La télédermatologie est un succès, selon l’AMSDQ, mais l’attente reste un enjeu

Katrine Desautels, La Presse Canadienne
La télédermatologie est un succès, selon l’AMSDQ, mais l’attente reste un enjeu

MONTRÉAL — Depuis qu’elle a été déployée dans toutes les régions du Québec, il y a deux ans, la télédermatologie a permis à des milliers de patients d’avoir une consultation plus rapidement en dermatologie. Cependant, cet outil ne semble pas faire baisser les listes d’attente de manière significative.

La télédermatologie est offerte pour l’instant seulement aux médecins de famille. Lorsqu’ils ont des cas dermatologiques, les médecins inscrits à ce service vont prendre des photos de la lésion de leur patient et remplir un questionnaire pour donner des informations complémentaires au dermatologue.

Selon la gravité du cas, les dermatologues ont jusqu’à deux semaines pour répondre. Ils ont le choix de refuser la requête – le plus souvent cela est dû à une mauvaise qualité de la photo. Ils peuvent aussi demander à voir le patient en personne s’ils jugent par exemple qu’une chirurgie ou une biopsie est nécessaire, mais la majorité du temps cela peut être évité.

La présidente de l’Association des médecins spécialistes dermatologues du Québec (AMSDQ), Dre Catherine Besner Morin, a fait savoir que deux fois sur trois, dans les requêtes de télédermatologie, il n’est pas nécessaire de voir le patient en personne. «Ceci étant dit, on n’a pas de [retour] pour savoir réellement si tout s’est résolu comme on pensait que ça allait se résoudre. Donc, il y a peut-être une proportion de ces gens qui vont finir dans le bureau d’un dermatologue», nuance-t-elle.

La troisième option du dermatologue est de donner au médecin de famille une hypothèse de diagnostic principal et une conduite à suivre, par exemple recommander un certain traitement ou des explications à donner au patient.

Selon Dre Besner Morin, l’atout principal de la télédermatologie est qu’elle permet à des patients habitant dans des régions éloignées ou mal desservies pour cette spécialité de recevoir des soins plus rapidement. Elle-même rend ses services disponibles pour la région Mauricie-Centre-du-Québec pour laquelle il y a beaucoup d’attente, dit-elle.

«Je me dis que chaque consultation que je fais et chaque patient que j’aide, peut-être qu’il aurait attendu pendant des mois, voire des années, avant de voir quelqu’un. J’aide mes collègues dermatologues de cette région en diminuant le fardeau et j’aide les patients qui n’ont pas un bon accès. Je trouve cela très gratifiant de faire de la télédermatologie pour cette région, c’est un peu comme de la redistribution de ressources», témoigne Dre Besner Morin.

En somme, elle estime que la télédermatologie est un succès au Québec, soulignant que la plateforme fonctionne bien et que le nombre de dermatologues inscrits reste stable (on en compte présentement 47).

Il y a également des milliers d’omnipraticiens qui utilisent le service de télédermatologie. Au cours des trois derniers mois, environ 3600 consultations ont été réalisées et l’AMSDQ estime que cela devrait grimper à 15 000 consultations pour l’année à venir.

Cet outil a toutefois ses limites et il ne permet pas de remplacer une consultation en personne. La télédermatologie comporte un risque accru d’erreur de diagnostic et pour cette raison certains dermatologues resteront toujours réticents, selon Dre Besner Morin.

Elle ne pense pas non plus que la télédermatologie fait baisser les longues listes d’attente au Québec. «Quinze mille [consultations], ça semble beaucoup, mais en dermatologie on est la spécialité avec le plus haut nombre de demandes de consultations annuelles nouvelles», indique-t-elle.

L’AMSDQ évalue que dans la dernière année les 200 dermatologues affiliés à la Régie de l’assurance maladie du Québec (RAMQ) ont effectué 270 000 nouvelles consultations en plus de 450 000 suivis.

Soutenir les dermatologues

Pour améliorer l’accès aux dermatologues, il faut impérativement augmenter le nombre de ces professionnels, souligne Dre Besner Morin. «Il faut que nos consultations soient pertinentes. Il faut qu’on ait une première ligne forte pour que quand elle a besoin de notre aide, on nous envoie des consultations qui ont réellement besoin de soins dermatologiques et de notre expertise», ajoute-t-elle.

La présidente de l’AMSDQ ne pense pas que les pistes de solutions pour diminuer les listes d’attente passent par la télédermatologie. Elle voit ce service comme un outil complémentaire. «Ce n’est pas un objet de débit, c’est un objet pour aller prodiguer des soins à des personnes qui auraient eu de la difficulté à recevoir des soins en dermatologie. C’est un outil d’enseignement pour les médecins de famille […] parce qu’on leur offre une rétroaction», explique-t-elle.

Dre Besner Morin souhaite que les dermatologues soient mieux appuyés dans leur pratique. Elle critique notamment l’absence de locaux qui leur sont attribués en milieu hospitalier. De plus, un peu partout dans le réseau de la santé, les dermatologues manquent d’accès aux infirmières et aux secrétaires.

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