Incendies de 2023: les T.N.-O. ont manqué de pompiers, d’équipement et d’information

Bob Weber, La Presse Canadienne
Incendies de 2023: les T.N.-O. ont manqué de pompiers, d’équipement et d’information

EDMONTON — Un nouveau rapport indique que la saison catastrophique des incendies de forêt de l’année dernière a mis en lumière le manque de pompiers, d’équipement, d’information et de communications aux Territoires du Nord-Ouest.

Le ministre de l’Environnement du territoire a affirmé que les défis auxquels son gouvernement était confronté devraient servir d’avertissement à toutes les juridictions du Canada, dans un contexte de changements climatiques.

«La capacité est un défi, a rappelé Jay Macdonald. C’est le message le plus important que le pays doit entendre.»

Les Territoires du Nord-Ouest ont certainement été mis à l’épreuve en 2023.

Le rapport du cabinet de conseil MNP, rendu public mercredi, a recensé 306 incendies au cours de la saison qui ont ravagé 34 000 kilomètres carrés, forcé l’évacuation de 19 communautés, dont la capitale territoriale de Yellowknife, et tué un pompier.

Le rapport indique que les incendies, aggravés par deux années de sécheresse et de températures élevées, ont mis à rude épreuve presque tous les aspects de la capacité d’intervention du territoire.

Manque d’effectifs et de formation

Après trois décennies de réduction des effectifs, le rapport indique que les effectifs de lutte contre les incendies des T.N.-O. sont insuffisants et qu’il faudrait au moins deux équipes supplémentaires de 22 membres. Le manque de personnel a forcé certaines équipes à travailler plus que les 14 jours obligatoires sans repos.

De plus, l’enquête souligne que le premier incendie du territoire a éclaté cinq jours avant le début de la formation des pompiers.

«(Cela) a entraîné le déploiement d’équipes non formées et le retrait d’équipes déjà formées du service actif», indique le rapport.

Trop peu de personnes ont été formées pour utiliser le modèle de prévision du comportement des incendies des T.N.-O. Les données de base sur la topographie, la composition de la forêt et les charges de combustible manquaient.

«Les données globales disponibles dans les T.N.-O. ne sont pas aussi détaillées que celles d’autres territoires, relève le rapport. Cela a eu un impact sur la précision de la modélisation des incendies de forêt.»

Comme d’autres juridictions canadiennes, les T.N.-O. ont demandé l’aide de l’armée. Bien que le rapport qualifie cette aide d’«essentielle», il rappelle que le rôle de l’armée devrait se limiter au nettoyage, à la patrouille des points chauds, au déplacement de l’équipement et au débroussaillage.

«Les équipages militaires manquent de formation sur les tactiques de lutte contre les incendies de forêt, ce qui limite leur efficacité opérationnelle, indique le document. Cela contraste avec le niveau de soutien logistique et de planification nécessaire pour déployer les équipages militaires.»

Problèmes d’équipement

Le rapport révèle également que les aéronefs étaient rares et parfois mal utilisés.

«Des difficultés ont été rencontrées pour faire correspondre le type d’aéronef aux besoins, des aéronefs inadéquats étant souvent envoyés pour les tâches requises.»

Il s’est avéré difficile de faire parvenir le bon équipement au bon endroit, car le personnel gouvernemental avait du mal à utiliser un logiciel de gestion de l’équipement. La communication et le commandement étaient confus, car des questions se posaient sur qui était responsable de quoi.

Nouvelle norme

M. Macdonald a déclaré que la saison des incendies de forêt de 2023 a été la plus difficile de l’histoire du territoire.

«Cela a mis à l’épreuve notre détermination, notre préparation et nos stratégies», a-t-il témoigné.

En réponse aux 25 recommandations du rapport, il a déclaré que le gouvernement avait déjà engagé deux nouvelles équipes de lutte contre les incendies, qui ont été mises en action cette saison. De nouvelles stations météorologiques ont été installées et leurs opérations sont assurées toute l’année.

Le gouvernement travaille avec des organismes tels que le Service canadien des forêts pour améliorer sa compréhension de la composition et de la vulnérabilité des forêts, a déclaré Mike Gravel, directeur de la gestion forestière du territoire.

«Comprendre les combustibles avant un incendie joue un rôle essentiel, a-t-il déclaré. Ce n’est pas une solution miracle.»

M. Macdonald a affirmé que les changements climatiques font en sorte que des saisons d’incendies comme celle de 2023 deviennent la nouvelle norme en matière de préparation aux incendies de forêt et que les gouvernements doivent en tenir compte. Les cicatrices des incendies de l’été dernier persistent à la fois sur le paysage et chez les habitants du Nord, a-t-il déclaré.

«L’impact à long terme est l’impact sur la terre, a déclaré M. Macdonald. Beaucoup de grandes zones boisées que nous traversions autrefois n’existent plus, et cela a des répercussions dans tout le territoire des Territoires du Nord-Ouest.»

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