Québec réclame de nouveau le départ de la représentante spéciale Amira Elghawaby

Caroline Plante, La Presse Canadienne
Québec réclame de nouveau le départ de la représentante spéciale Amira Elghawaby

QUÉBEC — Québec réclame une fois de plus le départ de la représentante spéciale du Canada chargée de la lutte contre l’islamophobie, Amira Elghawaby.

Cette dernière a fait parvenir une lettre aux collèges et universités le 30 août dernier, leur recommandant d’accroître le nombre de professeurs musulmans, palestiniens et arabes.

Elle affirme que depuis le début du conflit à Gaza, de nombreux établissements d’enseignement supérieur «n’ont pas bien fait les choses».

«Les attaques physiques sur les campus, le profilage racial et les campagnes de salissage en ligne (…) ont contribué à créer un climat dangereux», déplore-t-elle dans sa missive.

«Les campus collégiaux et universitaires doivent demeurer des lieux où le dialogue est encouragé, où chacun se sent en sécurité pour exprimer son point de vue», a-t-elle poursuivi.

Elle recommande que les dirigeants d’établissements soient conseillés «sur les libertés civiles, l’islamophobie et le racisme anti-palestinien».

Mme Elghawaby recommande également de former la «communauté universitaire dans son ensemble sur le racisme anti-palestinien, le racisme antiarabe et l’islamophobie».

«Elle doit démissionner»

Vendredi, la ministre québécoise de l’Enseignement supérieur, Pascale Déry, s’est indignée sur le réseau social X. «Amira Elghawaby doit se mêler de ses affaires», a-t-elle tranché.

«Le simple fait de suggérer l’embauche de professeurs sur la base de la religion va à l’encontre des principes de laïcité, mais aussi des critères liés à l’excellence dans nos établissements.»

Selon Mme Déry, Amira Elghawaby a déjà insulté les Québécois «à plusieurs reprises». En 2019, elle avait affirmé qu’ils semblaient influencés par un «sentiment antimusulman».

«Elle n’a aucune légitimité (pour dire) à nos collèges et universités quoi faire. On le réitère: elle doit démissionner», a insisté la ministre de l’Enseignement supérieur.

Pour leur part, le Parti québécois de Paul St-Pierre Plamondon et le Bloc québécois d’Yves-François Blanchet ont de nouveau réclamé l’abolition pure et simple du poste de Mme Elghawaby.

Encourager le dialogue

Amira Elghawaby, une ancienne journaliste et militante des droits de la personne, a été nommée par le gouvernement fédéral libéral de Justin Trudeau en janvier 2023.

De Sainte-Anne-de-Bellevue, où il tenait une conférence de presse conjointe avec le premier ministre du Québec François Legault, M. Trudeau a déclaré qu’«évidemment, chaque université va faire ses choix».

Il a expliqué que «Mme Elghawaby est une personne qui fait un travail indépendant, qui fait des recommandations et surtout, qui essaie d’encourager le dialogue entre différents groupes».

«Je pense qu’on est en train de vivre (une) montée de tension. En tant que Canadiens, on doit et on peut avoir toutes sortes de conversations qui vont nous rapprocher», a ajouté M. Trudeau.

À ses côtés, M. Legault a dit trouver «totalement inacceptable» l’incursion de Mme Elghawaby dans les champs de compétence du Québec et de ses cégeps et universités.

«Je trouve ça inacceptable que quelqu’un vienne suggérer de favoriser un groupe religieux alors qu’on est dans un état laïc», a déclaré M. Legault.

Patrimoine canadien a indiqué vendredi que Mme Elghawaby n’était pas disponible pour répondre aux questions des journalistes.

Partager cet article
S'inscrire
Me notifier des
guest
0 Commentaires
plus ancien
plus récent plus voté
Inline Feedbacks
Voir tous les commentaires