Pierre Fitzgibbon dit quitter la tête haute et avec le sentiment du devoir accompli

Caroline Plante, La Presse Canadienne
Pierre Fitzgibbon dit quitter la tête haute et avec le sentiment du devoir accompli

RIMOUSKI — Le «superministre» Pierre Fitzgibbon a confirmé mercredi son départ de la vie politique — au beau milieu de son mandat — affirmant quitter la tête haute et avec le sentiment du devoir accompli.

«Les résultats sont là, l’économie du Québec va bien (…) et c’est le temps pour moi de passer à autre chose», a-t-il déclaré lors d’un point de presse organisé en marge du caucus de la Coalition avenir Québec (CAQ) à Rimouski.

Après six ans comme ministre de l’Économie, M. Fitzgibbon n’avait plus la motivation pour continuer. «Disons que je sentais un certain déclin, pour aucune raison spécifique», a-t-il expliqué.

«Quand on sent qu’on n’a plus le même enthousiasme malgré les projets super intéressants, bien on se dit: « C’est peut-être le temps de partir et de laisser la place aux autres ».»

Pourtant, a-t-il poursuivi, la politique a été une «aventure extraordinaire», «de loin le meilleur métier que j’ai eu». Il assure partir en bons termes.

«De penser qu’on peut influencer le cours d’une société avec des développements économiques, avec des filières stratégiques, je n’ai pas eu ça beaucoup dans ma vie professionnelle. C’est un métier que j’ai adoré.»

Il aurait préféré rester jusqu’en décembre, et terminer l’étude du projet de loi 69, mais le premier ministre François Legault lui a demandé de partir sans délai pour éviter les distractions.

«Ça devient difficile du côté de la légitimité quand on annonce qu’on s’en va éventuellement. Je n’étais pas confortable avec ça», a ajouté M. Legault lors du point de presse.

Le départ précipité de M. Fitzgibbon, qui était ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie, en plus d’être responsable du Développement économique régional et de la région de Montréal, est un coup dur pour la CAQ.

Il obligera M. Legault à remanier son cabinet et à déclencher une élection complémentaire dans Terrebonne, au moment où le Parti québécois (PQ) de Paul St-Pierre Plamondon mène dans les intentions de vote.

Mercredi, M. Fitzgibbon s’est défendu de briser le contrat moral avec ses électeurs de Terrebonne. «Honnêtement, (après) six ans (consacrés à la politique), je me sens très bien avec moi-même», a-t-il dit.

M. Legault a d’ailleurs abondamment vanté les réalisations de son «génie des transactions financières».

Selon lui, «Pierre a livré la marchandise», en réduisant l’écart de richesse entre le Québec et le reste du Canada, en réformant Investissement Québec et en développant la filière batterie, notamment.

«Quand on va être assis dans nos chaises berçantes dans 10, 20 ans, on va dire: « Wow, la filière batterie au Québec, ça donne des emplois de qualité à nos jeunes »», s’est exclamé M. Legault.

Après son point de presse avec le premier ministre, Pierre Fitzgibbon a tourné les talons et rapidement quitté l’Hôtel Rimouski sans même assister à la réunion du caucus.

L’homme de 69 ans ne sait pas ce que l’avenir lui réserve, mais «il y a deux choses que je ne ferai pas: je ne serai pas lobbyiste (…) et je n’irai pas dans les médias», a-t-il affirmé.

Qui remplacera Fitz?

D’ici là, M. Legault procédera à un «ajustement» ministériel. La personne qui héritera des ministères de l’Économie et de l’Énergie sera assermentée jeudi, à Québec.

L’actuelle ministre de l’Immigration, Christine Fréchette, serait pressentie pour remplacer M. Fitzgibbon.

Interrogé mercredi à savoir s’il aimerait prendre l’Économie, en plus des Finances, comme il l’a déjà fait par le passé, le ministre Eric Girard a été on ne peut plus clair: la tâche serait trop lourde.

«Le budget, la période de janvier à la fin-mars, est plutôt intense. C’est incompatible, a-t-il soutenu. On a une excellente équipe; je pense que d’autres pourront assumer cette fonction avec brio.»

Pour sa part, Christian Dubé, un ancien vice-président de Cascades et de la Caisse de dépôt, a déclaré vouloir poursuivre le travail en Santé.

À l’instar d’Eric Girard, qui a promis de rester en poste afin de redresser les finances publiques, M. Dubé s’est engagé à terminer son mandat. «Je peux signer ça avec mon sang», a-t-il lancé.

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