Aucune preuve que les conservateurs étaient derrière une campagne de robots

Mickey Djuric, La Presse Canadienne
Aucune preuve que les conservateurs étaient derrière une campagne de robots

OTTAWA — Il n’existe aucune preuve indiquant que les conservateurs fédéraux étaient derrière un réseau de robots sur les médias sociaux ayant fait l’éloge d’un rassemblement de Pierre Poilievre, selon une nouvelle étude.

Le Réseau canadien de recherche sur les médias numériques a lancé une enquête après que des centaines de comptes X ont publié des messages sur le rassemblement du chef conservateur en juillet à Kirkland Lake, en Ontario, utilisant tous le même langage, avec des expressions comme «bourdonnant d’énergie» et «en tant qu’Ontarien du nord».

Le fait que les messages étaient si similaires a immédiatement soulevé des questions sur qui était derrière le réseau de robots, le NPD et les libéraux montrant du doigt les conservateurs. De son côté, le Parti conservateur a nié toute implication.

«Malgré ces spéculations importantes et les accusations associées, nous ne trouvons aucune preuve indiquant qu’un parti politique ou une entité étrangère a utilisé ce réseau de robots à des fins politiques», a affirmé Aengus Bridgman, directeur du Media Ecosystem Observatory et contributeur du rapport publié mercredi.

Les chercheurs ont plutôt supposé qu’il s’agissait d’une expérience amateur avec un réseau de robots s’approvisionnant en contenu à partir d’articles d’actualité. La tenue du rassemblement avait été rapportée dans les médias grand public dans les jours précédant les publications de masse.

«Ce n’était pas fait dans l’intention de manipuler, c’était dans l’intention d’expérimenter», a avancé M. Bridgman.

Très peu de Canadiens ont vu les publications originales des robots et le rapport indique que leur impact a été considéré comme insignifiant, mais M. Bridgman a déclaré que le récit sur les robots a été «détourné».

La conversation qui a suivi sur les publications a fini par obtenir des millions de vues sur le réseau social X et des millions d’autres grâce à l’amplification par les médias, montre le rapport.

Beaucoup de ces publications attaquaient le Parti conservateur et M. Poilievre pour avoir tenté d’induire les Canadiens en erreur sur sa popularité.

Accusations sans fondement

«Comme nous l’avons toujours dit, le PCC n’a rien à voir avec cela. Le Parti conservateur n’utilise pas de robots», a réitéré Sarah Fischer, directrice des communications des conservateurs, dans un communiqué mercredi.

«Il aurait été bien que quelqu’un fasse cette recherche avant de répéter aveuglément les accusations sans fondement des libéraux et du NPD.»

Le député du NPD Charlie Angus, qui représente Kirkland Lake, s’est demandé si les conservateurs avaient embauché une firme de robots «offshore» pour «créer une fausse impression d’élan» pour M. Poilievre dans la circonscription du nord de l’Ontario. Les néo-démocrates ont également exigé que le commissaire aux élections enquête sur le Parti conservateur.

Le député libéral Mark Gerretsen a lui aussi accusé les conservateurs, affirmant sans preuve que le parti avait acheté les robots sur les réseaux sociaux.

En réponse à ce rapport, M. Angus a continué d’attaquer les conservateurs, les accusant d’essayer de balayer l’incident sous le tapis. M. Gerretsen n’a pas répondu à une demande de commentaires.

En fin de compte, près de la moitié des Canadiens qui ont entendu parler des robots ont cru qu’un parti politique était à blâmer, et une grande majorité d’entre eux pensaient que c’étaient les actions des conservateurs, selon le rapport.

Des leçons à tirer

M. Bridgman a décrit le discours politique autour de la campagne des robots comme «toxique» et a suggéré que cela serve de leçon pour les futures élections canadiennes.

«Le fait de montrer du doigt sans preuve est en fait assez destructeur et s’inscrit dans cet écosystème d’information hyperpartisan et hyperpolarisé dans lequel nous nous trouvons aujourd’hui au Canada», a-t-il déploré.

La principale preuve qui a conduit les chercheurs à leur conclusion est que de nombreuses nouvelles à partir desquelles les robots créaient du contenu ne concernaient pas le Canada ou ne visaient pas la politique canadienne.

Le deuxième élément était le moment choisi: les messages des robots sont arrivés trois jours après le rassemblement de M. Poilievre, ce qui «est incompatible avec quelqu’un qui essaie de manipuler la politique», a relevé M. Bridgman.

«Mais cela correspond à quelqu’un qui dit «OK, je vais essayer de créer ce système où je peux avoir un réseau de robots commentant les événements d’actualité».»

Les chercheurs pensent qu’il y avait au moins 427 comptes de robots impliqués, mais il aurait pu y en avoir jusqu’à 7000.

M. Bridgman a avancé que la création du réseau de robots a probablement coûté environ 1400 $. Peu de robots sont encore actifs.

«Ce n’est pas une bonne chose qu’un incident comme celui-ci se produise, mais il y a une certaine valeur ici, dans la mesure où cet incident peut jeter beaucoup de lumière sur certaines des nouvelles dynamiques dans les espaces en ligne qui sont potentiellement plus menaçantes que cet incident.»

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