Chrystia Freeland s’oppose à la projection d’un film sur les soldats russes au TIFF

Sonja Puzic, La Presse Canadienne
Chrystia Freeland s’oppose à la projection d’un film sur les soldats russes au TIFF

La ministre des Finances, Chrystia Freeland, a dénoncé mardi l’utilisation de fonds publics pour un documentaire sur les soldats russes, quelques heures avant qu’une foule de personnes ne proteste contre sa projection au Festival international du film de Toronto (TIFF).

Mme Freeland a déclaré qu’elle partageait les «graves inquiétudes» soulevées par «Russians at War», un film qui doit faire ses débuts nord-américains au TIFF vendredi.

«Il n’est pas normal que l’argent public canadien finance la projection et la production d’un film comme celui-ci», a déclaré la ministre des Finances lors d’une allocution aux journalistes mardi à Nanaimo, en Colombie-Britannique.

Elle a affirmé que la Russie enfreignait les lois internationales avec son invasion de l’Ukraine et que le Canada en tant que pays devait faire comprendre qu’il n’y avait «aucune équivalence morale» dans cette guerre.

«Les diplomates ukrainiens et la communauté ukraino-canadienne ont exprimé de très graves inquiétudes au sujet de ce film, a déclaré Chrystia Freeland, qui est d’origine ukrainienne. Et je tiens à dire que je partage ces inquiétudes».

Le documentaire, décrit comme un récit de la désillusion des soldats russes face à la guerre en Ukraine, a attiré la colère des responsables ukrainiens et des membres de la communauté ukraino-canadienne qui l’ont qualifié de propagande russe.

Une manifestation organisée par le Congrès ukraino-canadien a vu des dizaines de personnes scander «Honte au TIFF» devant un cinéma du centre-ville de Toronto mardi alors que le film était projeté aux membres de la presse et de l’industrie.

Le consul général d’Ukraine à Toronto a demandé au TIFF de retirer le documentaire de sa programmation, affirmant que le film blanchissait la responsabilité des soldats russes qui commettent des crimes de guerre en Ukraine.

La réalisatrice canado-russe du film, Anastasia Trofimova, a nié les accusations de propagande, affirmant qu’elle et d’autres ont pris de grands risques en filmant sans l’autorisation du gouvernement russe.

«Je veux être claire: cette coproduction Canada-France est un film antiguerre», a-t-elle déclaré dans un communiqué, ajoutant que les actions de la Russie en Ukraine sont injustifiées.

Les porte-parole du festival n’ont pas commenté la lettre du consul général adressée au directeur général du TIFF, Cameron Bailey. Le film doit être projeté vendredi.

Le Festival international du film de Toronto se déroule jusqu’à dimanche.

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