Le street dance se démocratise au Québec selon le fondateur du festival JOAT

Philémon La Frenière-Prémont, La Presse Canadienne
Le street dance se démocratise au Québec selon le fondateur du festival JOAT

MONTRÉAL — Si le «street dance» rayonne autant de nos jours, ce n’est pas seulement à cause des récents Jeux olympiques de Paris où la discipline était inscrite au programme, c’est aussi grâce à la toute récente confiance des institutions, des conseils et des producteurs envers la discipline, croit le fondateur, directeur général et codirecteur artistique du Festival international de street dance JOAT, qui bat actuellement son plein à Montréal, Handy Hyacinthe, dit «HYA».

Fondé en 2016 afin d’innover et de créer un événement multidisciplinaire, le festival a pris de l’ampleur et occupe dorénavant presque toute la Place des Arts, du 27 août au 2 septembre cette année.

Cela n’est pas dû à une popularité récente du street dance. La communauté est bien établie à Montréal et est très forte depuis les années 1970, affirme M. Hyacinthe. Il n’y a pas de progression récente dans le nombre de pratiquants ou de spectateurs, mais les décideurs du milieu culturel ont davantage confiance en la discipline.

«Je crois que ce n’est pas nécessairement une expansion de la communauté, mais c’est une expansion de la compréhension du street dance par les institutions québécoises», lance M. Hyacinthe.

C’est quoi, le street dance?

Le street dance regroupe plusieurs styles de danse, tous créés aux États-Unis, raconte-t-il. On compte notamment le «breaking», le «hip-hop», le «popping», le «locking» et le «krump». Leurs différences sont dues à leurs villes d’origine et à l’époque à laquelle ils ont été créés. Dans tous les cas, ce sont de jeunes Américains noirs en difficulté qui en ont été les pionniers.

Par exemple, le «popping» a été inventé dans les années 1960 à Oakland, en Californie. Ce style se caractérise par une mécanisation du corps, indique «HYA». «On a l’impression que c’est comme du stop-motion», explique-t-il. La danse a été inventée par de jeunes Noirs, inspirés des films de science-fiction, qui ont commencé à bouger de cette manière à l’époque du mouvement des droits civiques.

«Ce qu’on peut comprendre, c’est que tout dépendamment dans quelle région on est aux États-Unis et [selon] la musique et la polarité sociale, il y a un style qui sera créé.» Le breaking (années 1970) et le hip-hop (années 1980) proviennent pour leur part de New York.

«Les danseurs cherchent à avoir une pratique qui peut les éloigner ou les aider à ne pas penser à la difficulté dans laquelle ils vivent. Et de là, il y a quelque chose qui se crée», dit M, Hyacinthe.

Le Canada, les branches

Le street dance jouit d’une visibilité actuellement, en partie grâce à la médaille d’or du Canadien Philip «Phil Wizard» Kim obtenue aux Jeux olympiques de Paris en «breaking». Tout en profitant de cette récente exposition, il est important de respecter la culture du street dance, affirme M. Hyacinthe, chose que le Canada fait plutôt bien selon lui.

En comparant le street dance à un arbre, il indique que les États-Unis sont les racines, ancrées dans la tradition du mouvement qu’ils ont créé. Le Canada représente les branches. Proche des racines, qu’il respecte, il se permet d’être créatif et de perfectionner les styles.

Le Festival international de street dance JOAT se poursuit jusqu’à lundi. Le public, plutôt jeune et multiculturel, vient s’enjailler, soutient l’organisateur. Plusieurs membres de la communauté internationale sont présents.

«C’est juste super de voir tout le monde qui célèbre le street dance, qui ont de grands sourires, puis qui sont là en train de soit danser, partager, discuter.» Le festival est aussi accueillant pour les néophytes, assure M. Hyacinthe.

L’événement proposait des «battles» de «breaking» et de «hip-hop». Ces duels ressemblent à ceux de l’épreuve de «breaking» aux Jeux olympiques de Paris. Deux danseurs s’affrontent et montrent leurs meilleurs mouvements chacun leur tour. Les juges décident ensuite du vainqueur. D’autres «battles», cette fois de «popping», auront lieu dimanche.

Le groupe de «breaking» The Ruggeds & Ghetto Funk Collective doit se produire dimanche soir au Théâtre Maisonneuve. B-Boy Lee, qui a participé aux Jeux olympiques, est membre du groupe.

Des activités gratuites sont proposées à la Place des Arts et à l’édifice 2-22 dans le quartier des Spectacles, au centre-ville de Montréal.

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