Air Canada demande au gouvernement d’intervenir pour éviter un arrêt de travail

Ian Bickis, La Presse Canadienne
Air Canada demande au gouvernement d’intervenir pour éviter un arrêt de travail

TORONTO — Air Canada demande au gouvernement fédéral d’être prêt à intervenir dans ses négociations avec ses pilotes, car le temps presse avant une éventuelle fermeture due à un arrêt de travail.

«Les plans de voyage de centaines de milliers de Canadiens sont en jeu, a déclaré Michael Rousseau, président et chef de la direction d’Air Canada, dans un communiqué. Nous prenons toutes les mesures pour atténuer les répercussions, mais c’est un fait que même un bref arrêt de travail à Air Canada pourrait causer une perturbation prolongée des plans de nos clients étant donné la complexité de nos activités à l’échelle mondiale.»

Le porte-parole de la compagnie aérienne, Christophe Hennebelle, a déclaré plus tôt qu’Air Canada était déterminé à négocier, mais qu’il était confronté à des «demandes salariales déraisonnables» de la part du syndicat des pilotes, auxquelles il ne pouvait pas satisfaire.

Si aucune entente n’est conclue, le syndicat ou la compagnie aérienne pourrait diffuser un préavis de grève ou de lock-out de 72 heures dès dimanche, ce qui pourrait mener à un arrêt de travail complet dès le 18 septembre.

M. Hennebelle a affirmé qu’Ottawa devrait être prêt à intervenir pour éviter les perturbations causées par la réduction progressive forcée des activités de la compagnie aérienne.

Dans un communiqué, Air Canada a fait savoir que les deux parties s’étaient entendues de «façon préliminaire» sur 70 % des «plus de 1000 changements» proposés par le syndicat. L’entreprise soutient avoir proposé des hausses de salaires «inédites» que le syndicat a refusées en «s’appuyant publiquement sur des niveaux salariaux observés aux États-Unis».

M. Rousseau a affirmé que la société demeure déterminée à trouver une entente négociée avec l’Association des pilotes de ligne.

Des groupes d’affaires demandent l’arbitrage

Les appels se multiplient pour que le gouvernement intervienne dans les négociations entre les pilotes d’Air Canada et l’entreprise.

De nombreux groupes d’affaires se sont réunis à Ottawa jeudi pour réclamer des mesures – y compris un arbitrage exécutoire – afin d’éviter les perturbations économiques qu’entraînerait une fermeture de la compagnie aérienne.

L’arbitrage «peut aider les parties à parvenir à une résolution fructueuse et à éviter tous les impacts potentiels dont nous sommes ici pour parler aujourd’hui», a déclaré Candace Laing, présidente de la Chambre de commerce du Canada, lors de la conférence de presse.

«Le Canada ne peut pas se permettre une autre perturbation majeure de son réseau de transport. Une interruption de travail chez Air Canada entraînerait des répercussions sur notre économie, du tourisme en passant par les chaînes d’approvisionnement essentielles», a déclaré Goldy Hyder, président et chef de la direction du Conseil canadien des affaires, dans un communiqué.

Le gouvernement fédéral a toutefois déclaré jusqu’à présent qu’il appartenait à la compagnie aérienne et à l’Association des pilotes de ligne de conclure une entente.

«Il n’y a aucune raison pour que ces parties ne parviennent pas à conclure une convention collective», a affirmé le ministre fédéral du Travail, Steven MacKinnon, lors d’une conférence de presse mercredi soir après la retraite du caucus libéral.

Il a indiqué que le gouvernement voit une dynamique positive dans les négociations et que les Canadiens s’attendent à ce que le syndicat et la compagnie aérienne fassent les compromis nécessaires.

«Ces parties ne devraient avoir aucune ambiguïté quant au message que je leur adresse aujourd’hui. Mettez-vous au travail et trouvez un accord.»

Quand on lui a demandé pourquoi la compagnie aérienne ne se contentait pas d’attendre que le gouvernement intervienne comme elle l’avait fait lors des deux fermetures ferroviaires en août, M. MacKinnon a indiqué que ce n’était pas si simple.

«Ce que je dirais, c’est qu’il y a des différences importantes entre ces deux situations et je m’en tiendrai à cela.»

Le NPD et les conservateurs derrière les pilotes

Le chef du Nouveau Parti démocratique (NPD), Jagmeet Singh, a dit jeudi matin que le parti n’appuierait pas les efforts visant à forcer les pilotes à retourner au travail.

«Nous allons envoyer un message clair une fois de plus: nous sommes opposés à ce que Justin Trudeau et les libéraux, ou tout autre gouvernement, interfèrent avec les travailleurs», a lancé M. Singh.

«Si des projets de loi sont proposés sur la législation de retour au travail, nous allons nous y opposer.»

Le chef conservateur Pierre Poilievre a déclaré mercredi qu’Air Canada devrait négocier de bonne foi avec ses pilotes. «Nous soutenons les pilotes et leur droit de se battre pour un accord équitable et de bons salaires.»

Air Canada a déclaré plus tôt cette semaine qu’il était de plus en plus probable qu’il y ait un arrêt de travail, car les pourparlers avec le syndicat sont encore loin d’aboutir.

La compagnie aérienne a toutefois déclaré qu’un accord pourrait encore être conclu si le syndicat modère ses demandes salariales «excessives».

L’Association des pilotes de ligne a affirmé que la cupidité des entreprises retardait les négociations, alors qu’Air Canada continue d’afficher des bénéfices records tout en s’attendant à ce que les pilotes acceptent une rémunération inférieure à celle du marché.

— Avec des dossiers de Jim Bronskill à Ottawa

Entreprise dans cette dépêche: (TSX:AC)

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