Mahoney, l’ancien représentant adjoint au Commerce des États-Unis, qui avait dirigé les négociations sur le nouvel ALENA pour la Maison-Blanche il y a six ans. Les ministres avaient aussi invité Steve Verheul, l’ancien négociateur commercial en chef du Canada, qui avait dirigé ces négociations pour M. Trudeau et les libéraux.

Elle a déclaré que le Canada a un aperçu des positions de Mme Harris grâce à ses discours et Ottawa ne s’attend pas à ce qu’elle s’écarte beaucoup des orientations de Joe Biden.

Même si les libéraux partagent beaucoup de positions idéologiques avec Mme Harris et les démocrates, la relation n’est pas toujours harmonieuse avec Washington.

Au début du mois, la Maison-Blanche a augmenté les tarifs sur le bois d’œuvre résineux, une mesure que conteste le Canada depuis 2017.

Mais M. Trump est imprévisible et son premier mandat a été difficile pour le Canada. Il a forcé une renégociation de l’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA) et imposé en 2018 des sanctions douanières sur l’acier et l’aluminium canadiens, qui ont été en vigueur pendant environ 12 mois.

Le candidat Trump s’est également engagé à imposer une taxe forfaitaire de 10 % à la frontière pour tous les biens importés.

«Je pense que le candidat Trump a des idées sur les tarifs mondiaux qui pourraient être compliquées pour le Canada», admet Mme Hillman.

«Mais je pense aussi que l’application de ces tarifs au Canada sera très difficile pour les États-Unis. Et donc, lorsque nous entamerons cette discussion, si jamais elle a lieu s’il est élu et que nous y participons, je suis convaincu que nous allons nous en sortir d’une manière qui fonctionne pour le Canada.»

Le ministre Champagne a déclaré de son côté que la sécurité, les chaînes d’approvisionnement et la croissance économique sont les trois piliers de l’approche d’Équipe Canada.

Mais il a évité de répondre lorsqu’on lui a demandé quelle pression il subissait de la part des Américains sur la confiance dans la chaîne d’approvisionnement, avec de nombreuses perturbations au Canada ces dernières années, notamment les grèves dans les ports, les blocus frontaliers du «convoi de la liberté» en 2022 et l’arrêt de travail, la semaine dernière, aux deux grandes sociétés de chemins de fer.

Au lieu de cela, M. Champagne a longuement évoqué les produits que le Canada possède et dont les États-Unis ont besoin, comme le cobalt, le graphite et le titane.

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