Des «tornades sur l’eau» ont été observées dans l’est du Canada cet été

Morgan Lowrie, La Presse Canadienne
Des «tornades sur l’eau» ont été observées dans l’est du Canada cet été

MONTREAL — Marc-André Bourgeois-Gaudet était dans son bateau au large des Îles-de-la-Madeleine, vendredi dernier, lorsqu’il a vu plusieurs nuages en entonnoir descendre du ciel comme des tornades.

En s’approchant, la pluie a commencé à tomber plus fort que tout ce qu’il n’avait jamais observé. «C’était comme si une cascade me tombait sur la tête», a-t-il témoigné.

Le Northern Tornadoes Project, basé à l’Université Western, a confirmé qu’un certain nombre de trombes marines — également appelées tornades sur l’eau — se sont produites ces derniers jours au Québec et en Nouvelle-Écosse.

Les Îles-de-la-Madeleine et Inverness, en Nouvelle-Écosse, ont signalé le phénomène météorologique le 23 août, tandis qu’un autre s’est formé au-dessus du lac des Deux-Montagnes près de Vaudreuil, à l’ouest de Montréal, deux jours plus tard. Il y en a eu aussi un certain nombre en Ontario en août, la plupart dans la région des Grands Lacs.

David Sills, directeur général du Northern Tornadoes Project, a expliqué qu’une trombe marine est simplement une tornade qui se forme au-dessus de l’eau plutôt que sur terre.

«Une tornade est une colonne d’air en rotation qui s’étend de la partie inférieure du nuage d’orage jusqu’à la surface. Cette surface peut être soit terrestre, soit aquatique», a-t-il précisé.

Impressionnantes, mais moins dangereuses

Les trombes marines ont fait la une des journaux depuis qu’un superyacht a coulé lors d’une tempête au large de la Sicile, la semaine dernière, tuant sept personnes. Les responsables de la protection civile italienne ont avancé que la tempête aurait pu provoquer une trombe marine à l’endroit exact où le Bayesian battant pavillon britannique était amarré.

Bien qu’une trombe marine puisse causer des dommages si elle frappe directement un bateau, M. Sills a indiqué que la plupart sont beaucoup moins destructrices que les tornades terrestres. Il a expliqué que la plupart ont des vitesses de vent comprises entre 90 et 130 kilomètres à l’heure — faibles par rapport aux normes des tornades — et sont classées EF-0.

Comme l’air plus frais au-dessus des lacs tend à réduire l’activité orageuse, «c’est plus l’exception que la règle qu’une forte tornade surgit d’un lac», a-t-il dit. Ce n’est toutefois pas impossible, comme lorsqu’une tornade s’est formée sous forme de trombe marine au-dessus du lac Huron en 2011 avant de frapper Goderich, en Ontario, avec une force F3 destructrice.

Les trombes marines peuvent «certainement couler un bateau», mais la plupart se déplacent suffisamment lentement pour pouvoir être évitées, a mentionné le directeur.

M. Bourgeois-Gaudet, des Îles-de-la-Madeleine, a témoigné qu’il ne s’était jamais senti vraiment en danger lors de sa rencontre rapprochée avec la trombe marine. Il a ajouté que même si l’eau était un peu agitée, le vent n’était jamais assez fort pour risquer de chavirer. «Le plus dur était de voir où j’allais» à cause de la pluie, a-t-il relaté.

Peu ou mal documentées au Québec

M. Sills a déclaré que depuis le début du projet sur les tornades en 2017, ses membres ont documenté environ 15 trombes marines par an. Cette année, on compte déjà 18 événements confirmés ou suspectés, ce qui fait que cette année est légèrement au-dessus de la moyenne jusqu’à présent.

Les trombes marines au Québec ont attiré beaucoup d’attention, probablement parce qu’elles ne sont pas signalées aussi fréquemment que dans la région des Grands Lacs.

M. Sills a indiqué que certaines des trombes marines du Québec de cette année sont les premières à être documentées le long du fleuve Saint-Laurent depuis 2017, mais c’est probablement seulement parce que plus de gens les voient et les documentent, souvent sur les médias sociaux.

«Ces conditions peuvent certainement se produire là-bas, a-t-il observé. Je ne dirais pas que c’est rare, mais simplement mal documenté».

Il a ajouté qu’en raison de l’amélioration des rapports, le nombre de tornades documentées au Canada est passé d’environ 60 par an avant 2017 à près de 100 en moyenne.

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