Une Première Nation au Nouveau-Brunswick réclame une «enquête approfondie»

Hina Alam, La Presse Canadienne
Une Première Nation au Nouveau-Brunswick réclame une «enquête approfondie»

FREDERICTON — Une Première Nation du Nouveau-Brunswick réclame une enquête approfondie après qu’un agent de la Gendarmerie royale du Canada (GRC) a abattu un homme autochtone lors d’un récent contrôle de bien-être.

La GRC a confirmé que deux agents ont été dépêchés dimanche dans la Première Nation d’Elsipogtog où ils sont intervenus concernant un homme armé en détresse mentale à son domicile.

Les forces de l’ordre ont déclaré que l’homme a refusé de lâcher son arme et n’a pas voulu coopérer avec les agents.

L’équipe d’intervention en cas d’incident grave, qui enquête sur la fusillade, a affirmé que l’un des agents a utilisé un pistolet paralysant pour maîtriser l’homme, mais que cela n’a pas fonctionné. Elle explique que le deuxième agent lui a tiré dessus avec son arme, le tuant.

Ni’kmaq Notji Apogenmoet, un groupe autochtone local qui aide aux contrôles de santé dans la Première Nation d’Elsipogtog, a identifié la victime comme étant Iggy Dedam.

Dans une déclaration publiée sur les réseaux sociaux, la Première Nation a déclaré qu’elle recueillait toujours des informations.

«Nous faisons tout ce qui est en notre pouvoir pour garantir qu’une enquête approfondie soit menée et que justice soit rendue», indique le communiqué. Pendant ce temps, la chef libérale du Nouveau-Brunswick, Susan Holt, a indiqué dans un message sur les réseaux sociaux qu’elle trouvait inexplicable qu’un contrôle de bien-être se soit terminé par la mort d’un homme.

«Mon cœur est brisé pour la famille de Steve ‘Iggy’ Dedam et la communauté d’Elsipogtog, a-t-elle déclaré. Il est clair que les soutiens en santé mentale dans cette province sont brisés.»

Un porte-parole du Parti progressiste-conservateur au pouvoir dans la province a refusé de commenter.

Jaris Swidrovich, professeur adjoint et responsable de l’engagement autochtone à la faculté de pharmacie Leslie Dan de l’Université de Toronto, a indiqué que la police est généralement appelée pour des contrôles de bien-être parce qu’elle est souvent la seule première intervenante disponible pour répondre aux préoccupations urgentes concernant la sécurité et le bien-être d’une personne.

Les gens ont été socialisés pour impliquer la police lorsque quelque chose semble anormal en raison de leur disponibilité immédiate et de leur rôle de gardiens de la communauté, a-t-il ajouté. Selon lui, la police a également l’autorité légale d’entrer dans une propriété sans mandat si elle croit que quelqu’un est en danger immédiat.

«Et souvent, les gens ne sont même pas au courant des autres alternatives», a affirmé M. Swidrovich.

Un problème déjà relevé

Un rapport sur le racisme systémique dans la police, rédigé en 2021 pour le comité permanent fédéral de la sécurité publique, a révélé que la formation des policiers sur la désescalade est essentielle lorsque les agents répondent aux contrôles de bien-être.

Le rapport a également révélé que de nombreux services de police insistent sur le fait que les agents doivent être les premiers à répondre à une crise de santé mentale ou à demander un contrôle de bien-être, même lorsqu’un travailleur de la santé mentale est disponible et qu’il n’y a aucune menace connue pour la sécurité.

«Cela aggrave souvent davantage la situation et ça a entraîné de nombreux décès, blessures graves et traumatismes», indique le rapport. Il recommande que les professionnels de la santé mentale soient habilités à être les premiers intervenants chaque fois que cela est possible, tout en étant toujours soutenu par la police.

Jaris Swidrovich a acquiescé, ajoutant que les policiers manquent souvent de formation spécialisée pour gérer correctement les crises de santé mentale, et que les attitudes racistes de certains agents peuvent aggraver la situation.

«Parfois, ce biais peut entraîner des réponses plus agressives, ce qui est certainement confirmé par la recherche», a-t-il expliqué.

Ni’kmaq Notji Apogenmoet, qui se décrit comme un groupe de surveillance autochtone pour la Première Nation d’Elsipogtog, a déclaré avoir reçu une lettre de la GRC datant de 2023 confirmant que la force policière travaillera avec le groupe lors des contrôles de bien-être.

Le groupe de surveillance a confirmé sur les réseaux sociaux avoir reçu un appel à l’aide à 23 h 40 dimanche. «Malheureusement pour notre équipe qui a reçu l’appel, la terrible chaîne d’événements qui a coûté la vie à un membre de notre communauté s’est produite et l’équipe a dû faire de son mieux pour gérer la scène», a-t-il ajouté.

La GRC a indiqué qu’elle ne pouvait pas commenter ce qui s’est passé pendant que l’équipe d’intervention en cas d’incident grave enquêtait.

Entre-temps, le député provincial du Parti vert Kevin Arseneau a déclaré que les dirigeants autochtones du Nouveau-Brunswick ont demandé à plusieurs reprises une enquête menée par les Autochtones sur le racisme systémique dans la province. Le gouvernement provincial a rejeté la demande.

«Nous avons une mentalité coloniale en ce qui concerne le système judiciaire et policier», a déclaré Kevin Arseneau, qui représente le district de Kent Nord, qui comprend la Première Nation d’Elsipogtog.

«Ce qu’il faut, c’est que nous écoutions enfin les peuples autochtones.»

Partager cet article
S'inscrire
Me notifier des
guest
0 Commentaires
plus ancien
plus récent plus voté
Inline Feedbacks
Voir tous les commentaires